La tonte, qui se pratique une fois par an, commence dès que
la température printanière est suffisamment élevée pour que les moutons n’aient
pas à craindre de brusques refroidissements.
Elle débute en avril dans le Midi, pour se poursuivre
jusqu’en juillet à mesure que l’on va vers le nord ou qu’on s’élève en
altitude. On choisira de préférence une période sèche et chaude pour cette
opération.
Pendant longtemps, on a eu exclusivement recours aux forces,
sorte de grands ciseaux qui ne permettaient qu’une coupe imparfaite. On dispose
maintenant d’appareils qui tondent plus ras et plus rapidement.
Les tondeuses à main sont employées dans les petits
troupeaux, mais, dès que le nombre d’animaux devient un peu important, on fait
usage des tondeuses mécaniques.
Aujourd’hui que l’énergie électrique est largement répandue
dans les campagnes, il est facile d’utiliser les tondeuses électriques, qui ont
l’avantage de pouvoir être maniées d’une seule main, laissant l’autre libre
pour manipuler le mouton, tendre la peau ou écarter la laine coupée.
Les petits modèles ont un moteur logé dans la poignée,
d’autres sont actionnés par un moteur plus puissant dont le mouvement de
rotation est transmis au peigne par un flexible. Enfin, dans le système qui
permet d’obtenir le plus grand rendement, le mouvement est transmis par une
corde de cuir qui se déplace à l’intérieur d’un bras articulé. Commandé par un
moteur puissant, on peut utiliser une plus grande largeur de coupe et augmenter
la rapidité du mouvement. On obtient ainsi un travail plus propre et effectué
dans un temps minimum.
D’après des essais réalisés à la Bergerie nationale de
Rambouillet, les temps nécessaires à la tonte d’un mouton varient, pour un
tondeur d’habileté moyenne, entre les chiffres suivants :
en minutes ... |
Mouton mérinos de Rambouillet. |
Mouton type berrichon. |
Forces |
40 à 50 |
20 à 30 |
Tondeuse à main |
30 à 40 |
10 à 20 |
Tondeuse électrique à commande articulée |
25 à 30 |
4 à 5 |
La valeur de la toison dépend pour une large part des soins
apportés à la tonte. Cette opération doit être pratiquée sur une aire débarrassée
des pailles et du fumier. Lorsqu’on a la possibilité de cimenter un coin de la
bergerie, on peut organiser un atelier de tonte où le berger pourra travailler
à l’aise et à l’abri des intempéries.
Les parties les plus sales de la toison seront enlevées aux
forces. Cette laine grossière et crotteuse ne doit pas être vendue avec la
laine propre, dont elle diminue le prix moyen. L’acheteur n’est pas dupe et se
prémunit contre la mauvaise qualité de la marchandise en la payant à un taux
tel qu’il n’ait pas à subir de surprise désagréable.
Nos laines de France sont généralement moins bien présentées
que les toisons étrangères. L’amélioration de la présentation amènerait
certainement une valorisation de cette marchandise.
Les toisons tondues doivent rester d’une seule pièce afin de
faciliter le triage. Pour les lier, on les place sur le sol côté chair en
dessus et, après avoir enlevé les parties les plus sales, on replie les côtés
et roule la toison en un ballot. Il peut être lié avec un tortillon fait avec la
laine elle-même, ou, si la mèche n’est pas assez longue, avec une ficelle de
papier. Il faut absolument proscrire la ficelle de sisal, qui laisse des
fragments difficiles à éliminer pendant le traitement industriel.
Si la laine n’est pas livrée immédiatement, il convient de
la placer dans un local sec et aéré. Les tas ne seront pas volumineux, sous
peine de voir la masse s’échauffer et perdre de sa valeur.
L’effort des éleveurs doit porter surtout sur une meilleure
présentation des lots. Elle ne peut qu’être avantageuse à tous les intéressés
au marché et à la transformation de la laine et retentir avantageusement sur
les prix.
R. LAURANS,
Ingénieur agricole.
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