Si vous voulez augmenter la production des œufs de votre
élevage familial, quelle que soit l’importance de celui-ci, dotez-le d’une
batterie de nids-trappes. Comptez un nid-trappe par quatre ou cinq poules,
mieux encore par trois ou quatre. Seuls ils vous permettent de déceler les
bonnes pondeuses, de chiffrer, exactement le nombre d’œufs produits par chacune
d’elles et de choisir en connaissance de cause celles qui vous fourniront les
œufs à couver, ainsi que les meilleurs coquelets pour les mêmes raisons. Et
c’est ainsi que, généalogiquement, vous constituerez des lignées de grande
ponte.
Pour un contrôle vigilant.
— Contrairement à ce que croient des non-initiés, le
nid-trappe ne force ni n’incite la poule à pondre. Il constitue le moyen de
contrôle de la ponte (fréquence, cadence, précocité, nombre, grosseur, poids
des œufs, durée, etc.), toutes choses déterminantes pour enregistrer la
production des meilleures pondeuses, de déceler et d’éliminer les médiocres et
les mauvaises pondeuses.
C’est grâce au nid-trappe que, dans les élevages où il est
mis en œuvre, on est arrivé graduellement, par la sélection des meilleures et
des coqs, de pareille grande origine, à des records s’établissant de 302 à 346 œufs
et plus au cours des années de poulettes ; à des performances de 250 à 280 œufs ;
à des moyennes de 180 à 190 œufs, alors que les moyennes de ponte
ordinaires n’atteignent pas 90 œufs au cours de la première année de
ponte, laquelle est toujours la plus fructueuse. N’escomptez pas toutefois de
tels chiffres actuellement.
La moyenne de ponte s’est affaissée graduellement depuis
1940 : absence de sélection et alimentation insuffisante, déséquilibrée et
insuffisamment nutritive. Il faut attendre les récoltes de 1948, qui doivent
être à amplifier, pour commencer à revoir de pareils totaux. Quelle différence
avec la production primitive d’une douzaine d’œufs de la poule sauvage
originelle !
Fonctionnement d’un nid-trappe.
— Le nid-trappe destiné au contrôle de la ponte est
constitué par une boîte dont la porte est dotée d’un déclenchement à l’aide
d’un ressort ou d’un taquet. Cette porte est maintenue ouverte, mais elle se
ferme automatiquement dès qu’une poule pénètre dans le nid. La poule, qui aime
à pondre en toute quiétude, et même à se dissimuler pour remplir cet acte,
adopte vite un des nids-trappes.
La poule demeure ainsi emprisonnée jusqu’au moment où on
viendra la délivrer, et c’est par ce moyen que vous effectuez le contrôle de la
ponte. À cet effet, munissez chaque poulette d’un anneau fixé à une patte,
anneau doté d’un numéro. Établissez un tableau mensuel qui comporte :
1° une première colonne dans laquelle vous inscrivez sur
chaque ligne le numéro d’une des poules ;
2° une colonne pour chacune des dates du mois ;
3° une colonne des totaux ;
4° une large colonne « observations ».
Chaque fois que vous relevez une poule du nid, inscrivez sur
la coquille de l’œuf : le numéro de la poule et la date de la ponte
(exemple : no 245, 3-2-43) ; et, sur votre tableau,
face au numéro de la poule, une simple X dans la colonne du jour.
Vous qui surveillez la ponte, pénétrez plusieurs fois par
jour dans le poulailler, environ toutes les heures et demie ou toutes les deux
heures, dans la matinée surtout, afin de ne pas laisser chaque poule cloîtrée,
de la libérer et de libérer le nid pour une suivante. Car parfois les poules
font la queue près des nids-trappes, comme toute ménagère devant les
fournisseurs, et il ne faut pas qu’une de ces poulettes, ne pouvant attendre,
ponde en dehors du nid. Relevez donc sans attendre toute poule qui vient de
pondre, et procédez à la notation ci-dessus.
À la fin du mois, vous totalisez la ponte de chaque
pondeuse ; ainsi, de jour en jour, de mois en mois, s’établit à l’actif de
chaque poulette la progression de ponte ; puis, en fin de son année de
poulette, la totalité de sa production.
Vous réalisez tout cela plus rapidement qu’il ne faut de
temps pour l’exposer. Les pondeuses deviennent vite familières, se laissent
manier à volonté et paraissent prendre plaisir qu’il en soit ainsi, même les
remuantes et vives Leghorn ou Bresse ; à plus forte raison
les indolentes Wyandotte, les douces Gâtinaises, les placides Sussex
et les fières Rhode-Island.
En principe, les bonnes pondeuses nées en mars-début avril
qui pondent précocement, dès septembre-octobre, donnent en général le maximum
d’œufs dans leur année de poulettes (surtout les Leghorn, qui demandent peu ou
pas à couver). Encore qu’il soit préférable d’attendre leur seconde année pour
faire couver leurs œufs, vous pouvez mettre ceux-ci en incubation à partir de
fin février-début mars.
Donnez-leur un coq vigoureux de deux ans issu des meilleures
pondeuses, lequel transmet remarquablement les facultés de ponte. Choisissez
aussi les meilleures poulettes pour en faire des reproductrices au cours de
leur seconde année, en leur donnant un coq d’une année, excellemment conformé,
combatif et plein d’ardeur. D’année en année, vous améliorerez la ponte et
votre production sera recherchée.
Le contrôle de la ponte au nid-trappe vous permet de déceler
les médiocres pondeuses dès novembre-décembre, de plus en plus rares, et
d’éliminer ainsi les becs inutiles qui ne paient pas leur nourriture ;
puis, en les mettant à part pour les engraisser, en épinette par exemple, de
constituer de splendides poulardes pour les réunions de fin d’année.
Claude AXEL.
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