Les timbres britanniques ont toujours été très populaires
chez nous. Et nombreux sont les collectionneurs français qui se spécialisent
dans les colonies anglaises, pour autant que le terme de spécialisation puisse
être appliqué à un ensemble aussi vaste. C’est probablement l’amplitude du
sujet qui veut que la plupart des collectionneurs de colonies anglaises ne
connaissent guère que les timbres types, ignorent beaucoup de choses sur les
variétés de planches et soient aussi peu au courant de tout ce qui relève de la
postal history. C’est une règle qu’il est rare de feuilleter une
collection bien montée en timbres britanniques, sans y rencontrer de nombreuses
oblitérations intéressantes, quelquefois rares.
Le type même des oblitérations intéressantes est le used
abroad, autrement dit le timbre anglais utilisé en dehors du Royaume-Uni.
Ce qui se rencontre plus particulièrement pendant la seconde partie du règne de
Victoria, c’est-à-dire sur les timbres de de La Rue. Règle générale,
faire attention à tous les timbres anglais de cette période dont l’oblitération
consiste dans un nombre précédé d’une lettre A, B, C, etc. Ce n’est
pas automatique, car justement quelques chiffres seuls cachent des variétés de
toute rareté, mais enfin c’est suffisant pour attirer l’attention.
Les used abroad relèvent de plusieurs groupes. Le
plus important est celui des timbres utilisés dans les colonies britanniques
avant la création de timbres coloniaux particuliers, ou même encore
conjointement avec les premières émissions de la colonie. La popularité de
certains de ces abroad est très grande, car ils sont à la fois
recherchés et par les spécialistes des timbres britanniques, et par ceux de la
colonie en question, souvent nombreux et amateurs de la moindre particularité.
Parmi les origines très recherchées, citons, par exemple, la Jamaïque, qui
compte de très nombreux spécialistes, les oblitérations rares étant A 47, A 64,
A 72 et A 75. Mais il y a lieu de se méfier, et de ne pas borner son
examen aux seuls timbres anglais oblitérés lettre et chiffres. Les îles
Caymans, par exemple, ont utilisé, de leur côté, dès timbres de la
Jamaïque ; et cette origine, très recherchée, ne se reconnaît qu’au nom du
bureau de poste. Ce seul repère du nom d’origine est aussi ce qui permet de
distinguer les très rares timbres anglais utilisés, de 1887 à 1892, par la
« Royal Niger Chartered Company », dont les oblitérations ressemblent
beaucoup à des annulations de caractère fiscal.
À ce groupe des utilisés aux colonies peut se joindre celui
des stations navales dont les repères sont : A 79 à A 99, B 03,
B 12, etc. À la double concurrence des spécialistes de Grande-Bretagne et
ceux de la colonie se joint ici celle de la vaste famille philatélique des
spécialistes maritimes, dont les recherches internationales se croisent avec
celles des étudiants limités à un territoire défini. Aux stations navales
s’ajoutent tout naturellement les oblitérations maritimes ou fluviales, ligne
Allan : B 17, B 18, etc., Steamboat China B 16, African Mail
Boats B 56 et B 57, toutes très recherchées.
L’autre groupe important est celui des used abroad
dans les pays étrangers, par l’intermédiaire des consulats britanniques,
particulièrement dans le Proche-Orient et dans le Centre et le Sud-Amérique. Là
aussi la concurrence est vive entre les spécialistes de Grande-Bretagne et ceux
des divers pays. Sans parler, des spécialistes maritimes, la plupart de ces
postes consulaires étant plus ou moins en liaison avec des lignes maritimes
anglaises. Les oblitérations les plus recherchées sont celles du Centre et
surtout du Sud-Amérique, les spécialistes des pays de cette partie du monde
devenant chaque jour plus nombreux. Parmi les cachets les plus intéressants,
citons : Buenos-Ayres B 32, Bahia C 81, Coquinbo C 40,
Valparaiso C 30, Aspinwall E 88, Panama C 35, Guayaquil C 41 ;
la série du Pérou : C 36, C 42, C 43, D 87,
etc. ; Mayaguez F 85, Porto-Rico 562, Porto-Plata C 86,
Saint-Domingue C 87, Port-au-Prince E 53, le très intéressant
Saint-Thomas C 51 et le très rare D 26 utilisé par le courrier
espagnol, etc. Comme pour certaines colonies anglaises, ne pas laisser passer
un timbre anglais oblitéré d’une ville américaine, dont on rencontre
quelquefois La Guayra, Piura, Greytown, etc.
Par ce court exposé, l’on voit l’intérêt que peut présenter
l’étude de ces timbres, même ceux qui, en apparence, ont le moins de chances de
présenter une rareté, et intérêt non seulement d’études et de recherches, mais
aussi monétaire, car quelques-unes de ces oblitérations valent très cher. Nous ne
le répéterons jamais assez, en philatélie l’étude est toujours payante.
WATERMARK.
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