Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°619 Avril 1948  > Page 79 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Élevage

La tonte des moutons

La tonte, qui se pratique une fois par an, commence dès que la température printanière est suffisamment élevée pour que les moutons n’aient pas à craindre de brusques refroidissements.

Elle débute en avril dans le Midi, pour se poursuivre jusqu’en juillet à mesure que l’on va vers le nord ou qu’on s’élève en altitude. On choisira de préférence une période sèche et chaude pour cette opération.

Pendant longtemps, on a eu exclusivement recours aux forces, sorte de grands ciseaux qui ne permettaient qu’une coupe imparfaite. On dispose maintenant d’appareils qui tondent plus ras et plus rapidement.

Les tondeuses à main sont employées dans les petits troupeaux, mais, dès que le nombre d’animaux devient un peu important, on fait usage des tondeuses mécaniques.

Aujourd’hui que l’énergie électrique est largement répandue dans les campagnes, il est facile d’utiliser les tondeuses électriques, qui ont l’avantage de pouvoir être maniées d’une seule main, laissant l’autre libre pour manipuler le mouton, tendre la peau ou écarter la laine coupée.

Les petits modèles ont un moteur logé dans la poignée, d’autres sont actionnés par un moteur plus puissant dont le mouvement de rotation est transmis au peigne par un flexible. Enfin, dans le système qui permet d’obtenir le plus grand rendement, le mouvement est transmis par une corde de cuir qui se déplace à l’intérieur d’un bras articulé. Commandé par un moteur puissant, on peut utiliser une plus grande largeur de coupe et augmenter la rapidité du mouvement. On obtient ainsi un travail plus propre et effectué dans un temps minimum.

D’après des essais réalisés à la Bergerie nationale de Rambouillet, les temps nécessaires à la tonte d’un mouton varient, pour un tondeur d’habileté moyenne, entre les chiffres suivants :

en minutes ... Mouton mérinos de Rambouillet. Mouton type berrichon.
Forces 40 à 50 20 à 30
Tondeuse à main 30 à 40 10 à 20
Tondeuse électrique à commande articulée 25 à 30 4 à 5

La valeur de la toison dépend pour une large part des soins apportés à la tonte. Cette opération doit être pratiquée sur une aire débarrassée des pailles et du fumier. Lorsqu’on a la possibilité de cimenter un coin de la bergerie, on peut organiser un atelier de tonte où le berger pourra travailler à l’aise et à l’abri des intempéries.

Les parties les plus sales de la toison seront enlevées aux forces. Cette laine grossière et crotteuse ne doit pas être vendue avec la laine propre, dont elle diminue le prix moyen. L’acheteur n’est pas dupe et se prémunit contre la mauvaise qualité de la marchandise en la payant à un taux tel qu’il n’ait pas à subir de surprise désagréable.

Nos laines de France sont généralement moins bien présentées que les toisons étrangères. L’amélioration de la présentation amènerait certainement une valorisation de cette marchandise.

Les toisons tondues doivent rester d’une seule pièce afin de faciliter le triage. Pour les lier, on les place sur le sol côté chair en dessus et, après avoir enlevé les parties les plus sales, on replie les côtés et roule la toison en un ballot. Il peut être lié avec un tortillon fait avec la laine elle-même, ou, si la mèche n’est pas assez longue, avec une ficelle de papier. Il faut absolument proscrire la ficelle de sisal, qui laisse des fragments difficiles à éliminer pendant le traitement industriel.

Si la laine n’est pas livrée immédiatement, il convient de la placer dans un local sec et aéré. Les tas ne seront pas volumineux, sous peine de voir la masse s’échauffer et perdre de sa valeur.

L’effort des éleveurs doit porter surtout sur une meilleure présentation des lots. Elle ne peut qu’être avantageuse à tous les intéressés au marché et à la transformation de la laine et retentir avantageusement sur les prix.

R. LAURANS,

Ingénieur agricole.

Le Chasseur Français N°619 Avril 1948 Page 79