Un renard courageux.
— Le 24 décembre 1946, avec mon ami R. Brisset,
accompagnés de nos trois chiennes, nous partions à la chasse dans les grands
bois de Lugé. Arrivés sur les lieux, nos chiennes lancent. Mon camarade se
déplace, pensant à un lièvre ; au bout de cinq minutes de chasse, un coup
de fusil. Mon ami crie aux chiennes pour les faire rallier, il me dit :
« Je viens de blesser un renard mortellement, il a deux pattes
brisées ; resté sur le coup, il vient de repartir dans le fourré. J’arrive
sur le bord d’une carrière à l’instant même. Il m’a semblé avoir vu disparaître
l’extrémité d’une queue. » Je pense aux chiennes, mais elles sont là,
toutes, et ne trouvent plus la voie. Il n’y a pas de doute possible, le renard
vient d’essayer de jouer sa dernière carte, et, dans une de ces ruses qui sont
à son honneur, il venait en toute connaissance de cause, j’en suis certain
(connaissant parfaitement les lieux), de se laisser glisser jusqu’en bas, soit
d’une hauteur de 25 mètres environ, mais complètement à pic. Ce n’est que
sur mon insistance que mon ami se décide à faire le tour pour descendre dans la
carrière, et quelle ne fut pas sa surprise de voir le renard blessé au fond de
cette dernière. Dans un suprême effort, il repartit pour se cacher sous les pierres.
Nous pûmes l’achever. C’était un beau mâle. Il avait une cuisse brisée, une
patte cassée, et sûrement quelques plombs.
R. LALUT, abonné, La
Rochefoucauld.
Capture rare.
— Le 18 mars dernier, j’étais invité par un ami à
chasser la bécasse à la croule. Un vent infernal soufflait, accompagné
d’averses qui nous avaient transpercés jusqu’aux os. Nous n’avions vu aucune
bécasse, quand, vers 19h.45, au sortir du bois, nous vîmes passer, emporté par
la bourrasque, un oiseau que nous prîmes tous deux pour une bécasse. Grande fut
notre surprise, l’ayant abattu, de nous trouver en présence d’un milan noir,
rapace totalement inconnu en Haute-Saône.
Gaston POIRIER, abonné, Varenne, par
Vesoul.
Plomb de Chasse.
— Après l’autre guerre, j’ai vu chez les armuriers des
sacs à plombs de chasse étiquetés non pas en numéros, mais en silhouettes du
gibier ad hoc : perdrix, lièvres, canards et autres. Sans doute ces
sacs étaient-ils destinés surtout à l’exportation, mais à constater les
conventions persistantes qui faussent l’identité de cette munition, on ne peut
s’empêcher d’ironiser sur ce thème que, faute de mieux, nous-mêmes en tirerions
profit ! « La capacité de notre esprit », comme disait Molière,
ne se hausserait-elle plus à la notion du millimètre ; ou bien
renierait-il le système métrique, œuvre de ses propres mains ? Non. Ayant
supprimé officiellement les pouces, pieds, solives et autres unités de mesure
surannées, aussi bien peut-il renoncer à ces appellations bizarres qui
troublent le champ de la balistique.
Elles l’ont troublé et le troublent encore. En voici la
preuve. Chacun sait que le numérotage des plombs, « n’étant pas fondé sur
la nature de la chose » (Larousse, dictionnaire), devenait de ce
fait purement conventionnel ; que, ladite convention variant d’une région
à l’autre, le même grain nommé 4 à Lyon était 2 à Paris. Une heureuse réforme
l’a standardisée sur la base de la capitale, quoique étant insuffisante et
surtout incomplète.
Il s’agit de chevrotines. Sous quel vocable les fabricants
les désignaient-ils aux armuriers ? Je ne sais ; mais ces derniers
les livraient au public par charges de « tant » de grains pour
« tel » calibre. Le chasseur lisait sur la bourre de fermeture :
« CH. 9 grains » et comprenait. Maintenant il ne comprend plus.
En vertu d’une nouvelle convention dictée, croit-on, par l’Association des
Louvetiers, la bourre de cette même charge devrait porter la marque
suivante : » CH. Cl bis » ! Et elle la
porte ! Initiative malheureuse, difficile à comprendre de l’aveu même de
ses auteurs et source probable de doutes, d’erreurs, voir d’accidents !
Pourquoi s’en tenir aux conventions de la routine ? Pourquoi ne pas
standardiser le millimètre en la matière ? « CH. 8 mm. » ne
serait-il pas aussi bien ? Les carabines et revolvers sont calibrés en
millimètres : 5, 6, 8, 9, 12, aussi faciles à retenir, plus faciles à
comprendre que les 4, 10, 12 et autres des fusils dits de chasse. Pourquoi ne
pas généraliser dans ce sens ?
Nous voudrions connaître le pourquoi et le comprendre !
G. B.
Braconnier noctune.
— En décembre dernier, chassant la bécasse, je ne fus
pas peu surpris de découvrir un gros oiseau mort tenant dans ses serres une
truite de 100 grammes environ. Il s’agissait d’un rapace nocturne de la
famille des hiboux. Examiné de près, l’oiseau portait des traces de
brûlures ; une ligne à haute tension, passant juste à la verticale, me
fournit l’explication : le rapace, emportant sa proie pêchée dans le
ruisseau proche, s’était heurté aux fils et, les ailes mouillées, s’était
électrocuté.
Roger CAU, Oust (Ariège).
Un loup.
— Un lecteur, M. Gendry, nous signale la capture,
le 17 décembre dernier, aux portes de Nantes, d’une magnifique louve de la
plus authentique espèce. La bête était sur le point de mettre bas. On rappelle
à ce propos que la dernière bête abattue, de la même race, l’avait été en 1910,
lors des grandes inondations.
Bibliographie.
— Canards sauvages et autres palmipèdes, du Dr J. OBER-THUR.
Cet ouvrage en deux volumes forme le début d’une encyclopédie complète des
oiseaux gibiers de l’Europe occidentale.
L’intérêt de cet ouvrage réside autant dans la sûreté de la
documentation que dans la beauté des gravures, œuvre de l’auteur lui-même.
Chasse et gibier de montagne, par E. DEMOLE.
L’auteur, en chasseur passionné, rapporte ses observations sur la faune
alpestre ; il a fait appel à M. Xavier de Poret pour l’illustration
de son ouvrage qui fera l’admiration des amateurs de beaux livres.
La vie des animaux sauvages du Kenya, La vie des
animaux de la région des grands lacs, par le Dr Émile
GROMIER. Magistrales études sur la faune africaine ; chacun des deux
volumes constitue un chapitre très complet du travail de documentation
entrepris par l’auteur sur les animaux sauvages d’Afrique. Ces derniers venus de
la série sont, comme les précédents, illustrés de nombreuses
photographies (1).
(1) Chez DUREL, éditeur, 160, boulevard Haussmann. Paris (8e).
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