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La chasse en Australie

Le gibier à plumes d’Australie comprend les canards sauvages, oies, cailles, bécassines et pigeons. Canards et cailles sont les plus prolifiques.

Les principales variétés de canards que l’on trouve en Australie sont les : noirs, sarcelles, wood (de bois), blue wing (ailes bleues), pink-eared (oreille rose), hard head (tête dure), monkey (singe) et mountain (montagne). Nombre de ces variétés peuvent être vues en quantités incommensurables sur les étangs et les marécages australiens. Les types les plus recherchés par les chasseurs sont les noirs, les sarcelles et les woods. Toutes les espèces, néanmoins, sont d’excellents oiseaux comestibles, à l’exception du canard de montagne, dont la chair est d’une couleur sombre et immangeable.

Le canard de montagne est un bel oiseau que l’on protège tout le temps.

L’ouverture de la saison dans la plupart des États australiens est au début de l’automne, le 1er mars ; la chasse reste ouverte jusqu’au 1er juin, et chaque année, durant ces mois, des milliers de sportsmen prennent part aux chasses splendides que l’on peut trouver dans toutes les contrées de l’Australie.

L’équipement usuel comprend des canardières, des chiens rapporteurs et des bottes avec, naturellement, un bon contingent de cartouches pour les fusils.

Les canards sauvages australiens volent à une grande vitesse, et certains d’entre eux peuvent atteindre 160 kilomètres à l’heure. Ils constituent une telle épreuve d’adresse et d’exactitude pour le poursuivant qu’il est douteux que l’on fasse mouche un coup sur dix avec ces oiseaux.

Le procédé habituel de la chasse consiste à choisir un lieu de campement à environ 200 mètres du bord d’un marécage que l’on sait avoir beaucoup de volatiles. Au cours de la nuit précédant l’ouverture de la chasse, le silence du marécage est brisé par le coin-coin du canard noir. À l’aube, le chasseur prend place sur quelque souche ou sous le couvert d’un arbre du marécage. Quand les oiseaux commencent à se mouvoir, on entend de partout des coups de feu. Il n’y a rien de plus passionnant pour le chasseur que de tirer sur un canard noir solitaire et de l’abattre, alors qu’il file avec le vent à 95 ou 110 kilomètres à l’heure. Vers 8 heures, beaucoup de sportsmen sont à la tête de 20 volatiles, ce qui est le maximum autorisé. Je me souviens d’un chargement typique de ma musette : huit sarcelles, six canards noirs, quatre woods, un pink-eared et un hard head.

La chasse à la caille constitue en Australie un autre sport populaire ; les principales variétés en sont : brune, painted (peinte) et stubble (de chaume). Cette dernière est la plus importante comme gibier ; en fait, dans certains États australiens, les deux autres sont protégées toute l’année.

Les conditions saisonnières ont une grande influence sur le nombre disponible de ces oiseaux ; ils apparaissent généralement après les pluies qui ont déterminé la pousse des herbes et des graines dont ils vivent. On a souvent remarqué que, lorsque des régions normalement sèches du centre du pays sont inondées, on peut y trouver des milliers de cailles en quelques semaines, se nourrissant de végétation.

Ces oiseaux doivent parcourir des milliers de kilomètres pour arriver à ce nouveau sol fertile, et leur migration constitue l’un des mystères insolubles de la chasse australienne.

Par les années normales, la chasse à la caille est bonne dans presque toutes les zones agricoles de la région tempérée. Un seul homme est autorisé à en tuer jusqu’à 30 par jour.

Une grande partie du plaisir procuré par ce sport est de noter le travail des dénicheurs ou dépisteurs.

En tant qu’aspect et habitudes, la caille stubble australienne est très semblable à l’espèce égyptienne.

Tous les ans, en septembre, l’Australie a la visite de bécassines migratrices de Sibérie, où elles se reproduisent. Elles quittent toujours l’Australie pour voler vers le nord au cours du mois d’avril suivant.

En Australie, elles fréquentent la plupart des régions marécageuses de la ceinture côtière. Elles s’éparpillent sur tant de mares et de marches que l’on a rarement le plaisir d’en découvrir un nombre appréciable. Une musette de 10 couples est toujours considérée comme le résultat d’une bonne journée. Ces oiseaux volent vite et irrégulièrement, et sont invariablement une solide épreuve de l’adresse du chasseur.

À leur arrivée de Sibérie, elles sont généralement en triste état et on ne les poursuit pas durant plusieurs semaines, afin de leur donner le temps d’engraisser.

La chasse au pigeon, en Australie, offre aussi des occasions de bon tir en plein vol. On y trouve toutes les variétés les mieux connues de ces oiseaux ; dans le Nord, il y a aussi des pigeons tropicaux, qui ont un beau plumage et une chair excellente.

Les pigeons du détroit de Torres émigrent au long de la côte du Queensland en innombrables quantités chaque année. La nuit, ils se reposent habituellement sur l’une des nombreuses petites îles au large du rivage et ont sur la terre ferme certains endroits où ils viennent tous les matins, retournant le soir aux îles. J’ai souvent joui d’un excellent tir au vol avec ces oiseaux, de l’un de leur lieu d’envol. Une musette de 20 oiseaux comme prise d’une soirée est chose courante.

La magpie goose australienne des régions du Nord tropical présente aussi un intérêt pour le sportsman. C’est une belle oie noire et blanche comme une pie, beaucoup plus petite que l’oie de l’hémisphère Nord. Dérangée des marécages et lagunes où elle vit, elle vole souvent jusqu’aux arbres. Les contrées les plus sauvages de l’Australie du Nord sont les lieux d’habitation naturels de cet oiseau. Il est tout à fait apprivoisé et on hésite toujours à le viser.

Depuis la guerre, de nouvelles routes ont donnée accès à beaucoup de ces régions isolées, et il semble que les marais seront largement dépeuplés de nombre de leurs prolifiques volailles aquatiques.

Le plus ancien des gibiers à poil australiens est le dingo (chien sauvage), que l’on croit avoir été introduit d’Asie par les Malais, il y a des milliers d’années.

Depuis l’arrivée de l’homme blanc, les lapins, lièvres et le buffle aquatique malais ont été introduits, de même que le sanglier et le daim rouge. Lièvres et lapins sont si répandus qu’en général on ne les considère pas en gibier, mais beaucoup de gens s’amusent à les chasser.

Dans l’État de Victoria, la chasse au daim est populaire parmi un nombre restreint de sportsmen, mais on ne trouve de ces animaux que dans quelques zones de campagne rude et isolée.

En Australie du Nord, le buffle aquatique, introduit à l’origine dans l’intérêt de l’agriculture, s’est reproduit au point de constituer un fléau. Chaque année, on chasse des milliers de ces animaux ; leur peau produit un bon cuir commercial.

La chasse au buffle a généralement lieu à dos de cheval. Chaque cavalier charge sur le troupeau et tire en selle à courte distance. L’élément de danger de ce sport réside dans ce qu’un animal blessé charge souvent homme et cheval ; les grandes cornes plates du buffle sont des armes mortelles.

Les kangourous existent en tel nombre qu’ils constituent un fléau dans quelques régions éloignées, quoique dans d’autres États ils soient protégés toute l’année. La vitesse de leur progression nécessite un bon cheval et un cavalier pour l’atteindre, mais ils sont invariablement un but facile pour le sportsman.

Les crocodiles ou alligators, comme on les appelle souvent à tort, se trouvent en Australie du Nord et atteignent une très grosse-taille. Ils sont toujours tués à vue, le crocodile ayant une réputation de traîtrise et de fausseté. On a tué des spécimens de 8m,50, mais ceux de 6 mètres sont estimés gros.

Les crocodiles s’associent invariablement aux marécages et aux palétuviers. Il est en général difficile d’en approcher suffisamment pour leur porter un coup fatal, qui nécessite, pour être efficace, d’atteindre la tête ou le cœur. Il est indispensable de voyager en bateau sur les fleuves du Nord pour les découvrir et on peut souvent les voir étendus au soleil sur les rives boueuses des cours d’eau.

C. R. LYNE.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 613