Malgré les travaux modernes qui l’ont un peu éclairci, c’est
là encore un des chapitres les plus touffus et parfois les plus obscurs de la
pathologie, tant sont nombreuses et diverses les formes qu’on englobe
vulgairement sous ce nom, formes parfois mélangées et intriquées. On les divise
actuellement en deux grandes classes, celles des arthrites et celle des arthroses.
Dans les arthrites, c’est l’élément inflammatoire, pour ne
pas dire infectieux, qui est à l’origine ; elles peuvent succéder — rarement
— à un rhumatisme articulaire aigu ou à des infections les plus diverses,
parmi lesquelles la blennorragie et la tuberculose semblent les plus
fréquentes ; les auteurs américains attachent une très grande importance
aux petits foyers infectieux, tels que caries dentaires, amygdalites
chroniques, sinusites.
Ce sont alors les gaines synoviales, les tissus
péri-articulaires qui sont touchés en première ligne, et l’examen radiologique
montre, au début du moins, une intégrité parfaite des surfaces articulaires
proprement dites. Dans les arthroses, l’inflammation fait défaut, et c’est l’os
qui est primitivement touché ; l’examen radioscopique montre, dès le
début, des lésions d’hypertrophie et de dégénérescence, que l’on peut attribuer
à la sénescence, à des troubles circulatoires ou endocriniens, à des
traumatismes, surtout à de petits traumatismes répétés, à des attitudes
vicieuses, etc.
Il s’ensuit que la première chose à élucider sera de faire
un diagnostic aussi précis que possible, chose souvent très difficile et pour
laquelle il y aura lieu de faire appel à toutes les réactions biologiques dans
le détail desquelles je ne peux entrer dans une rapide causerie. Seul un
diagnostic précis permet d’orienter le traitement.
Une première question se pose tout d’abord, celle du
régime ; sous des prétextes divers, en vertu d’idées préconçues, beaucoup
de malades sont soumis à des régimes de sévère restriction, allant parfois
jusqu’à avoisiner l’inanition ; c’est là une erreur absolue ; hormis
les cas, d’ailleurs rares, où l’on peut incriminer une diathèse goutteuse ou
une oxalémie, ces malades doivent être convenablement nourris, en évitant
seulement les aliments notoirement indigestes et ceux auxquels ils sont
individuellement sensibles ; il n’y a aucune raison, naturellement, de
proscrire le vin.
Il faut ensuite rappeler que le salicylate de soude,
efficace dans le rhumatisme aigu, est sans action sur les formes chroniques et
que ses dérivés (aspirine et analogues) n’ont qu’une action momentanée sur les
phénomènes douloureux.
Il sera prudent de commencer par traiter les dents, les
gencives, les amygdales, les sinus infectés ; quant au traitement
proprement dit des arthrites, il s’inspirera des causes probables de
l’infection, en faisant appel aux vaccins, à la protéinothérapie, aux
médications anti-infectieuses, métaux colloïdaux, sels d’or, urotropine
iodée ; il est des cas où les extraits opothérapiques (surtout thyroïdien
et parathyroïdien) ont donné des succès inespérés. L’immobilisation de
l’articulation douloureuse s’impose parfois. Il faut, en tout cas, ne pas trop
le prolonger et procéder, dès que cela sera possible, à une mobilisation
prudente ; il faut également être très prudent en matière de massage. Les
rayons infrarouges, les rayons X ont souvent d’heureux effets, tout comme
l’injection de substances radio-actives. Les cures thermales ne devront
intervenir qu’après la période subaiguë, sous forme de cures sédatives et non
d’eaux sulfureuses.
Dans les arthroses, les médicaments les plus actifs sont
l’iode et le soufre — isolés ou combinés, — les injections
intra-cutanées d’histamine au voisinage des articulations douloureuses.
Localement on usera, selon les cas, de toutes les ressources de la
physiothérapie : bains chauds, bains de lumière, rayons infra-rouges,
diathermie, souvent radiothérapie ; le massage et la mobilisation ont ici
des indications plus fréquentes que dans la forme précédente, tout comme les
cures thermales sulfureuses.
L’aspirine, qui n’a aucune action curative, reste le
médicament de choix, généralement fort bien supporté, dans toutes les formes
douloureuses, particulièrement après les réactions parfois vives causées par
les médications précédentes.
Dr A. GOTTSCHALK.
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