D’après les chiffres fournis par la Fédération nationale
des Producteurs de plants de pommes de terre, la production des plants
contrôlés, en France, s’accroît sans cesse. Elle était de 17.000 tonnes en
1934, de 24.000 tonnes en 1939 et de 240.000 tonnes en 1946. Comme un
gros tonnage de plants de bonne qualité est importé chaque année de Hollande et
d’autres pays, on peut affirmer que le commerce des plants devient de plus en
plus important. Si les maladies de la dégénérescence sévissent plus que jamais,
il est à souligner que les cultivateurs font tous leurs efforts pour se
procurer de bonnes semences, seules capables de fournir de gros rendements.
Les expéditions de plants s’effectuent surtout à
l’arrière-saison et après les grands froids de l’hiver. À vrai dire, quelques
expéditions se font aussi en décembre et janvier, mais en prenant des
précautions spéciales contre la gelée : utilisation de wagons isothermes,
ou bien paillés et cartonnés.
Nul n’ignore que les plants officiellement contrôlés sont
actuellement répartis en cinq catégories : élite, classe A, classe B,
classe C, classe D. La plupart, aujourd’hui, sont issus de la
sélection généalogique, assez longue, mais plus efficace que la sélection
massale. À noter que le pourcentage des plantes malades, qui détermine la
répartition en classes, résulte des visites des contrôleurs locaux et
régionaux. C’est un diagnostic fait au cours de la végétation ; comme tout
diagnostic, il offre une certaine part d’hypothèses, ce qui montre qu’on ne
saurait avoir des données absolument mathématiques. Nous l’avons signalé bien
des fois : trop de facteurs jouent en pathologie et en biologie pour
s’étonner de quelques divergences. Si, par l’achat de ces plants, il ne faut
pas s’attendre à recevoir des semences absolument parfaites, il faut
reconnaître qu’elles présentent une garantie très appréciable.
Les plants contrôlés coûtent plus cher que les tubercules de
consommation, et c’est justice, car, pour les obtenir, il a fallu beaucoup de
soins, au cours de la période végétative. Il importe que les cultivateurs ou
les maraîchers qui les reçoivent prennent certaines précautions en vue de leur
conservation jusqu’à la mise en terre.
Précautions lors de l’arrivée.
— En gare destinataire, les plants arrivent d’habitude
en sacs plombés, dont le poids est de 50 kilogrammes. Conduits chez
l’utilisateur, les sacs sont ouverts et les certificats retirés de l’intérieur.
Ces certificats doivent être conservés, car seuls ils permettent une
vérification sur l’identité et l’état de la marchandise. Les tubercules sont
étalés en couches minces, ou, de préférence, mis tout de suite en clayettes.
Ces dernières sont entreposées soit dans des caves, soit dans des locaux
spéciaux appelés germoirs.
Depuis quelques années, en effet, des germoirs ont été
installés un peu partout ; Ce sont des locaux suffisamment aérés, bien
protégés contre la gelée, et de plus éclairés à une lumière diffuse. Les plants
s’y portent bien, car la température est constante ; elle varie entre 3°
et 8° ; l’atmosphère n’est ni trop sèche, ni trop humide.
Un conseil en passant : il arrive que des cultivateurs
laissent séjourner longtemps dans des sacs les plants achetés. Cette manière de
faire est à éviter, car elle nuit à la germination ; les tubercules
s’échauffent et restent dans un air chargé d’acide carbonique, provenant de la
respiration de ces tubercules.
Précautions dans les germoirs.
— Elles se résument en deux prescriptions :
l’examen des clayettes, le traitement contre les pucerons :
1° Les clayettes, disposées les unes sur les autres,
doivent être, au moins une fois, changées de place pour répartir la lumière. On
profite du déplacement pour enlever les tubercules pourris, les tubercules
filants ou boules.
2° On s’est aperçu que, dans certains locaux, les pucerons
apparaissaient au printemps sur les germes. Ces insectes peuvent être,
paraît-il, des agents de propagande de certaines maladies à virus, d’où la
nécessité de les combattre. On les détruit, comme les pucerons d’été, en les
aspergeant avec une solution à base de nicotine. La Fédération nationale
recommande la solution suivante : pour 100 litres d’eau, 300 grammes
de sulfate de nicotine et 30 grammes de carbonate de soude.
Précautions avant la plantation.
— Si les clayettes sont entreposées, en hiver, dans un
lieu un peu obscur, on les transporte en grange dès les beaux jours, pour faire
bénéficier les tubercules de la lumière. Les germes deviennent alors courts,
trapus et colorés, suivant la variété. Les clayettes sont conduites sur le
terrain de plantation, en ayant soin de ne pas briser les germes, soit au cours
de la manipulation, soit au cours de la mise en terre.
Cl. PERRET.
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