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Arbres et arbustes d'agrément

Les arbres et les arbustes sont l’un des éléments principaux de décoration du jardin d’agrément, surtout lorsque celui-ci est d’une certaine étendue.

L’emploi en est d’ailleurs, très souvent, motivé par des considérations d’ordre purement utilitaire, soit qu’on en fasse des rideaux de protection contre le soleil ou des paravents contre les courants d’air froid, ou bien encore des écrans destinés à dissimuler à l’œil du promeneur des parties de la propriété dépourvues d’intérêt ornemental ou des constructions désagréables à voir ; soit qu’on désire encadrer des vues ou bien former une sorte de clôture discrète à un terrain de jeux ou à une salle de repos.

Cependant, quelques arbres à port particulièrement décoratif sont employés pour eux-mêmes : c’est le cas pour les Conifères que nous avons indiqués dans ces colonnes (voir Le Chasseur Français d’octobre 1946) ; c’est le cas aussi pour certains arbres à feuillage caduc (Negundo panaché, Hêtre pourpre, Sophora du Japon, Liquidambar, Chênes d’Amérique, Tilleul argenté, etc.) qui sont, le plus souvent, plantés en isolés ou par groupes.

La place des massifs d’arbres et d’arbustes leur est assignée par des règles auxquelles on ne peut guère déroger : il faut masquer le potager et le jardin fruitier, peu esthétiques ; interposer entre l’habitation et les maisons voisines un écran supprimant les regards indiscrets ; dérober à l’œil les murs qui délimitent un peu trop durement la propriété et la font paraître plus exiguë ; dissimuler les carrefours d’allées ; assurer un ombrage suffisant aux salles de repos et dans les endroits où un banc invite le promeneur à s’asseoir ; encadrer agréablement les tennis et les terrains de jeux pour leur donner un caractère plus intime, etc.

Il est indispensable de tenir compte, dans l’établissement de la liste des arbres et arbustes entrant dans la composition des massifs, de la nature du terrain, du climat, de l’attitude et de la position des arbres et arbustes dans l’ensemble de la propriété.

L’observation des végétaux croissant autour de celle-ci guidera très utilement pour le choix des espèces.

On trouvera toujours, d’ailleurs, des arbres et arbustes susceptibles de s’adapter à la nature du sol, quel qu’il soit. L’important sera de les bien choisir.

Auprès de l’habitation, on plantera les espèces de faible taille qui n’arrêtent pas les rayons lumineux, ni les radiations solaires. On y placera également les arbustes les plus remarquables soit par l’abondance de leur floraison, soit par la beauté de leur feuillage ou la persistance de celui-ci.

Au bord des eaux, s’il en existe, trouveront leur place certaines espèces à port pleureur (Saule de Babylone, Frêne pleureur, etc.), ainsi que celles qui affectionnent les terrains humides (Cyprès chauve, Liquidambar, Aulne impérial, Peupliers divers, etc.).

Chaque massif est formé de quelques essences seulement, l’une dominant les autres. Pour les premiers plans, on réserve les arbres et arbustes à feuillage sombre et, pour les endroits éloignés, les arbres à frondaison légère ou à feuillage clair (Bouleaux, Cyprès de la Louisiane, Negundo panaché, Peuplier blanc. Saules variés). Cette disposition permet aux premiers plans de prendre davantage de relief et donne à la propriété une impression d’étendue plus considérable.

Les arbres qui possèdent par eux-mêmes un cachet particulier sont, dans les parcs, détachés isolément sur les pelouses, à quelque distance de la lisière des massifs et bien en vue. Il en est notamment ainsi pour l’Acacia boule et l’Acer globosum, à cime régulièrement sphérique ; pour le Peuplier d’Italie et le Bouleau fastigié, à port pyramidal ; pour le Frêne, le Sophora ou le Mûrier pleureurs, aux longs rameaux retombants ; pour quelques très beaux Conifères (Cèdre du Liban, Séquoia gigantea, Abies concolor, Pinus strobus, etc.) et, dans les petits jardins, pour quelques arbustes intéressants : Houx panaché, Troène à feuille luisante, Mahonia du Japon, Berberis stenophylla, etc.

Pour avoir un aspect se rapprochant de la nature, les lisières des massifs d’arbustes, du côté des pelouses, doivent être irrégulièrement découpées et présenter des parties avancées et des parties rentrantes ; cependant, il est toujours d’usage courant, dans les petits jardins de ville, de faire décrire aux bordures de massifs sur pelouse des courbes presque régulières et de les border de fleurs.

La composition même des massifs est d’ailleurs extrêmement variable suivant qu’il s’agit de petits jardins ou de propriétés étendues, que l’on est à la ville ou à la campagne, etc. Dans les petits jardins de ville, les arbustes à feuilles persistantes devront entrer pour une large part, afin que le jardin conserve en hiver davantage de vie. La proportion sera d’environ deux tiers d’arbustes persistants. Dans les grandes propriétés, ainsi qu’à la campagne, on fera une plus large part aux arbustes à feuilles caduques, intéressants par leur floraison, et on se contentera ordinairement d’un tiers d’arbustes à feuilles persistantes.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 267