La majorité des plantes potagères ne prospèrent qu’à une
température moyenne de 15 à 20 degrés. Pendant la période hivernale, il
est donc indispensable d’avoir recours à la chaleur artificielle pour obtenir
des légumes de primeur.
Chez les maraîchers primeuristes, ou dans les propriétés
particulières, où la production doit être soutenue, on a avantage à avoir
recours au thermosiphon, le charbon, à volume égal, produisant quatre fois plus
de calories que le fumier. Toutefois, chez les petits propriétaires, l’emploi
des couches est toujours recommandable, parce que d’une installation plus
facile et moins onéreuse ; elles offrent, en outre, l’avantage, après
utilisation, de fournir un terreau qui trouve de multiples emplois en culture
potagère.
Les couches sont des amas de matières organiques animales et
végétales dont l’entassement provoque, par fermentation, la production de
chaleur nécessaire au développement rapide des plantes.
Selon la plus ou moins grande épaisseur de la couche et la
nature des matières utilisées dans sa confection, la chaleur dégagée peut
varier de façon assez sensible.
Les couches chaudes sont obtenues à l’aide d’un
mélange de deux tiers de fumier de cheval frais pour un tiers de feuilles
sèches ou de fumier de cheval ayant déjà fermenté (fumier recuit).
Les matières constitutives, quelle que soit leur nature,
doivent être intimement mélangées. Après quoi, on les dispose par lits
successifs à l’emplacement des couches, généralement dans une partie du jardin
potager, très éclairée, exposée au midi et abritée des vents froids. La largeur
d’une couche est d’environ 1m,50, son épaisseur ne doit pas être
inférieure à 0m,50 après tassage et arrosage. Le tassage doit être
fait méthodiquement, car de sa bonne exécution dépend la régularité de la
fermentation et son intensité. La température de la couche s’élève rapidement
après le montage ; c’est le coup de feu des jardiniers. Il se
produit généralement au bout de cinq à six jours, puis est suivi d’un
abaissement progressif jusqu’à 20 ou 25 degrés. C’est durant cette période
de stabilisation relative que peuvent être effectués les semis ou repiquages
des melons, concombres, aubergines, piments, tomates, chicorées frisées et
scaroles, etc.
Les couches tièdes suffisent aux semis de carottes,
laitues, poireaux, céleris, radis, etc.
Pour la confection de ces dernières, on utilise par moitié
le fumier frais et le fumier recuit, ou les feuilles. D’ailleurs, cette
donnée n’a rien d’absolu, les proportions du mélange peuvent varier selon la
température que l’on veut obtenir, l’époque d’exécution et le climat de la
région ; les couches sont d’autant plus chaudes qu’elles contiennent plus
de fumier frais.
Les couches sourdes diffèrent des précédentes en ce
qu’on les établit dans des tranchées creusées à même le sol, mais en utilisant
pour leur confection les mêmes matières. Les couches sourdes donnent une
chaleur faible, mais prolongée ; elles sont utiles pour les semis et les
repiquages, la culture des légumes dont on veut hâter la croissance ou prolonger
la récolte jusqu’aux premiers froids. Elles ne portent généralement ni cloche,
ni châssis, mais, par les nuits fraîches du printemps et de l’arrière-saison,
on les recouvre de paillassons.
GOUMY.
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