Le logement des chevaux, comme celui de tous les autres
animaux domestiques du reste, a pour leur santé et pour leur rendement une très
grande importance, qui n’est que trop souvent ignorée ou négligée. Pour
répondre parfaitement à sa destination et à ses buts, la construction d’une
écurie devrait toujours réclamer la collaboration d’un « bon architecte »
et d’un « bon hygiéniste », qui serait aussi, peu ou prou,
« homme de cheval ». Or, dans la grande majorité des cas, le
« maçon » agit seul, dirige les travaux à sa guise ou selon les
indications ou préférences du propriétaire, dont les préoccupations
ressortissent davantage à l’économie qu’à l’hygiène.
Il y a là une double erreur, car on sait d’expérience que
« le grand bon marché revient souvent très cher » et qu’il est des
économies qui peuvent devenir ruineuses, quand elles concernent le bien-être,
le confort, le repos, et finalement la santé des animaux exploités.
Le cheval est, avant tout, un animal de grand air et de
mouvement, et la stabulation forcée qu’on lui impose à l’écurie, pendant de
longues heures chaque jour, peut être une véritable pénitence si on ne
s’efforce pas de le faire bénéficier des avantages d’une hygiène bien comprise.
Loin de nous la pensée d’engager à faire construire des
« écuries de luxe », dont la belle apparence est bien souvent
trompeuse et qui sont critiquables au point de vue de leurs commodités de
service et pour l’exécution journalière de soins de propreté et d’hygiène
élémentaires. Par contre, nous serions heureux de pouvoir contribuer à faire
disparaître certaines écuries, qui n’ont de la chose que le nom, réduits
— sinon des cachots pour la pénitence signalée plus haut — bas,
étroits, mal éclairés et mal aérés, dont l’entrée est déjà peu agréable aux
personnes qui ne font qu’y passer. Le sol, le plus souvent défoncé, y laisse
séjourner les urines ; les chevaux, faute de place suffisante, y sont trop
rapprochés, se reposent mal et respirent un air fortement vicié d’acide
carbonique et d’ammoniaque, constituant un véritable poison pour toutes les
fonctions de l’organisme.
Et ce doit être à l’intention de pareils
« taudis », logements insalubres — ô combien ! — qu’on
a écrit quelque part : « L’écurie mal tenue et les soins mal donnés
font mourir plus de chevaux que les maladies ! »
Tout d’abord, en tenant compte des ressources du terrain,
une écurie ne doit jamais être placée en contre-bas pour ne pas recueillir
toute l’humidité environnante. Puis, l’emplacement étant trouvé, la meilleure
exposition à donner au bâtiment sera l’orientation à l’est.
Pour éviter les variations de température des locaux, les
murs seront construits avec des matériaux mauvais conducteurs de la chaleur,
c’est-à-dire avec des parois poreuses, tout en évitant de les rendre trop
humides ; les briques vitrifiées sont tout à fait recommandables, malgré
leur prix élevé. Quelle que soit la composition des murs, ils doivent être
cimentés, tout au moins à une hauteur de 1m,50 à 2 mètres, pour
faciliter les nettoyages et la désinfection, en cas de maladie contagieuse, ou
simplement à titre préventif, ce qui doit être fait au moins une fois l’an.
L’aération des écuries est une question capitale, elle doit
être aussi large que possible, sans abaisser la température et sans provoquer
de courants d’air tombant directement sur les animaux ; on compte, en
moyenne, qu’une ouverture de 90 centimètres carrés par cheval, avec
obturateur réglable, fournit une aération très suffisante. L’atmosphère d’une
écurie n’est plus favorable à la respiration dès que l’acide carbonique en
suspension excède 2,5 à 3 p. 1.000, dose facilement réalisable là où
plusieurs animaux se trouvent réunis dans un local peu spacieux. Une écurie ne
peut être salubre qu’autant que ses dimensions intérieures laissent à chaque
Cheval une place et un cube d’air suffisants. La largeur d’une place pour un
cheval varie de 1m,45 à 2 mètres, selon sa corpulence ; la
longueur est ordinairement de 2 mètres, et la hauteur moyenne du plafond
devrait être de 4 mètres environ. Mais c’est cette dimension qui laisse le
plus souvent à désirer.
Dans les écuries ne disposant pas d’un cube d’air suffisant,
surtout si les ouvertures y sont peu nombreuses, on peut activer la sortie de
l’air vicié en faisant établir, dans le plafond trop bas, des cheminées
d’appel, à tirage variable et que l’on munit d’un « tourne-au-vent »
pour éviter la pénétration de la pluie à l’intérieur.
Les mangeoires doivent être résistantes, faciles à
nettoyer ; le bois est à rejeter, la pierre n’est pas exempte de
critiques, tandis que le ciment ou la fonte donnent toute satisfaction.
Les râteliers en fer individuels sont les plus
recommandables ; le commerce en fournit de formes et de dimensions
variables, qu’il est facile de choisir et adapter selon les besoins (stalles ou
boxes, petits ou grands chevaux).
Il est préférable que chaque cheval soit séparé de son
voisin par une stalle fixe, ou un bat-flanc mobile, plus économique, mais qui a
l’inconvénient d’exposer aux fâcheuses « embarrures ».
Une écurie importante, à cause du nombre de chevaux qu’elle
abrite, et nécessitant de ce fait un service compliqué, pour être tout à fait
confortable et hygiénique, devrait avoir l’abreuvement automatique, dont les
frais d’installation sont certainement onéreux, mais rapidement amortis par les
avantages qu’en retirent les animaux.
Le sol de l’écurie doit être dur, imperméable, uni sans être
glissant, avec une légère pente d’avant en arrière pour faciliter l’écoulement
des urines. Le macadam, peu solide et trop poreux, le béton et le bitume, trop
glissants, sont à rejeter ; le pavage en bois ou en briques sur champ
donne de très bons résultats, mais est, en définitive, plus onéreux et moins
résistant que le pavage ordinaire, bien « jointoyé ».
Les portes doivent être hautes et larges, pour éviter les
contusions aux hanches, et, de préférence, à deux battants, s’ouvrant toujours
au dehors, à moins qu’elles ne soient à glissière. En toutes saisons, portes et
fenêtres doivent être largement ouvertes, en tenant compte de la température
extérieure, pour que les écuries soient saturées d’air et de lumière, les deux
meilleurs antiseptiques que l’on puisse trouver, disait le grand hygiéniste
baron Haussman, et qui sont aussi ceux qu’on peut se procurer au meilleur
marché ...
J.-H. BERNARD.
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