La rusticité de l’œillet, la facilite de sa culture, la
beauté de ses fleurs, la suavité de son parfum justifient la grande faveur dont
cette plante a, de tout temps, été l’objet.
Il est, d’autre part, peu de fleurs qui soient aussi
cultivées et qui aient produit autant de variétés.
Le bouturage des œillets des fleuristes permet de multiplier
les variétés que l’on possède ou que l’un a obtenues par semis. Les boutures se
font en terre légère et sableuse, à mi-ombre, ou bien en pots ou en terrines
placés sous cloche ou sur couche tiède. On emploie comme boutures des rameaux
feuilles ou stériles, et de préférence encore tendres, auxquels on enlève les
feuilles de la partie qui doit être enterrée.
Bien qu’on puisse réussir à diverses époques, les mois de
juin et juillet constituent la meilleure saison. La section des boutures doit
toujours être faite au niveau d’un nœud-Quelques spécialistes recommandent de
fendre la base de chaque bouture en deux ou en quatre sur une longueur de
quelques millimètres, en écartant les bords de la section et en les maintenant
ainsi au moyen d’un petit caillou ou d’un fragment de bois. Ce moyen facilite
le développement des racines.
Malgré cet expédient, les boutures sont de reprise assez
capricieuse. Aussi, quand on possède suffisamment de vieux pieds, préfère-t-on
les reproduire par le marcottage, qui consiste à faire enraciner les rameaux,
sans les détacher du pied mère, pendant le mois de juillet et la première
quinzaine d’août. Les marcottes se font soit en couchant les rameaux en pleine
terre autour du pied mère, soit en entourant ces rameaux de cornets de plomb ou
de godets en terre cuite, fendus longitudinalement, que l’on emplit de terre
légère et que l’on maintient à la hauteur voulue au moyen de tuteurs.
Pour les plantes cultivées en pleine terre, le marcottage se
fait aisément. Chaque marcotte est incisée dans sa partie enterrée, au niveau
d’un nœud, pour en faciliter l’enracinement.
Pour l’enracinement des marcottes, un mois ou six semaines suffisent.
C’est donc ordinairement en septembre que commence le sevrage des marcottes
faites en juillet. C’est aussi l’époque où les boutures ont déjà quelques
racines.
La transplantation se fait en octobre-novembre, en pépinière
abritée, après avoir, lorsqu’il s’agit de marcottes, coupé le talon le plus
près possible des racines. L’hivernage doit se faire sous châssis à l’abri de
l’humidité, en plaçant les plantes assez près du verre. Lorsqu’il fait doux, on
donne grand air, et, quand le soleil est trop vif, on ombre légèrement les châssis.
En décembre, on entoure les coffres de fumier, on couvre les
châssis de paillassons lorsque les fortes gelées sont à craindre. Cependant,
quand il ne gèle pas, on doit donner du jour et de l’air.
En mars, on enlève les châssis lorsque le temps est doux ;
on arrose avec modération, puis on habitue les plantes de plus en plus à l’air
jusqu’à ce qu’elles aient pris assez de force pour n’avoir plus besoin d’aucune
couverture. Quelques pincements favoriseront la ramification des plantes et
prépareront une floraison plus abondante.
La plantation en pleine terre se fait ordinairement dans la
première quinzaine d’avril. Il faut arroser fréquemment pendant les chaleurs.
Une fois de temps en temps, on se servira d’eau additionnée de purin ou de
bouse de vache, ou encore d’un engrais spécial.
La floraison peut commencer en juin et se prolonger jusqu’à
l’automne. Pour conserver aux coloris toute leur richesse, il faut ombrer les
plantes, aux heures de grand soleil, avec des toiles ou des claies que l’on
peut dérouler sur un bâti léger établi à cet effet au-dessus de la plantation.
Après quelques années de multiplication par marcottes ou par
boutures, les belles variétés d’œillets dégénèrent plus ou moins, languissent,
donnent des fleurs moins belles et en moins grand nombre. Aussi, la collection
doit être fréquemment renouvelée par semis de graines récoltées sur les
meilleures plantes.
E. DELPLACE.
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