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Viticulture

Maladies cryptogamiques

ou parasitaires

Le but de cette étude n’est pas d’examiner ces maladies, ni d’indiquer les moyens de lutte ; il a paru en cette matière de très bons ouvrages ; par ailleurs, la presse et la radio donnent périodiquement des conseils fort judicieux.

Nous allons nous efforcer de donner quelques idées générales tirées de l’expérience.

Le mot cryptogamique vient de cryptogame, formé par deux mots du grec ancien que l’on peut traduire librement par : moyens de reproduction cachés.

On distingue deux grands groupes de végétaux cryptogames : les cellulaires (composés uniquement de cellules), qui comprennent tous les champignons visibles ou invisibles à l’œil nu, et les vasculaires, comprenant des vaisseaux comme les végétaux supérieurs ; tels sont les fougères, les prêles, les lycopodes. Ce sont les premiers qui nous intéressent.

La vigne est atteinte par de nombreuses maladies, dont on connaît pour chacune les moyens de lutte. Le mildiou (de l’anglais Mildew), en latin Plasmopora viticola, l’oïdium, Erysiphe Tuckeri, sont les deux principales.

On classe les autres comme suit : le black rot (pourriture noire en anglais), nom latin : Guignardia Bidwelii ; le rot blanc (pourriture blanche), en latin Coniothyrium diplodiella ; l’excoriose, dû au Guignardia Baccæ ; la pourriture grise, produite par la Botrytis cinerea ; l’anthracnose maculée, occasionné par le Manginia ampelina ; le pourridié, qui est produit par trois champignons différents ; l’esca ou apoplexie, produit par le Polyporus ignarius, accompagné de deux satellites cryptogames ; la fumagine, due au Fumago vagens, champignon qui se développe en présence des cochenilles.

À part l’oïdium, justifiable du soufre, on peut dire que tous les autres parasites sont efficacement combattus par les sels de cuivre.

C’est sans doute cette constatation qui a fait écrire à un périodique régional, dans sa publication, ce slogan : sulfater-soufrer.

On ajoute quelquefois aux bouillies des produits tels que le formol, le permanganate de potasse, l’acide phénique ou phénol, des adhésifs etc. ; ce sont là des pratiques recommandables.

Le sulfate de cuivre est un produit stable, de composition chimique bien définie ; il n’en est pas de même de la chaux, qui peut être plus ou moins pure et contenir des incuits très petits ; c’est sans doute ce fait qui nous a amené à constater que les toiles métalliques des filtres des pulvérisateurs n’étaient pas assez fines et laissaient passer des corps solides bouchant les trous des papillons, interdisant ainsi l’emploi de trous plus petits pour obtenir une pulvérisation très fine dite brouillard.

Cet inconvénient n’a pas lieu avec l’emploi de la bouillie bourguignonne ni des verdets.

En somme, que se passe-t-il dans la fabrication de la bouillie bordelaise ? C’est bien simple, il se forme du sulfate de chaux peu soluble et de l’oxyde de cuivre hydraté insoluble, mais qui reste en suspension assez facilement.

Dans la bouillie bourguignonne, nous savons que la chaux est remplacée par le carbonate de soude solvay, de composition connue et stable ; il se produit donc pendant le mélange du sulfate de soude très soluble, l’acide carbonique s’échappe dans l’atmosphère, l’oxyde de cuivre hydraté a la même composition.

Nous avons eu l’occasion d’indiquer dans cette revue un produit cuprique essayé au début de l’occupation : l’ammoniure de cuivre cellulosique, liquide bleu concentré dégageant une forte odeur d’ammoniaque.

Il doit être employé étendu d’eau, dans des proportions définies. Soit pour une raison de qualité de matière première, soit que le mode d’emploi ait été défectueux, ce produit a été abandonné ; c’est peut-être regrettable, car il contenait le meilleur et le plus inoffensif des adhésifs.

Les bouillies, quelle qu’en soit la formule, doivent être répandues sous forme de brouillard, soit produire des gouttelettes assez petites pour se tenir en suspension dans l’air calme, seul moyen efficace d’atteindre toutes les parties vertes du végétal.

Il faut pour cela des pulvérisateurs donnant d’une façon continue 10 kilos de pression.

Il a paru sur le marché, avant la guerre, de semblables appareils dans lesquels la pression lue au manomètre s’obtenait par une pompe à main fixée à l’appareil.

N’oublions pas qu’il y a une quarantaine d’années les vergers de Californie étaient traités de cette manière. Il y a tout lieu de penser que depuis cette époque les Américains de la région ont amélioré leur technique.

Nous aimons croire que notre industrie y a songé.

Le soufre est souvent additionné de polysulfures, qui communiquent à ce produit une teinte noirâtre.

Le soufre doit être très sec, ne pas former de boulettes, il doit être finement broyé, et, pour donner un chiffre, il ne doit pas présenter un refus supérieur à 10 p. 100 au tamis no 150.

C’est à cette condition seulement qu’on aura un produit pulvérulent, dont les particules extra-fines iront se déposer sur toutes les parties à traiter et à protéger.

V. ARNOULD,

Ingénieur-agronome.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 636