Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°622 Octobre 1948  > Page 220 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Garnitures florales

pour le printemps

Dès la sortie de l’hiver, on est heureux de trouver au jardin de jolies fleurs annonçant le renouveau ... On a pu, dans ce but, planter, dès l’automne, quelques plantes vivaces. Celles-ci, malheureusement, ne sont pas utilisables dans tous les cas. En particulier, elles n’ont guère leur emploi dans les corbeilles du jardin anglais ni dans les plates-bandes d’une partie française bien soignée. Celles-ci reçoivent, en effet, ordinairement deux garnitures : l’une en mai, destinée à constituer une parure de juin aux gelées ; l’autre en octobre-novembre, qui doit produire son effet de mars-avril à mi-mai.

Pour la première de ces garnitures, on a recours aux plantes vivaces exotiques dites « plantes molles », conservées en serre l’hiver (géraniums, bégonias, fuchsias, etc.). Pour la seconde, on se sert surtout des plantés bisannuelles à fleurs, dont les principales sont les pensées, pâquerettes, myosotis, giroflées jaunes, silènes.

À ces dernières, on associe fréquemment — et avec grand succès lorsque l’emploi en est fait avec discernement — les diverses plantes bulbeuses qui sont en repos de végétation de juillet à novembre et dont les oignons, plantés à la fin de cette période de repos, donnent leur floraison au printemps.

Parmi les nombreuses espèces utilisables dans ces conditions, les plus employées sont les jacinthes de Hollande et les tulipes.

Les jacinthes.

— Les jacinthes de Hollande, assurément les plus belles, comportent de nombreuses variétés de coloris dans tous les tons du bleu, du rose, du rouge, du jaune et du blanc, les unes à fleurs simples, les autres à fleurs doubles. Elles sont bien un peu délicates et ne fleurissent parfaitement qu’à l’air et à la lumière. De plus, elles ont le grave inconvénient de dégénérer assez vite et de ne donner qu’une floraison beaucoup moins belle la seconde année et tout à fait insignifiante la troisième. D’où nécessité de se procurer de nouveaux bulbes, sinon chaque année, tout au moins tous les deux ans, ce qui ne laisse pas que d’être fort onéreux à l’époque actuelle.

Les jacinthes à fleurs simples sont à floraison plus précoce et moins délicates que les doubles. De très bonne tenue pour la plupart, elles donnent des inflorescences plus fortes et tout aussi belles que ces dernières. Elles sont donc des plus recommandables.

La plantation s’en effectue en octobre-novembre. Les corbeilles et plates-bandes ont été, au préalable, bien préparées par un labour soigné et profond, dont on profite pour enfouir, si possible, du fumier de bêtes à cornes très décomposé, auquel on adjoint, avec avantage, des engrais phosphatés et potassiques. Si le terrain est quelque peu humide, il est bon de bomber fortement les corbeilles. Par temps sain, on y plante les bulbes, à 15 centimètres en tous sens, et on les enfonce un peu dans le but d’obtenir une plus belle floraison.

Lorsque la plantation de la corbeille doit comporter à la fois des plantes bisannuelles (pensées, myosotis, etc.) et des oignons à fleurs, on commence par planter les plantes bisannuelles. Les oignons sont ensuite enfoncés dans les intervalles entre celles-ci, à la distance et à la profondeur voulues.

Les tulipes.

— D’emploi encore plus courant, les tulipes se rencontrent au printemps dans presque tous les jardins. On distingue les simples et les doubles, chaque groupe comprenant des hâtives et des tardives.

Les plus beaux coloris se trouvent dans les simples tardives, parmi lesquelles on apprécie particulièrement les tulipes flamandes à fond blanc. Cependant les doubles, de plus grand effet, ont, de plus, une plus longue durée.

Dans les corbeilles ovales du jardin paysager, on dispose souvent les tulipes par groupes ou paquets de 3 ou 5 bulbes, chaque paquet comprenant des bulbes d’une même variété, afin de former, lors de la floraison, une touche puissante tranchant bien sur le fond des plantes voisines et suffisamment éloignée des autres pour se détacher très nettement.

On peut, d’ailleurs, faire de même dans les plates-bandes rectilignes du jardin à la française. Les bulbes formant les paquets sont plantés à cheval sur le deuxième rang de plantes de la corbeille ou de la plate-bande. Si celles-ci sont larges, on peut encore disposer quelques paquets supplémentaires à proximité du centre, en choisissant, pour constituer ceux-ci, des tulipes à plus longue tige.

C’est ainsi que, personnellement, nous avons obtenu des ensembles ravissants en parsemant de paquets de tulipes doubles rouges une grande corbeille de Viola cornuta Papilio, de groupes de tulipes jaunes flammées de brun, une plate-bande de myosotis des Alpes bleu-indigo bordée de pensées blanches, et qu’il nous serait facile, si besoin était, de multiplier les exemples de cette nature.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°622 Octobre 1948 Page 220