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La croissance des chiens

Un savant américain, Green, a mis au point, depuis peu en fait, un procédé de vaccination contre la fameuse maladie du jeune âge. Ce procédé a été fort apprécié par un de nos savants français dans un article assez récent. Il est à souhaiter qu’on puisse bientôt, en nos laboratoires européens, produire un vaccin semblable.

Les essais sont commencés, d’ailleurs, sur une échelle assez importante pour bien augurer des résultats.

Il est à remarquer, en effet, que, dans les huit jours qui suivent la vaccination au « Green », le chiot, âgé de deux mois environ, se met à manger d’une façon sérieuse, plus en tout cas qu’avant sa vaccination. Il est possible que l’action favorable sur l’organisme cause ce phénomène d’ailleurs désirable puisqu’un chiot bien nourri est moins exposé à contracter la maladie du jeune âge qu’un chiot déficient. Cet appétit s’arrête quelque peu au moment de la réaction, c’est-à-dire vers les 4e–7e jours et les 11e-15e jours de la vaccination, lorsqu’il y a une seconde réaction, ce qui n’est pas obligatoire d’ailleurs. Et, comme il est recommandé de très bien et très fortement nourrir les chiots pendant la période d’installation de la vaccination, soit une bonne quinzaine de jours au minimum — cet accroissement de l’appétit, qui se traduit également par une augmentation de croissance, est tout à fait heureux en définitive. Il est donc nécessaire d’abandonner le scepticisme d’usage en matière de vaccination, car les résultats obtenus personnellement sur quelques centaines de chiots sont absolument concluants, et il ne devrait plus être élevé, donné ou vendu de chiots non vaccinés à l’heure actuelle, puisqu’on possède enfin une méthode aussi sûre que pour traiter la diphtérie ou le tétanos, par exemple.

La diarrhée étant, hélas ! une des causes les plus fréquentes, avec la bronchite, de l’arrêt ou de la diminution de la croissance, tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lutter contre ces maladies, qui ne sont pas toujours une forme de la maladie du jeune âge. On peut à présent utiliser avec 95 chances p. 100 de succès les injections sous-cutanées de pénicilline, à la dose de 200.000 à 400.000 unités par 2 centimètres cubes, soit 10.000 unités toutes les trois heures, jour et nuit, soit vingt à quarante piqûres, suivant les cas. Cela est également d’une utilité primordiale, non pour la croissance à proprement parler, mais pour maintenir la chienne nourrice en bon état si, dans la semaine qui suit sa mise bas, elle fait un peu de fièvre puerpérale causée par un délivre incomplètement évacué, souvent, et risquant de couper sa lactation ou de donner à ses chiots du mauvais lait, ce qui arrête net leur croissance, chose extrêmement grave, surtout dans les premiers jours de leur vie. Le lait transmettant aussi bien, d’ailleurs, les bons produits que les mauvais, il est probable que la reprise de la croissance après emploi de la pénicilline sur la mère est plus rapide pour les chiots qui ont ainsi bu le lait maternel, qui a transmis quelque peu cette merveilleuse panacée pour la lutte contre la plupart des microbes en « coques » — staphylocoques, streptocoques, etc. — qui se trouvent à l’origine de nombre d’infections graves : pneumonies, bronchites, par exemple.

Le ténia ou ver plat, en fait le ténia spécial du chien dipylidium caninum, suivant son nom officiel, est également une cause de manque de croissance plus fréquente qu’on ne le croit généralement, car on pense généralement, avec quelque raison d’ailleurs, que l’ascaris, ver rond, est l’apanage du jeune âge, jusqu’au dix-huitième mois au maximum, et que le ver plat lui succède. Il est arrivé plus d’une fois, pourtant, que des chiots de trois à quatre mois bien vermifugés contre les ascaris, et n’en rendant plus malgré de nouvelles vermifugations soigneusement contrôlées, ont, à la suite d’un traitement contre le ténia, rendu ce type de ver et dans des longueurs impressionnantes dépassant le mètre ! L’emploi du didakène ne donnant pas ici un résultat complet, il y a lieu d’utiliser les produits classiques, noix d’arec, kamala, noix de bétel, etc., vendus tout préparés, par nombre de firmes spécialisées dans les produits vétérinaires, qui donnent en général des résultats positifs et produisent une expulsion assez complète.

L’emploi de maïs que l’on peut ajouter aux pâtées donne, du point de vue embonpoint, des résultats favorables, mais sans augmentation bien considérable de poids. On traite ainsi souvent les jeunes que l’on veut présenter aux concours, un mois à l’avance. Ce procédé n’est nullement nocif, d’ailleurs.

Bien que ne se rapportant pas complètement à la question de croissance, il est tout de même bon de signaler que certains chiots bourrés de puces, comme, hélas ! on en trouve trop encore, sont rendus très nerveux par les démangeaisons, sans compter que les puces sont la source des vers chez les chiots qui mangent leurs puces. Cette nervosité est souvent une cause légère, bien entendu, mais non négligeable, de croissance anormale, comme il a été constaté quelquefois. Maintenant que la poudre suisse D. D. T., tant employée pendant la guerre par les Américains, permet de supprimer radicalement puces et parasites, il est impardonnable de laisser souffrir les chiots aussi bien que les adultes.

Il est évidemment bien d’autres causes de non-croissance ou de croissance insuffisante des chiots : anémie, maladies diverses, mais ces notes n’ont eu pour but que de guider quelque peu les amateurs et éleveurs ayant des chiots et chiens en bonne santé, et nous espérons les avoir quelque peu éclairés sur bien des points encore trop souvent ignorés, malgré les progrès pourtant déjà accomplis dans l’élevage canin.

TOUSSAINT.

Le Chasseur Français N°622 Octobre 1948 Page 208