L’aile-fuselage Burnelli

Dès 1921, l’idée de constituer l’habitacle d’un avion par la partie centrale de la voilure a conduit l’ingénieur américain Burnelli à construire un biplan de transport dans lequel la cellule, par ailleurs classique, s’attelait sur un corps central porteur, de profil épais, se terminant par les empennages.

Louis de Monge, en 1925, établissait un petit bimoteur de tourisme sur le même modèle, mais avec une voilure monaple. D’une finesse aérodynamique remarquable pour l’époque, celle-ci fut encore perfectionnée par la création de l’U. B.-14 en 1936.

Cette vieille idée connaît actuellement le juste succès auquel elle peut prétendre, puisque Burnelli vient de mettre la dernière main à un bimoteur de transport à aile volante, le Burnelli C. B. Y., construit par les usines canadiennes « Canadian Car and Foundy C^o », qui subit actuellement des essais d’homologation de type.

Il s’agit d’un appareil métallique à aile haute, dont le fuselage à fonction sustentatrice constitue la partie centrale de l’aile. Le poste de pilotage émerge au milieu du bord d’attaque, et les fuseaux-moteurs se situent de chaque côté de celui-ci. Le train d’atterrissage est constitué par deux roues principales jumelées, relevables en avant dans les fuseaux-moteurs, et une roue de queue, entièrement escamotable dans le fuselage.

On prévoit deux versions différentes de cet appareil :

— la première pour 22 passagers, plus le fret ;
— la seconde pour 32 passagers.

Deux Pratt et Witney R-1830 « Twin Wasp » à quatorze cylindres en double étoile, de 1.250 CV, avec hélices tripales de 3^m,96 de diamètre, et, pour le modèle de 28 passagers, deux Pratt et Witney de 1.600 CV constituent le groupe moto-propulseur.

Le poids à vide de l’appareil est de 7.620 kilos, et sa charge utile de 4.810 kilos.

Sa vitesse maximum est de 346 kilomètres-heure, et sa vitesse de croisière, 278 kilomètres-heure.

Son rayon d’action est de 1.930 kilomètres, et, enfin, son plafond est de 6.700 mètres.

On prévoit encore un nouveau quadrimoteur de transport en aile volante du type de construction Burnelli, dont la fabrication semble devoir être confiée à une usine américaine.

Quatre versions sont envisagées : pour 72, 54, 40 passagers, et un avion uniquement de fret capable de transporter 8.165 kilos.

Avec ce système de construction, l’appareil présente des qualités supérieures à celles d’un monoplan de même surface et de même envergure.

En effet, cette formule permet de réduire le poids de construction de 7p. 100, tout en rendant l’aménagement intérieur très facile en raison de la plus grande place disponible pour les passagers et les trois hommes d’équipage. L’expérience montre, en effet, qu’une telle combinaison procure un allongement effectif supérieur à celui du monoplan de même surface et de même envergure.

Le rendement global de cet avion, en tenant compte du pourcentage de charge utile, du rendement aérodynamique et de l’efficacité des propulseurs, dépasse de 15 p. 100 celui de l’avion classique.

Il est donc souhaitable que cet appareil obtienne, auprès des techniciens et du public, le succès auquel il a droit.

Armand AVRONSART.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 629