Dès la sortie de l’hiver, on est heureux de trouver au
jardin de jolies fleurs annonçant le renouveau ... On a pu, dans ce but,
planter, dès l’automne, quelques plantes vivaces. Celles-ci, malheureusement,
ne sont pas utilisables dans tous les cas. En particulier, elles n’ont guère
leur emploi dans les corbeilles du jardin anglais ni dans les plates-bandes
d’une partie française bien soignée. Celles-ci reçoivent, en effet,
ordinairement deux garnitures : l’une en mai, destinée à constituer une
parure de juin aux gelées ; l’autre en octobre-novembre, qui doit produire
son effet de mars-avril à mi-mai.
Pour la première de ces garnitures, on a recours aux plantes
vivaces exotiques dites « plantes molles », conservées en serre
l’hiver (géraniums, bégonias, fuchsias, etc.). Pour la seconde, on se sert
surtout des plantés bisannuelles à fleurs, dont les principales sont les
pensées, pâquerettes, myosotis, giroflées jaunes, silènes.
À ces dernières, on associe fréquemment — et avec grand
succès lorsque l’emploi en est fait avec discernement — les diverses
plantes bulbeuses qui sont en repos de végétation de juillet à novembre et dont
les oignons, plantés à la fin de cette période de repos, donnent leur floraison
au printemps.
Parmi les nombreuses espèces utilisables dans ces
conditions, les plus employées sont les jacinthes de Hollande et les tulipes.
Les jacinthes.
— Les jacinthes de Hollande, assurément les plus
belles, comportent de nombreuses variétés de coloris dans tous les tons du
bleu, du rose, du rouge, du jaune et du blanc, les unes à fleurs simples, les
autres à fleurs doubles. Elles sont bien un peu délicates et ne fleurissent
parfaitement qu’à l’air et à la lumière. De plus, elles ont le grave
inconvénient de dégénérer assez vite et de ne donner qu’une floraison beaucoup
moins belle la seconde année et tout à fait insignifiante la troisième. D’où
nécessité de se procurer de nouveaux bulbes, sinon chaque année, tout au moins
tous les deux ans, ce qui ne laisse pas que d’être fort onéreux à l’époque actuelle.
Les jacinthes à fleurs simples sont à floraison plus
précoce et moins délicates que les doubles. De très bonne tenue pour la
plupart, elles donnent des inflorescences plus fortes et tout aussi belles que
ces dernières. Elles sont donc des plus recommandables.
La plantation s’en effectue en octobre-novembre. Les
corbeilles et plates-bandes ont été, au préalable, bien préparées par un labour
soigné et profond, dont on profite pour enfouir, si possible, du fumier de
bêtes à cornes très décomposé, auquel on adjoint, avec avantage, des engrais
phosphatés et potassiques. Si le terrain est quelque peu humide, il est bon de
bomber fortement les corbeilles. Par temps sain, on y plante les bulbes, à 15 centimètres
en tous sens, et on les enfonce un peu dans le but d’obtenir une plus belle
floraison.
Lorsque la plantation de la corbeille doit comporter à la
fois des plantes bisannuelles (pensées, myosotis, etc.) et des oignons à
fleurs, on commence par planter les plantes bisannuelles. Les oignons sont
ensuite enfoncés dans les intervalles entre celles-ci, à la distance et à la
profondeur voulues.
Les tulipes.
— D’emploi encore plus courant, les tulipes se
rencontrent au printemps dans presque tous les jardins. On distingue les
simples et les doubles, chaque groupe comprenant des hâtives et des tardives.
Les plus beaux coloris se trouvent dans les simples
tardives, parmi lesquelles on apprécie particulièrement les tulipes
flamandes à fond blanc. Cependant les doubles, de plus grand effet, ont, de
plus, une plus longue durée.
Dans les corbeilles ovales du jardin paysager, on dispose
souvent les tulipes par groupes ou paquets de 3 ou 5 bulbes, chaque
paquet comprenant des bulbes d’une même variété, afin de former, lors de la
floraison, une touche puissante tranchant bien sur le fond des plantes voisines
et suffisamment éloignée des autres pour se détacher très nettement.
On peut, d’ailleurs, faire de même dans les plates-bandes
rectilignes du jardin à la française. Les bulbes formant les paquets sont
plantés à cheval sur le deuxième rang de plantes de la corbeille ou de la
plate-bande. Si celles-ci sont larges, on peut encore disposer quelques paquets
supplémentaires à proximité du centre, en choisissant, pour constituer ceux-ci,
des tulipes à plus longue tige.
C’est ainsi que, personnellement, nous avons obtenu des
ensembles ravissants en parsemant de paquets de tulipes doubles rouges une
grande corbeille de Viola cornuta Papilio, de groupes de tulipes jaunes
flammées de brun, une plate-bande de myosotis des Alpes bleu-indigo
bordée de pensées blanches, et qu’il nous serait facile, si besoin était, de
multiplier les exemples de cette nature.
E. DELPLACE.
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