De Londres, on annonçait récemment la mise en vente dans les
magasins d’alimentation de la capitale anglaise de filets de baleine, découpés
en tranches minces et enveloppés de cellophane, à 2,9 shillings, soit à 60 francs
la livre.
Les baleines ainsi traitées provenaient du Balæna,
bâtiment de retour de pêche des mers australes.
Les baleines sont des mammifères adaptés à la vie marine,
vivant en troupes en haute mer et dans les régions avoisinant les solitudes
polaires. Elles appartiennent à l’ordre des cétacés.
Leur corps est pisciforme. La tête énorme, non séparée du
tronc, porte des yeux très petits.
Ces animaux respirent avec leurs poumons. Les narines,
appelées « évents », sont rejetées sur le haut de la tête, ce qui
leur permet de respirer en affleurant la surface de l’eau. L’air aspiré sort
mélangé de vapeur d’eau condensée et retombe en pluie d’une assez grande
hauteur.
Les membres antérieurs existent seuls : ils sont très
raccourcis et transformés en nageoire. Les doigts présentent plusieurs
phalanges ; mais ils sont tous unis dans une épaisse masse musculaire,
indivise.
Les membres postérieurs ont disparu. La queue est bordée par
un repli cutané en forme de nageoire horizontale, sans squelette/et souvent il
existe aussi une nageoire dorsale, également dépourvue de squelette.
Quelques cétacés ont des dents ; mais celles de la
baleine sont résorbées à l’état adulte.
Les petits, peu nombreux, un ou deux au plus, profitent de
l’allaitement maternel.
Lorsqu’une baleine échoue sur le rivage, elle ne peut plus
se remettre à flot et meurt rapidement, son poids énorme empêchant les
mouvements respiratoires.
Le régime consiste essentiellement en petits animaux
(mollusques, crustacés, petits poissons) que seuls leur permet de déglutir un
œsophage extrêmement étroit.
La baleine peut se nourrir dans l’eau, car, au moment de la
déglutition, son larynx s’enfonce dans la fosse nasale, empêchant l’eau de
pénétrer dans le gosier.
Il y a deux espèces de baleines ;
La baleine franche, que l’on pêche dans les régions
arctiques du Pacifique et de l’Atlantique. Elle peut parcourir jusqu’à 4 milles
à l’heure.
Une autre espèce, l’Eubalanea australis, un peu plus
petite, est à peu près cosmopolite.
La baleine franche est le plus grand des animaux actuels,
puisqu’elle peut atteindre une longueur de 16 à 20 mètres et un poids de
100.000 kilos.
Les fanons, grandes pièces cornées en forme de faux, sont au
nombre de 300 à 350 et mesurent jusqu’à 5 mètres de long ; le lard,
que recouvre immédiatement la peau, a 30 centimètres d’épaisseur.
Une baleine de 18 mètres de long, pesant 70.000 kilos,
fournit en moyenne 30.000 kilos de lard, d’où l’on extrait 24.000 kilos
d’huile.
L’huile sert à la fabrication de la margarine alimentaire,
des savons, et dans l’industrie de la tannerie.
Les foies, dont le poids moyen est de 500 kilos
environ, donnent une huile de qualité supérieure à l’huile de foie de morue, et
riche en vitamine A, indispensable à la croissance.
Les fanons fournissent en moyenne 1.600 kilos de
baleine industrielle.
Enfin, de la charpente, on tire la poudre d’os employée comme
engrais.
Comme on le voit, la baleine est un véritable trésor.
Aujourd’hui, une ressource nouvelle, la chair, vient d’être
utilisée pour l’alimentation humaine, ce qui n’est pas sans intérêt en temps de
restrictions. Elle aurait le goût de la viande de veau.
Les Français (Basques et Bretons) furent les premiers à
pêcher la baleine, dès le XIVe siècle, sur de robustes voiliers
portant une quarantaine d’hommes. Cette pêche n’était pas sans danger, car il
fallait approcher l’animal. Alors on mettait à l’ancre et l’on se dirigeait
vers lui sur des canots, on lançait le harpon au moyen d’une longue corde
enroulée à l’avant, et l’on s’écartait à force de rames. La baleine s’enfonçait
avec une telle rapidité qu’en se déroulant la corde s’échauffait au point de
prendre feu. Depuis longtemps, en France, cette pêche est abandonnée.
Seuls Norvégiens et Anglais la pratiquent actuellement, mais
avec des moyens les plus perfectionnés.
Le Balæna, sorti depuis peu des chantiers anglais,
est, en effet, une grande usine flottante avec un matériel puissant, capable de
capturer rapidement l’animal à distance et de préparer sur place les nombreux
produits qu’il nous donne.
Ce navire possède un grand pont de dépeçage, des chaudières
autoclaves, des réservoirs immenses pour extraire l’huile et la conserver, des
distillateurs servant à la production d’eau douce, des machines pour
déshydrater, déshuiler et congeler la chair, une centrale électrique, de vastes
ateliers, le personnel usinier ne comptant pas moins de 250 à 300 ouvriers.
Si à ce chiffre on ajoute les marins, officiers, ingénieurs, chimistes, nous
arrivons à un total de 4 à 500 personnes.
A. J ...
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