En 1938, le Cameroun avait importé 58.000 tonnes de
marchandises estimées 215 millions de francs, et il avait exporté 164.200
tonnes valant 252 millions. L’égalité douanière existant dans les
territoires sous mandat de la S. D. N., aucune protection ne pouvait
être accordée aux marchandises françaises ; cependant, la France arrivait
en tête des fournisseurs avec 57.300.000 francs, suivie par le Japon, 31 millions
de francs ; les États-Unis, 30.600.000 francs ; la Grande-Bretagne,
28.700.000 francs ; l’Allemagne, 15 millions 300.000 francs ;
les possessions britanniques, 7 millions 900.000 francs ; la
Belgique, 7.700.000 francs et les possessions françaises, 7.700.000 francs.
À l’exportation, les clients se présentaient dans l’ordre
suivant : France, 142.400.000 francs ; Pays-Bas, 58 millions
900.000 francs ; Allemagne, 21.400.000 francs ; Grande-Bretagne,
7.400.000 francs ; États-Unis, 5.100.000 francs ; possessions
françaises, 4.700.000 francs ; possessions britanniques, 2.300.000 francs.
Rallié à la France libre dès le 27 août 1940, le pays
n’a pas connu la disette des marchandises importées. Des accords économiques
avec la Grande-Bretagne lui assurèrent la vente de sa production. Les
États-Unis augmentèrent aussi leur commerce, et, après le 8 novembre 1942,
les autres colonies françaises d’Afrique reprirent leurs relations coutumières.
Pendant quatre ans, le commerce avec la métropole cessa,
mais, dès la Libération et la reprise des communications avec la métropole,
cependant bien précaires, irrégulières et rares, la situation se rétablit, et
la deuxième année de statistiques complètes nous montre en 1945, à
l’importation, 33.400 tonnes estimées 410 millions francs : en
provenance de la Grande-Bretagne, pour 197 millions francs ; de
l’Afrique du Sud, 29 millions de francs ; de France, 22.300.000
francs ; des possessions françaises, 11.500.000 francs ; des
États-Unis, 10.300.000 francs ; de la Nigeria, 3.200.000 francs.
À l’exportation, la même année, nous trouvons 86.900 tonnes
pour 559 millions de francs. Les clients se classent ainsi : France,
278 millions de francs ; Grande-Bretagne, 111 millions de
francs ; États-Unis, 105 millions de francs ; possessions
françaises, 47 millions de francs ; Afrique du Sud, 5.100.000
francs ; Nigeria, 500.000 francs.
Comme pour les importations, on constate la diminution du
tonnage et l’augmentation des valeurs résultant en partie de la baisse du
franc, de la pénurie des marchandises usinées et de l’insuffisance des
transports maritimes.
Ce que nous savons du commerce de 1946 et 1947 nous montre
que la métropole est en bonne voie pour reprendre la première place comme
fournisseur.
Les marchandises importées sont : le froment, les
sucres, les tabacs, les vins ordinaires, le ciment, les machines-outils, etc.,
le pétrole et dérivés, les autos et pièces détachées, les tissus de coton.
Les produits exportés comprennent : du cacao, des
amandes de palme, du café, de l’huile de palme, du bois, du caoutchouc, du
minerai d’étain, du minerai de titane.
Les arachides et les bananes vont reparaître sur les
statistiques qui suivront.
Depuis juillet 1940, l’or doit être remis au Trésor, qui
l’achète pour la Caisse centrale de la France d’outre-mer. En 1942, la
production était de 711 kilos ; en 1943, de 678 kilos, et
seulement de 506 kilos en 1945.
Les amandes de palme se sont montées à 35.000 tonnes et
l’huile de palme à 4.000 tonnes en 1944.
Le cacao, cultivé par les indigènes en quasi-totalité,
atteignait 35.000 tonnes la même année.
Le café, l’Arabica et le Robusta, sont cultivés sur les
hauts plateaux de Dschang et de Foumban, dans quelques plantations européennes
et chez les indigènes organisés en coopératives. Dans le Sud et l’Est, le
Libéria et l’Excelsa sont cultivés par les indigènes. En 1945, le café a fourni
6.681 tonnes valant 88 millions.
L’arachide, récoltée dans les régions de Garoua et Maroua,
donnait à l’exportation par les vapeurs anglais de la Bénoué, avant la guerre,
environ 8.000 tonnes, le reste étant consommé sur place.
La banane, produite dans l’Ouest, était exportée par le port
de Bonabéri (face à Douala, sur l’autre rive du fleuve). En 1938, il en fut
expédié 26.000 tonnes. Suspendu par la guerre, ce trafic vient de reprendre en
avril 1946.
Le caoutchouc de cueillette est récolté en forêt. Une grosse
entreprise bien outillée exploite une grande plantation sur les rives de la
Sanaga inférieure. En 1945, 3.364 tonnes valant 78 millions de francs
furent exportées.
Bois : il existe 15 millions d’hectares de forêts.
Sur la côte, on trouve des peuplements denses de palétuviers. La grande forêt
renferme des essences très dispersées, comme toute la forêt africaine. Seuls
les Européens exploitent les bois. Ils opèrent dans la partie traversée par les
chemins de fer. En 1938, l’exportation se monta à 41.000 tonnes pour 17 millions
de francs. Ce commerce reprendra avec le rétablissement des transports normaux.
Des essais de culture du quinquina dans la région de Dschang
dépassent maintenant la période des essais.
Le minerai de titane, sous forme de rutile, est exploité par
les indigènes sur les bords du Nyong et de la Sanaga. En 1944, l’exportation
s’éleva à 3.000 tonnes valant 26 millions de francs ; 315 tonnes
de minerai d’étain furent exportées en 1938.
Au début de la guerre, une exploitation de molybdénite fut
entreprise.
Il y a bien d’autres métaux de signalés, mais la prospection
complète est encore à faire, et la main-d’œuvre, peu abondante au Cameroun, est
très rare dans les régions pouvant présenter des ressources minières.
La pêche maritime et fluviale peut fournir d’importantes
ressources aux populations locales, elle est encore à organiser.
L’Adamoua et les pays du Nord sont des pays d’élevage.
Malgré les qualités et les aptitudes des éleveurs foulbés, le service
vétérinaire a fort à faire pour améliore r les races de bovidés ovins et
caprins.
Il existe 763 maisons de commerce comprenant : 315 françaises ;
283 grecques ; 60 anglaises ; 105 diverses, surtout
syriennes ; puis 8.976 maisons indigènes.
Le Cameroun dispose du port en eau profonde de Douala,
établi à 20 kilomètres de la mer sur la rive gauche du fleuve Nouri. Ses
installations satisfont actuellement aux besoins du territoire.
L’industrie comprend des entreprises de travaux publics, une
usine pour traiter le caoutchouc, des scieries, des garages et ateliers de réparations
et des entreprises de transports routiers.
Le régime des concessions est toujours le même, mais, depuis
plusieurs années, on ne délivre plus que des concessions n’excédant pas 20 hectares
pour établissement de domicile ou d’industrie.
Le régime forestier, refondu par un décret du 3 mai
1946, organise le domaine de l’État, les droits des autochtones, le
reboisement. Il prévoit l’exploitation soit en régie, soit par vente de coupes,
permis d’exploitation, ou permis de coupe d’un nombre limité d’arbres, de
pièces, de mètres cubes, de stères.
Le régime minier est fixé par le décret du 5 février
1935. Les minéraux sont classés en quatre catégories. Aucune exploitation ou
recherche ne peut être effectuée sans autorisation personnelle. Tout titulaire
peut obtenir un permis d’exploitation de 2.000 à 10.000 kilomètres carrés, ou
un permis de recherche de deux ans sur une surface de 5 à 10 kilomètres de
côté. Ensuite, on aboutit à une concession de soixante-quinze ans.
À la fin de 1944, il existait 159 permis de recherche,
340 permis d’exploitation, 58 permis spéciaux d’exploitation par
affermage et cinq concessions minières.
Victor TILLINAC.
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