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L’engraissement des porcs

L’engraissement du porc est pratiqué sur une plus ou moins grande échelle dans la plupart des fermes. Pour qu’il soit rémunérateur, il faut qu’il soit rapide et rationnellement conduit.

On doit s’adresser à des races d’animaux qui conviennent au goût des acheteurs locaux, mais très généralement on peut recommander la race anglaise Yorkshire Large White, ou les métis issus du croisement entre un verrat de cette race et une truie de race locale. Le produit bénéficiera de la précocité et de la bonne conformation du père, tout en gardant la rusticité et la qualité de la viande de la mère.

Si l’on achète des porcelets, deux points importants devront guider l’éleveur dans son choix : l’état de santé et la conformation.

La bonne santé est un facteur primordial de la réussite. Elle se manifeste par la vivacité et la gaieté des animaux. On doit rechercher ceux qui ont la peau rose et propre, les soies brillantes, la démarche aisée, la queue en tire-bouchon. Par contre, on rejettera les sujets trop maigres, tristes, abattus, à peau grise et sale (maladie de la crasse), et aux articulations tuméfiées. On éliminera les jeunes atteints de diarrhée, car celle-ci peut être de nature infectieuse, difficilement guérissable et capable de se propager au reste de la porcherie.

L’examen de la conformation doit être fait avec soin. On préférera des bêtes longues et à fin squelette. Les caractères essentiels d’un bon porc sont la brièveté de l’encolure, la largeur du poitrail et des épaules, l’ampleur de la croupe, l’épaisseur de la cuisse et de la fesse. On éliminera les sujets à dos tranchant, à ventre tombant, à membres longs, qui ne donneront jamais de beaux animaux.

Les porcelets étant choisis, il convient de les installer dans un local sain, aéré et spacieux. Ceci est indispensable, car le cochon est aussi sensible aux bonnes conditions d’hygiène que les autres espèces domestiques. Une courette attenante à la porcherie permet aux animaux de bénéficier du soleil, qui est le meilleur désinfectant et contribue à préserver du rachitisme.

L’engraissement doit être conduit rapidement. Il est inutile de chercher à obtenir des animaux trop gros. Ceux d’environ 100 kilogrammes sont les plus appréciés. Plus lourds, ils demandent davantage de nourriture pour le même poids de viande.

L’éleveur n’a donc aucun intérêt à obtenir des porcs de 150 ou 200 kilogrammes, comme on le faisait autrefois.

L’alimentation doit être intensive et économique. Les racines et tubercules conviennent parfaitement, mais seuls les déchets qui n’ont pas de valeur commerciale doivent être utilisés. On peut les distribuer cuits ou crus, simplement lavés, coupés et arrosés d’eau bouillante, après les avoir saupoudrés de son ou de farine.

Les grains cuits ou concassés sont également très recommandables. L’orge est spécialement appréciée en raison de sa valeur rafraîchissante et des qualités qu’elle communique à la viande.

Il est toujours préférable de donner plusieurs farines en mélange.

Le tourteau d’arachide — souvent onéreux — a cependant sa place au moment du sevrage. Celui de coprah convient bien à l’engraissement. Il est prudent d’en cesser l’emploi deux à trois semaines avant l’abatage ou la vente, afin d’obtenir un lard de meilleur goût.

Le son et les issues favorisent les fonctions digestives, il en est de même des aliments verts.

Les repas doivent être distribués très régulièrement. Les auges seront périodiquement nettoyées. Jamais on ne doit y laisser séjourner des restes de repas, car leur décomposition dégage une odeur qui répugne aux animaux et peut leur causer des troubles digestifs.

Exemple de ration pour porc à l’engrais :

Tourteau d’arachide 0kg,250
Son de blé 0kg,500
Pommes de terre 4 kilogrammes.
Petit lait 5 litres.

Les porcs sont très sensibles au rachitisme, on le prévient en ajoutant 30 grammes par kilogramme d’aliments concentrés de la formule suivante préconisée par Leroy :

Poudre d’os ou phosphate naturel 30 parties.
Craie lavée et broyée 15
Sulfate de magnésie 7,5
Sel dénaturé 20
Poudre de charbon 27,5

Enfin, en hiver, il sera utile de donner de l’huile de foie de morue à raison de 1 centimètre cube par 5 kilogrammes de poids vif.

Ces quelques précautions permettent d’obtenir une croissance extrêmement rapide. Les porcs sont, en effet, parmi les animaux de ferme, ceux qui augmentent de poids le plus rapidement et permettent d’obtenir le kilogramme de viande avec le minimum de nourriture. Cet avantage est très appréciable à un moment où la pénurie d’aliments de toutes sortes se fait cruellement sentir.

R. LAURANS,

Ingénieur agricole.

Le Chasseur Français N°617 Décembre 1947 Page 637