Vous qui cherchez une race de poules excellentes pondeuses
et dont les poulets comme les poules réformées après leur première ou leur
seconde année de ponte font des volailles volumineuses à la chair onctueuse et
succulente, voici une des races que vous pouvez adopter. Elle se présente, à
l’instar des : Wyandotte blanche, Rhode-Island rouge, Gâtinaise,
Bresse blanche, comme une des meilleures races à deux fins.
Ce fut la race la plus largement représentée au
Concours national de ponte d’Urt (Basses-Pyrénées), en 1946-1947. Et dans le Sud-Ouest,
où pourtant les races au plumage noir sont favorisées, cette race se classa en
tête d’un concours référendum d’un de nos confrères quotidiens du Sud-Ouest.
Pendant l’occupation, je tins de front Wyandotte et Sussex.
La première pondait davantage, et toutes deux, après leur troisième année de
ponte, plutôt mal que bien nourries, fournirent des volailles excellentes pour
la casserole, la Sussex présentant une légère supériorité quand à la
tendresse et à l’onctuosité de sa chair.
Considérez donc cette race à la fois comme de tout premier
plan pour l’élevage fermier, familial et spécialisé, en vous assurant des
poussins de bonne souche comme point de départ et en vous remontant chaque
année, ce qui est mieux.
C’est en Angleterre, son pays d’origine, la race la plus
estimée et dont on alimente grandement le marché de Londres par sa chair
fine ; celle-ci est de qualité égale à celle de la Bresse grise ou blanche
et de la Faverolles. Cette qualité est due à un des parents de cette
race à son origine, la Dorking. Par son aspect extérieur, la Sussex
herminée ressemble à la Bourbonnaise, avec cette différence qu’elle
est plus volumineuse. Cette dernière, dont les composants sont d’ailleurs les
mêmes, sauf le sang de la Dorking, ainsi que c’est le cas également pour la Bourbourg,
produit également de bons poulets ; mais les deux, dont la sélection pour
la ponte n’est pas poussée, se montrent inférieures à la Sussex.
Pourtant, à son stade actuel de sélection pour la ponte, la Sussex
ne présente pas encore les performances de ponte des bonnes souches de Wyandotte
blanche. La moyenne de ponte de la première se chiffre par environ 40 œufs
de moins annuellement et globalement : des records de ponte atteignent et
dépassent déjà 260 œufs, cependant.
Vous pouvez, par conséquent, escompter de sujets d’une bonne
lignée en moyenne de 170 à 180 œufs dans la première année de ponte, de
beaux œufs teintés de rose ocré pesant de 55 à 70 grammes. Mes Sussex,
malgré une nourriture plutôt médiocre, pendant l’occupation, me donnaient des
œufs d’au moins 80 grammes. Il est vrai qu’elles consommaient beaucoup de
verdure et que, pendant toute la période des travaux du jardin, elles se
servaient très amplement de vers, larves, insectes, proies vivantes qui leur
assuraient de la protéine, des vitamines et des hormones naturelles.
Le coq Sussex est un oiseau d’une belle et imposante
allure, présentant comme la poule une tête forte, bien portée, au bec solide,
fort, légèrement recourbé, à la crête, aux barbillons et à la face rouges, à
l’œil vif et orangé, au corps robuste bien campé sur des tarses blancs ;
manteau blanc, marqué de noir aux extrémités, plumes de la queue noires et
camail herminé.
Race lourde et aux trois quarts lourde, le Sussex est
rustique, doté d’un bon appétit ; mais c’est un excellent assimilateur de
la nourriture. Poules et coqs sont robustes, donnant des œufs féconds, sans
déchet appréciable à l’incubation et à l’éclosion. Les poussins s’élèvent bien
et sont précoces. Les coquelets pèsent facilement de 1kg,500 à 1kg,600
à trois mois et atteignent facilement 3 kilogrammes à cinq mois. Bien
couvert de plumes, le Sussex ne craint pas le froid, et vous pouvez le
tenir en région d’altitude au même titre que le Wyandotte.
Comme les races lourdes et demi-lourdes, la poulette Sussex
a un défaut : elle demande tôt à couver, parfois même avant l’été, et elle
récidive ! Mais, là aussi, la solution apporte des palliatifs. Et,
d’ailleurs, la découvaison peut être rapidement obtenue. Nul doute que les
sélectionneurs arrivent à éliminer ce défaut en élevage intensif.
Même en élevage fermier, ne profitez pas des aptitudes de
bonne couveuse et de bonne mère, parce que, pendant qu’elle est possédée de la
fièvre d’incubation, la poule ne pond pas. La couvaison naturelle intervient
d’ailleurs trop tard pour vous assurer une ponte précoce et continue des
poulettes, laquelle domine dans les résultats. Achetez de bons poussins dans un
bon élevage de sélection. Nous en avons en France. Mais commandez-les assez tôt
l’automne prochain pour les recevoir fin mars-début avril. Bien soignées et
convenablement nourries, les poulettes déclencheront leur ponte fin
septembre-début octobre, pour votre grand profit. Cette qualité n’est
d’ailleurs pas exclusive à cette race : Gâtinaise, Leghorn, Rhode-Island,
Wyandotte de bonne lignée de ponte font de même !
Claude AXEL.
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