Un cochon ou deux cochons ?
— Dans toutes les maisons de campagne, même les plus
modestes, disposant d’un potager et d’un verger planté, on devrait élever un
porc tous les ans, de manière à approvisionner la ménagère en lard et saindoux
pour les fritures, en jambon et en petit salé, ainsi qu’en charcuteries de
garde (saucissons, andouilles, rillettes, pâtés, etc.) fabriquées avec les
abats.
Par ailleurs, dans les fermettes où l’on entretient une
vache ou simplement des chèvres, on peut, avec les sous-produits du lait, en
cultivant un petit champ de pommes de terre, engraisser deux cochons tous les
ans, afin de pouvoir en sacrifier un tous les six mois. Ainsi se trouverait
résolu au mieux le difficile problème du ravitaillement familial.
Cette perspective réjouissante est toujours possible dès
l’instant que l’on veut se donner la peine de se procurer la nourriture
nécessaire et suffisante à l’accroissement alternatif de un ou deux porcs,
pesant à l’origine 20 à 25 kilogrammes, pour les amener au poids vif de 100 à
125 kilogrammes, celui qui fournit la meilleure viande.
La seule ombre au tableau, c’est que, si le porc fait ventre
de tout, il est un gros mangeur, et, pour qu’il profite au maximum, sa ration
doit être bien équilibrée. La première chose à faire est de se prémunir en
denrées diverses, soit qu’on les achète, soit qu’on les cultive.
Un seul porc sans laitage.
— Un goret de quatre à six semaines, devant peser
environ 100 kilogrammes en un peu moins de six mois, consommera une
moyenne de 2kg,200 de farineux divers tous les jours, sans compter
les verdures complémentaires, ce qui représente, pour les cent quatre-vingts
jours, 400 kilogrammes de grains en farine et autant de fourrages verts
(vesces, trèfles, choux, etc., en été ; betteraves et autres racines en
hiver).
C’est seulement après s’être assuré de stock de denrées que
l’on peut acheter le porcelet et le conduire à point pour le sacrifice, plus ou
moins vite suivant que l’on aura su rendre la nourriture profitable, en
choisissant une race de rapide venue, telle que le Yorkshire Large White.
Actuellement, il n’y a pas lieu de se montrer trop difficile
sur le choix des farineux. On prend ce que l’on trouve (petit blé, avoine,
orge, mais, etc.) qu’on livre à la mouture, en y ajoutant 10 p. 100 de son
et 10 p. 100 de tourteau. Le tourteau peut être remplacé par des farines
de légumineuses, riches en protéine, ou encore par des farines de viande ou de
poisson.
Le ravitaillement des bêtes n’étant pas plus assuré que
celui des gens, il n’est guère possible de préciser les quantités à employer de
telle ou telle céréale, ni des succédanés que l’on prendra pour constituer des
rations normales. On ne peut le faire que d’une façon approximative, sous la
rubrique farineux associés et verdures diverses, quel que soit le mode de
présentation des aliments, en pâtée sèche ou en pâtée humide, avec le concours
des eaux grasses ménagères.
Une ration type pour un coureur de 50 kilogrammes peut
être constituée comme suit :
Pâtée sèche ou humide en deux repas :
Farine d’avoine et d’orge |
1.200 |
grammes. |
Tourteau d’arachide ou autre |
250 |
— |
Gros son de froment |
200 |
— |
Minéraux associés |
50 |
— |
Repas du midi : verdures diverses, 2 kilogrammes.
À défaut de verdures, on distribuera au repas du midi de
l’avoine germée à la dose de 250 grammes par tête, de manière que le porc
ne manque pas de principes énergétiques, ni des vitamines nécessaires à la
nutrition et à son bon fonctionnement ; ils seront constitués par le
mélange intime des produits ci-après :
Phosphate de chaux finement moulu |
35 |
parties. |
Carbonate de chaux en poudre |
35 |
— |
Chlorure de sodium (sel marin) |
10 |
— |
Charbon de bois pilé |
10 |
— |
Sulfate de fer |
5 |
— |
Sulfate de magnésie |
5 |
— |
Alimentation à la pâtée humide.
— Dans le cas où on disposerait d’un stock de pommes de
terre et de résidus du lait, (lait écrémé, babeurre, sérum de fromagerie), on
constituerait une pâtée humide ayant à peu près même composition que la
précédente, laquelle permettrait de supprimer une partie des farineux, souvent
difficiles à trouver. La formule ci-après donnerait également de bons
résultats :
Pommes de terre cuites |
3 |
kilogrammes. |
Gros son |
250 |
grammes. |
Tourteau d’arachides |
200 |
— |
Minéraux associés |
50 |
— |
Lait écrémé |
2 |
litres. |
Verdures variées |
2 |
kilogrammes. |
Si le tourteau manque, on le remplacera par 150 grammes
de farine de viande ou de poisson. On pourra également recourir aux déchets de
boucherie ou de triperie à la dose de 400 à 500 grammes.
C. ARNOULD.
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