Le chou-fleur n’est pas d’une culture difficile, mais il est
toutefois exigeant sous deux rapports : humidité et nourriture. Il lui
faut un terrain frais et substantiel ; la non-réussite est le résultat de
la méconnaissance de ces deux nécessités. Encore est-il nécessaire de préciser
que, si la plante a besoin de fraîcheur, elle n’en redoute pas moins les sols
humides à l’excès ; le terrain ne doit pas être compact, mais perméable.
L’eau nécessaire devra être fournie à l’époque donnée et par grande quantité à
la fois. Le sol devra être riche en humus et en principes rapidement
assimilables. Le fumier bien décomposé, les gadoues, les déchets de couche
donnent d’excellents résultats, surtout si on complète la fumure par un
épandage de 60 grammes de superphosphates et de 50 grammes de
chlorure de potassium au mètre carré.
Les choux-fleurs dont nous avons à examiner la
culture s’apparentent à deux groupes de variétés qui, par suite de leur plus ou
moins grande précocité, permettent d’obtenir une production s’échelonnant
pendant la plus grande partie de l’été et de l’automne.
La culture du chou-fleur d’été est assez aléatoire, la
plante devant traverser une période de sécheresse dont elle a souvent à
souffrir. Lorsqu’on ne dispose pas d’une terre assez consistante et fraîche et
de fréquents arrosages, elle ne fournit que des pommes de faible volume et
fleurit souvent sans pommer.
Le chou-fleur Lenormand à pied court, le demi-dur
de Paris, le Merveille de toutes saisons et le Lecerf
conviennent particulièrement pour cette saison. On sème de la mi-avril jusqu’en
mai, soit en plein carré, soit de préférence en côtières ou sur une vieille
couche. Le semis doit être clair (1/2 gramme par mètre carré), le jeune
plant n’étant pas destiné à subir un repiquage intermédiaire avant sa mise en
place définitive. Celle-ci s’effectue cinq à six semaines plus tard, quand les
jeunes plantes sont pourvues de quatre à cinq feuilles. Les choux sont plantés
à 0m,70 d’écartement, sur des lignes espacées de 60 centimètres.
On doit prendre la précaution d’enfoncer les sujets jusqu’au niveau des
premières feuilles et de les borner fortement. Un arrosage au goulot fait à
proximité de chaque pied est indispensable pendant les premiers jours pour
faciliter la reprise.
Par la suite, comme nous l’avons signalé ci-dessus,
d’abondants et fréquents arrosages devront être faits durant les fortes
chaleurs.
Pour utiliser au maximum le terrain, on peut faire des contreplantations
avec des légumes ayant également besoin d’eau pour se développer rapidement :
laitues, chicorées frisées et scaroles, radis. Cependant, il ne faut pas abuser
des cultures intercalaires et, lorsque la saison de la récolte approche, il y a
intérêt à débarrasser le terrain afin d’assurer une meilleure réussite. Il y a
également avantage à biner, puis à pailler fortement la surface du sol à l’aide
de fumier, frais autant que possible.
Lorsque les choux-fleurs commencent à montrer leur
inflorescence, ce que l’on appelle « prendre le bouton », les
distributions d’eau sont nécessaires chaque jour. Lorsque la pomme a atteint le
volume d’une mandarine, il y a lieu de la tenir à l’abri de la lumière,
autrement elle jaunit et s’écaille promptement. Pour obtenir cette protection,
on utilise des feuilles que l’on prélève sur le même pied ou sur des pieds
voisins plus feuillus, et que l’on dispose au-dessus de la pomme en voie de
formation. Lorsque les pommes sont arrivées à peu près à leur développement
normal, ce sont les feuilles du centre que l’on brise en les repliant à
l’intérieur. Elles forment un écran protecteur en attendant la cueillette. Par
temps d’orage, le chou-fleur a tendance à monter ; pour prévenir cet
inconvénient, on mouille copieusement à l’eau froide, aussitôt après la
pluie ; la production de la pomme se trouve un peu retardée par cette
opération.
On récolte successivement les choux-fleurs d’été depuis la
fin juillet et jusque dans les premiers jours de septembre.
La culture des choux-fleurs d’automne est plus facile et
fournit en général une production plus belle et plus abondante, aussi est-elle
la plus répandue. C’est celle qu’on adopte pour la culture en plein champ. Au
potager, les variétés demi-dures : Lecerf, amélioré d’Orgeval,
etc., se sèment en mai-juin ; les dures : incomparable, Maltais,
géant Primus, géant d’automne, etc., quinze à vingt jours plus
tôt. On sème clair, en lieu frais et mi-ombragé, pour éviter dans une certaine
mesure les attaques de l’altise, ou puce de terre, dangereuse à cette époque de
l’année ; on donne aussi des arrosages légers et souvent répétés, de
manière à hâter la germination, ainsi que la croissance des plantes.
Ces dernières sont mises en place environ un mois après le
semis ; l’emplacement réservé entre elles est de 70 à 80 centimètres en
tous sens. Après quoi, on paille le sol pour entretenir l’humidité ;
toutefois, avec des binages répétés et des arrosages en période de sécheresse
prolongée, le paillage est superflu. On récolte les choux-fleurs d’automne de
la seconde quinzaine de septembre jusqu’à la fin de novembre. Quand les choux-fleurs
ne marquent pas encore à l’approche des premières gelées, on les arrache
avec leurs racines et une motte de terre, après suppression des grandes
feuilles de la base, on les plante dans des coffres à raison d’une douzaine par
châssis ; pendant la période de conservation, il est nécessaire d’aérer le
plus possible. Dans ces conditions, on obtient des pommes de faible volume
d’excellente qualité, dont la production se prolonge souvent jusqu’à janvier.
Le rendement normal d’un are de choux-fleurs est de 120 à
150 têtes du poids de 800 grammes à 1kg,500.
A. GOUMY,
Ingénieur horticole.
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