Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°619 Avril 1948  > Page 80 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Le porc familial

Un cochon ou deux cochons ?

— Dans toutes les maisons de campagne, même les plus modestes, disposant d’un potager et d’un verger planté, on devrait élever un porc tous les ans, de manière à approvisionner la ménagère en lard et saindoux pour les fritures, en jambon et en petit salé, ainsi qu’en charcuteries de garde (saucissons, andouilles, rillettes, pâtés, etc.) fabriquées avec les abats.

Par ailleurs, dans les fermettes où l’on entretient une vache ou simplement des chèvres, on peut, avec les sous-produits du lait, en cultivant un petit champ de pommes de terre, engraisser deux cochons tous les ans, afin de pouvoir en sacrifier un tous les six mois. Ainsi se trouverait résolu au mieux le difficile problème du ravitaillement familial.

Cette perspective réjouissante est toujours possible dès l’instant que l’on veut se donner la peine de se procurer la nourriture nécessaire et suffisante à l’accroissement alternatif de un ou deux porcs, pesant à l’origine 20 à 25 kilogrammes, pour les amener au poids vif de 100 à 125 kilogrammes, celui qui fournit la meilleure viande.

La seule ombre au tableau, c’est que, si le porc fait ventre de tout, il est un gros mangeur, et, pour qu’il profite au maximum, sa ration doit être bien équilibrée. La première chose à faire est de se prémunir en denrées diverses, soit qu’on les achète, soit qu’on les cultive.

Un seul porc sans laitage.

— Un goret de quatre à six semaines, devant peser environ 100 kilogrammes en un peu moins de six mois, consommera une moyenne de 2kg,200 de farineux divers tous les jours, sans compter les verdures complémentaires, ce qui représente, pour les cent quatre-vingts jours, 400 kilogrammes de grains en farine et autant de fourrages verts (vesces, trèfles, choux, etc., en été ; betteraves et autres racines en hiver).

C’est seulement après s’être assuré de stock de denrées que l’on peut acheter le porcelet et le conduire à point pour le sacrifice, plus ou moins vite suivant que l’on aura su rendre la nourriture profitable, en choisissant une race de rapide venue, telle que le Yorkshire Large White.

Actuellement, il n’y a pas lieu de se montrer trop difficile sur le choix des farineux. On prend ce que l’on trouve (petit blé, avoine, orge, mais, etc.) qu’on livre à la mouture, en y ajoutant 10 p. 100 de son et 10 p. 100 de tourteau. Le tourteau peut être remplacé par des farines de légumineuses, riches en protéine, ou encore par des farines de viande ou de poisson.

Le ravitaillement des bêtes n’étant pas plus assuré que celui des gens, il n’est guère possible de préciser les quantités à employer de telle ou telle céréale, ni des succédanés que l’on prendra pour constituer des rations normales. On ne peut le faire que d’une façon approximative, sous la rubrique farineux associés et verdures diverses, quel que soit le mode de présentation des aliments, en pâtée sèche ou en pâtée humide, avec le concours des eaux grasses ménagères.

Une ration type pour un coureur de 50 kilogrammes peut être constituée comme suit :

Pâtée sèche ou humide en deux repas :

Farine d’avoine et d’orge 1.200 grammes.
Tourteau d’arachide ou autre 250
Gros son de froment 200
Minéraux associés 50

Repas du midi : verdures diverses, 2 kilogrammes.

À défaut de verdures, on distribuera au repas du midi de l’avoine germée à la dose de 250 grammes par tête, de manière que le porc ne manque pas de principes énergétiques, ni des vitamines nécessaires à la nutrition et à son bon fonctionnement ; ils seront constitués par le mélange intime des produits ci-après :

Phosphate de chaux finement moulu 35 parties.
Carbonate de chaux en poudre 35
Chlorure de sodium (sel marin) 10
Charbon de bois pilé 10
Sulfate de fer 5
Sulfate de magnésie 5

Alimentation à la pâtée humide.

— Dans le cas où on disposerait d’un stock de pommes de terre et de résidus du lait, (lait écrémé, babeurre, sérum de fromagerie), on constituerait une pâtée humide ayant à peu près même composition que la précédente, laquelle permettrait de supprimer une partie des farineux, souvent difficiles à trouver. La formule ci-après donnerait également de bons résultats :

Pommes de terre cuites 3 kilogrammes.
Gros son 250 grammes.
Tourteau d’arachides 200
Minéraux associés 50
Lait écrémé 2 litres.
Verdures variées 2 kilogrammes.

Si le tourteau manque, on le remplacera par 150 grammes de farine de viande ou de poisson. On pourra également recourir aux déchets de boucherie ou de triperie à la dose de 400 à 500 grammes.

C. ARNOULD.

Le Chasseur Français N°619 Avril 1948 Page 80