Dans la pratique courante, on désigne sous le nom de
« plantes bulbeuses », ou plus souvent d’ « oignons à
fleurs », un certain nombre de végétaux dont la vie se trouve concentrée,
pendant une assez longue période, dite « de repos » dans un oignon ou
bulbe, dans un rhizome ou souche, dans un tubercule ou une tubérosité.
On peut en faire deux groupes bien distincts :
1° Les plantes dont la période de repos va de juillet à
novembre et dont la floraison s’effectue au printemps ;
2° Celles qui fleurissent en été ou en automne, et dont la
période de repos va de novembre à mars ou avril.
Du deuxième groupe font notamment partie les glaïeuls.
Les Glaïeuls de Gand et leurs variétés hybrides sont
des plantes vigoureuses, peu exigeantes sous le rapport de la nature du
terrain, s’accommodant bien de la culture ordinaire du jardin. Il y en a de
beaucoup de nuances : rouge écarlate, vermillon, carmin, rose et rose
violacé, violet, lilas, ardoisé, jaune, blanc, etc. Il existe aussi des
variétés à fleurs panachées, flammées, maculées, bariolées, les unes à longues
hampes, d’autres beaucoup plus naines.
Les plus modernes ont de grandes fleurs, bien ouvertes, à
divisions larges, arrondies, régulières, à coloris bien francs et bien tranchés
lorsqu’une fleur en comporte deux. On apprécie surtout celles dont les fleurs
se présentent toutes du même côté de la hampe et non à droite et à gauche.
L’effet produit, en pleine floraison, est de beaucoup supérieur.
Les Glaïeuls de Lemoine, encore appelés Glaïeuls
hybrides à grandes macules, ont des fleurs plus petites et surtout plus
évasées, de coloris très divers et présentant toutes une large tache écarlate,
pourpre ou marron, souvent bordée d’une couleur plus claire ou plus foncée,
faisant un agréable contraste avec la teinte générale de la fleur.
Les Glaïeuls de Nancy ont de très grandes fleurs, et
celles-ci ont une remarquable intensité de coloris, surtout dans les tons
vermillons et orangés. Il existe aussi des tons rouge-sang foncé avec macules
blanches ou jaunes, bleu ardoisé lavé de carmin, orange dégradé de nuances
saumon ou rose pâle, etc.
La culture de ces diverses espèces est assez simple. On
plante les bulbes en fin mars-avril, en terrain bien préparé, fumé depuis
quelque temps, de préférence avec du fumier de vache déjà à demi décomposé. Si
l’on veut avoir des fleurs sans interruption, de juillet à octobre, on peut
faire, en outre, une seconde plantation de glaïeuls dans la première quinzaine
de mai et une troisième fin mai.
La distance de plantation est de 20 à 25 centimètres,
davantage même si les bulbes sont gros. On les enterre de 6 à 7 centimètres,
puis on ameublit bien la surface du sol et on le couvre d’un paillis de fumier
gras, court et consommé, destiné à empêcher le dessèchement et le durcissement
de cette surface.
En été, si le temps est sec, on arrose souvent. La floraison
se produit pendant toute la belle saison et, si l’automne est chaud et sec, il
n’est pas rare de voir des fleurs jusqu’aux gelées. Lorsque les fleurs sont
passées, et si l’on ne tient pas à récolter les graines, on coupe les tiges
sans toucher aux feuilles. Lorsque celles-ci sont devenues jaunes, les oignons
peuvent être arrachés.
On procède à cet arrachage vers le début de novembre, de
préférence par beau temps. On laisse les bulbes se ressuyer à l’air et on les
rentre en lieu sec et à l’abri de la gelée. Ils y resteront jusqu’au moment de
la plantation, en mars ou avril suivant.
La plupart des variétés ou hybrides de glaïeuls donnent des
bulbilles et des caïeux en assez grande quantité. La grosseur des bulbilles
varie de celle d’un pois à celle d’une noisette. Ils naissent autour des bulbes
adultes sans produire de feuilles l’année de leur formation. Ils sont plus
résistants au froid que les bulbes adultes et peuvent, au besoin, rester dehors
l’hiver, même sans être enterrés, sans trop en souffrir. C’est pourquoi
quelques horticulteurs spécialistes les sèment dès l’automne, peu de temps
après leur récolte, en pépinière dans un terrain léger et très sain, soit à la
volée, soit en lignes.
Mais la plantation du printemps est plus généralement
pratiquée, aussi bien pour les bulbes adultes que pour les caïeux ou les
bulbilles. Pour ces derniers, la floraison commence seulement la deuxième, la
troisième ou même la quatrième année.
Le semis de graines n’est guère pratiqué, pour les glaïeuls,
que lorsqu’on cherche à obtenir des variétés nouvelles et que l’on ne tient pas
à des coloris très purs.
Dans ce cas, le semis s’effectue, soit dès que les graines
sont mûres, en terre sableuse, sous châssis à froid ou en pots ou terrines
tenus sous châssis, soit dès février, sous châssis, ou mieux en mars-avril, et
jusqu’en mai, en planches.
La première année, on laisse les petits bulbes passer
l’hiver dehors en les garantissant, cependant, avec une couverture de feuilles
ou de paille.
Mais, l’année suivante, on les arrache à l’automne, après
maturité, et on les conserve pour les traiter ensuite comme des bulbes adultes.
Par la beauté et la durée de leurs fleurs, les glaïeuls,
surtout les Glaïeuls de Gand, sont des plantes précieuses pour
l’ornementation des jardins. On peut en faire de fort belles corbeilles au
jardin paysager, en parer les plates-bandes en situation ensoleillée, en
dissimuler les tiges dénudées de certains arbres et arbustes, en former de très
jolis groupes.
Peu de fleurs se prêtent aussi bien à la décoration des
appartements et sont aussi faciles à arranger dans les vases. En coupant les
hampes seulement fleuries en partie, on a le plaisir de voir les fleurs encore
en boutons s’épanouir successivement dans l’eau, ce qui prolonge beaucoup la
durée de la garniture.
E DELPLACE.
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