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Élevage

Sels minéraux et vitamines

dans l'alimentation des ovins

Les animaux sauvages trouvent eux-mêmes la totalité des aliments qui leur sont nécessaires ; il n’en est pas de même de leurs congénères domestiques. Ceux-ci reçoivent leur nourriture de la main de l’homme ; c’est à ce dernier qu’incombe la charge de leur fournir tout ce qui est nécessaire à la satisfaction de leurs besoins.

Les jeunes, surtout, sont sensibles au bon équilibre de leur ration alimentaire. Cet équilibre est indispensable pour éviter des troubles graves ou des maladies qui entravent la croissance et nuisent à leur avenir économique.

Parmi les troubles causés par une alimentation défectueuse, ceux qui résultent d’une insuffisance de vitamines et de matières minérales sont les plus fréquents. On les constate très souvent sur les porcelets et les veaux. Les agneaux, moins sensibles que les espèces précédentes, voient cependant souvent leur croissance entravée et leur sensibilité aux maladies accrue par une carence de ces produits.

Les agneaux élevés au pâturage se défendent en général bien. Il n’en est pas de même de ceux qui sont nourris pendant l’hiver à la bergerie et qu’on suralimente pour les amener rapidement au poids de boucherie.

Dans ce cas, il est important de surveiller attentivement l’équilibre des rations en sels minéraux et en vitamines.

Matières minérales.

— Les tissus animaux, et spécialement les os, contiennent en abondance des matières minérales empruntées aux fourrages. Le déficit ou la mauvaise fixation de ces produits est surtout ressentie par les agneaux et les mères gestantes.

La bonne utilisation des principes minéraux est sous la dépendance de leur existence en proportion équilibrée et de la présence de certaines vitamines qui permettent leur fixation par l’organisme animal.

La liste des aliments reconnus nécessaires s’allonge constamment. L’absence de doses infinitésimales de certains est la cause de troubles fonctionnels, de baisses de rendement ou d’infécondité.

Nous ne citerons que ceux qui font le plus fréquemment défaut dans les sols de notre pays.

Le calcium et le phosphore entrent pour une part importante dans la constitution des os. Sur les sujets qui en reçoivent insuffisamment, on constate une mauvaise ossification, des déformations du squelette et des troubles de croissance. Ces produits jouent également un rôle régulateur dans la fonction reproductrice.

Le magnésium et le potassium ont également un rôle régulateur général.

La composition minérale des fourrages est en rapport étroit avec celle des sols sur lesquels ils ont poussé. Les plantes des terrains pauvres en chaux et en acide phosphorique (terrains granitiques par exemple) en contiennent peu. Il est nécessaire d’en ajouter aux aliments récoltés sur ces sols.

Notons encore que l’assimilation de ces éléments est conditionnée par la présence de la vitamine D.

Vitamines.

— Les vitamines ont pris rapidement une place importante dans l’alimentation en raison des maladies qui résultent de leur insuffisance ou de leur absence dans les rations.

Les besoins des différentes espèces animales sont très différents. Les moutons sont surtout sensibles aux vitamines suivantes :

    Vitamine A de croissance ;
    Vitamine B1 antinévritique ;
    Vitamine B2 d’utilisation nutritive ;
    Vitamine D antirachitique.

Les vitamines B1 et B2 sont normalement présentes dans les fourrages habituels des ovins. Au contraire, les vitamines A et D sont souvent en quantités insuffisantes dans les aliments distribués aux moutons entretenus en bergerie pendant l’hiver. Les mères nourrices et les agneaux ressentent surtout les conséquences de cette carence.

On corrigera la pauvreté des fourrages en sels minéraux et en vitamines en opérant de la manière suivante.

Le professeur Leroy a préconisé un mélange dont la composition est la suivante :

Phosphate de chaux tricalcique 4 parties.
Sel marin 3
Carbonate de calcium (craie lavée) 2
Sulfate de magnésium 1

Il doit être distribué pendant les mois d’hiver à raison de 20 grammes par brebis nourrice et de 10 grammes par agneau sevré.

On réservera, en outre, de préférence aux mères et aux jeunes le foin de légumineuses, plus riche en sels minéraux que celui des graminées, et on évitera l’excès d’aliments acides (pulpes, ensilage) et de substances riches en sels de potasse (feuilles et collets de betteraves, foin des prairies acides, etc.).

On remédie au manque de vitamines A et D en donnant pendant l’hiver, aux mêmes catégories d’animaux, soit de l’huile de foie de morue, soit des préparations commerciales vitaminées provenant de maisons sérieuses.

Pour une brebis en lactation, on compte 5 centimètres cubes d’huile par jour et pour un agneau 1 centimètre cube par 5 kilogrammes de poids vif.

Quant aux préparations commerciales, leur teneur en vitamines étant variable, il suffit de se conformer aux indications du fabricant.

R. LAURANS,

Ingénieur agricole.

Le Chasseur Français N°618 Février 1948 Page 34