La resserre d’hiver.
— En plein cœur de l’hiver, vous manquerez toujours de
légumes verts vitaminés si vous n’avez pas eu la prévoyance de créer dans votre
cave une sorte de culture, permettant de récolter, même par les plus grands
froids, toutes espèces de salades, des poireaux et des racines, notamment des
radis, des carottes, des choux-navets, des navets, des scorsonères, etc.,
lesquels se flétrissent et se ratatinent au contact de l’air, dans les caves et
les celliers.
Pour éviter cette carence légumière, munissez-vous d’un tas
de sable, en quantité telle que vous puissiez monter, le long d’un mur de votre
cave, une sorte de plate-bande épaisse de 20 à 25 centimètres, soutenue sur le
devant par une planche de champ, maintenue par des piquets.
C’est dans ce sable que vous enfouirez verticalement, sans
qu’elles se touchent, les racines à conserver, celles-ci ayant été arrachées et
décolletées avant l’arrivée des grands froids. Ainsi enrobés, ces légumes
conserveront toute leur eau de végétation et ils resteront aussi frais que
s’ils étaient restés en terre.
De même, votre approvisionnement en salades et en poireaux
sera assuré si vous arrachez avec la motte laitues, endives, chicorées,
scaroles, etc., pour les repiquer dans le sable un peu frais.
Si vous voulez forcer la witloof, réservez un petit carré de
votre plate-bande où vous repiquerez vos racines décolletées. Arrosez et
recouvrez d’une couche de terreau, de 15 à 20 centimètres d’épaisseur, ou,
à défaut, de terre très légère. Vous pourrez récolter des endives au bout de
cinq semaines, ou beaucoup plus vite en montant une couche de fumier chaud.
Couche à trois châssis.
— Pour produire les premiers légumes, si appréciés au
cœur de l’hiver, il vous faut des châssis vitrés, du modèle maraîcher, que vous
achèterez ou que vous construirez vous-même.
Avec trois châssis, vous pourrez monter, courant janvier,
une couche, enterrée ou non, sous une épaisseur de 60 centimètres de
fumier chaud, bien tassé, que vous recouvrirez de 15 à 20 centimètres de
terreau, celui-ci devant affleurer à une petite distance du vitrage. Dans le
cas où vous utiliseriez un coffre en bois, placé en élévation, il faudrait vous
tenir prêt à l’entourer de fumier de cheval lorsque surviendront les fortes
gelées, et à faire usage des paillassons pendant la nuit.
Une fois le terreau réchauffé, semez l’un des châssis en
radis et carottes, soit à la volée ou mieux en lignes. À la volée, distribuez
d’abord un peu de graine de radis, très clair, en donnant un coup de râteau
pour l’enterrer. Semez ensuite la carotte, en choisissant les variétés hâtives,
de préférence la courte de Bellot ou la Hollande. Recouvrez d’une mince couche
de terreau, que vous tassez légèrement à la planche. Si vous semez en lignes,
tracez à l’aide d’une planche à rayonner des sillons distants de 6 à 8 centimètres,
dans lesquels vous distribuez alternativement la graine de radis et celle de
carotte, les sillons destinés aux radis devant être un peu plus profonds que
pour la carotte. Recouvrez avec le dos du râteau.
Dans le deuxième châssis, semez à la volée ou en lignes de
la graine de chou, toujours à la distance de 7 à 8 centimètres, en
choisissant des variétés précoces (Express hâtif, Joanet, Milan court, etc.).
Lorsque ces choux auront trois ou quatre feuilles, repiquez-les sur le même
châssis, afin de leur faire prendre du chevelu, et, par la suite, mettez-les en
place sur côtière terreautée et abritée, dès qu’ils toucheront le vitrage.
Aussitôt leur enlèvement, vous pouvez, à votre choix, semer des carottes, des radis,
ou élever du plant.
Dans le troisième châssis, repiquez 16 à 20 pieds de
salade Gotte élevés en novembre, ou, à défaut, semez clair de la graine de
Gotte ou de Reine de mai, que vous éclaircirez au fur et à mesure, en dégageant
les pieds devant fournir les pommes.
Production prolongée des asperges.
— En créant votre aspergeraie, plantez des variétés à
maturité échelonnée, de manière à prolonger le plus possible la cueillette.
Admettons que votre plantation comprenne neuf lignes
d’asperges : vous ferez alterner les variétés Argenteuil hâtive, violette
de Hollande et Argenteuil tardive. Ainsi vous prolongerez de plus d’un mois la
période de pleine production. Mais on peut faire mieux encore.
En effet, lorsque le rendement de votre aspergeraie
s’amenuise, du fait de l’âge des pieds et de leur dispersion dans les
interlignes, vous devez songer à la rajeunir par des plantations nouvelles,
portant tous les ans sur un nombre limité de lignes, par exemple sur un tiers,
comprenant un rang de chacune des trois variétés précitées.
Les vieilles griffes arrachées étant forcées sur couches
chaudes, les plus précoces au début de janvier, les deuxièmes à la fin du même
mois, et les troisièmes courant de février, vous récolterez des asperges en
février, mars et avril, c’est-à-dire jusqu’à la récolte des asperges de pleine
terre.
Labours d’arrière-saison.
— Depuis plusieurs années, et plus particulièrement en
1947, les méfaits occasionnés par la sécheresse sont immenses. Les plantes,
assoiffées par le manque de pluie et le grand soleil, n’ont pu se développer.
Qu’il s’agisse de tubercules, de racines, de légumes feuillus, de légumineuses,
etc., on n’a pu obtenir que de faibles récoltes.
Cela tient surtout à l’épuisement des réserves d’eau dans le
sol et le sous-sol ; les pluies hivernales n’ayant pas été retenues dans
la couche arable, ou ayant ruisselé à sa surface, il en est résulté un
assèchement complet lorsque sont arrivés le hâle et le soleil. L’humidité
n’ayant pu monter par capillarité au contact des racines, la végétation s’est
trouvée arrêtée, et les plantes ont séché sur pied, malgré les arrosages, car
l’eau épandue sous cette forme n’a pu pénétrer en terre, et elle s’est évaporée
aussitôt son aspersion.
Il n’en aurait pas été de même si, à l’arrière-saison, on avait
labouré profondément toutes les parcelles du potager, en enfouissant en même
temps tout le fumier disponible. La chose s’explique aisément, puisque les
terres tassées favorisent le ruissellement, ainsi que l’évaporation, tandis que
les terres meubles se laissent pénétrer, et qu’elles retiennent d’autant plus
d’eau qu’elles contiennent d’humus et de fumier.
Dans un jardin bien approvisionné en eau, il aurait suffi
d’effectuer quelques binages légers pour empêcher le terrain de se croûter en
surface, afin de récupérer entièrement les petites pluies de printemps, et,
avec les réserves emmagasinées, les plantes auraient pu s’accroître
normalement.
Donc, si les labours n’ont pas été faits à l’arrière-saison,
il convient de ne pas attendre plus longtemps pour bêcher profondément les
carrés du potager et y enfouir les fumiers.
Adonis LÉGUME.
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