La responsabilité de l’État en matière d’accident
routier.
— Un arrêté du Conseil de préfecture interdépartemental
de Rouen a apporté une contribution remarquable à l’évolution de la
jurisprudence dans le domaine de la responsabilité de l’État en matière d’accidents
de circulation routière.
C’était à l’occasion du dérapage d’un lourd camion, par
temps humide sur une route nationale, dans la traversée d’une agglomération.
Le propriétaire du camion réclamait à l’administration
compétente le remboursement des dommages-intérêts qu’il avait dû payer aux
propriétaires et locataires sinistrés, en imputant la cause exclusive du
dérapage à l’état défectueux d’une chaussée sur laquelle les accidents avaient
été fréquents depuis plusieurs années.
De son côté, l’administration s’exonérait de toute
responsabilité en reprochant au conducteur des coups de frein intempestifs et
une vitesse supérieure aux 15 kilomètres à l’heure prescrits comme maximum
par un arrêté municipal antérieur de deux années à l’accident et en s’abritant
derrière le caractère réglementaire du profil particulièrement bombé de la
chaussée et de l’usure relative du pavage la revêtant.
Malgré l’avis de l’expert, l’administration maintenait que
l’infraction à la limitation de la vitesse et le freinage maladroit étaient les
seules causes déterminantes de l’accident et qu’on ne saurait retenir à la
charge de l’État la non-modernisation de la chaussée.
La Jurisprudence du Conseil d’État prévoyait jusqu’ici la
responsabilité de l’État en cas d’absence de signalisation routière ou
d’entretien défectueux de la chaussée (par exemple, en cas d’existence de trous
dans la route, faussant la direction des véhicules automobiles et amenant
accidents et collisions).
L’arrêté du Conseil de préfecture va plus loin sur le chemin
de l’équité, puisqu’il impute à faute de l’État la viabilité insuffisante d’une
rue qui ne lui permet pas de remplir son rôle économique, à cause d’une
« disposition dangereuse, par temps de pluie, de son assiette et de sa
surface lisse et glissante dans une partie bombée et en virage ».
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