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Les batteries de ponte

Étant donné le nombre de lecteurs du Chasseur Français qui, au cours de leurs correspondances, m’ont demandé des précisions sur les cages ou « batteries de ponte », j’ai cru intéresser de nombreux éleveurs en suspendant l’étude des principales races, commencée dans les précédents numéros, afin de parler de cette question d’actualité.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’une batterie de ponte ? On appelle ainsi un appareil construit en métal ou en bois (le métal est préférable) réunissant des cases individuelles juxtaposées et superposées, destinées à recevoir chacune une poulette ou poule.

Chaque case mesure approximativement, selon les constructeurs, 30 à 40 centimètres de large, 40 à 50 centimètres de profondeur et, en général, 50 centimètres de haut. Le fond en est incliné en avant et déborde de la case, en passant à quelques centimètres en dessous des augettes de façade ; ce qui fait rouler l’œuf en avant dès la ponte accomplie et le soustrait ainsi à toute possibilité de bris ou de consommation par la pondeuse elle-même. Chaque batterie en comporte dix-huit ou trente-six, et les batteries elles-mêmes peuvent être indéfiniment juxtaposées pour constituer de grands éléments de ponderie.

Considéré jusqu’alors, en France, à peu près comme une curiosité ou une innovation du domaine expérimental, le système d’élevage, ou plus exactement d’entretien des poules en ponte en cages individuelles est utilisé couramment dans certains pays, surtout aux U. S. A., où il existe des aliments spécialement étudiés à cet effet.

Les résultats, dans l’ensemble, sont extrêmement satisfaisants. Des lots de poules issues de parquets identiques, placées partie en liberté, partie en cages, ont donné des moyennes de ponte nettement supérieures dans ce dernier cas.

On cite des pontes de 165 à 170 œufs, en six mois, avec des moyennes de 110 à 120 œufs pendant la même période, sur des lots de 400 sujets. Les promoteurs de la méthode apprécient, en outre, la facilité d’isolement et de prophylaxie en cas d’épizootie, l’absence de picage, le contrôle rigoureux de la ponte, le contrôle de la nourriture consommée et enfin l’inutilité des grands parcours et des poulaillers spécialement aménagés.

Par contre, l’acquisition du matériel est très onéreuse et la main-d’œuvre considérable, car il faut pour chaque sujet nettoyer mangeoire et abreuvoir, les remplir de nourriture soigneusement équilibrée et d’eau, et nettoyer les plaques à déjections fréquemment. (Il existe un procédé de nettoyage rapide par bande roulante.)

L’expérience a démontré que les volailles, contrairement à ce qu’on pourrait supposer de prime abord, s’accommodent fort bien de cette détention et présentent toutes les apparences de sujets en bonne santé pendant une période qui ne peut excéder cinq à six mois.

Les utilisateurs mettent en cage les poulettes de cinq à six mois, élevées autant que possible en liberté, vers le début de septembre. Le facteur nourriture est évidemment primordial dans cette industrie, puisque l’animal doit y trouver tous les éléments d’entretien et de production pour l’œuf et sa coquille.

En Amérique, diverses races ont été utilisées : la Plymouth-Rock barrée, la Rhode-Island, la Sussex, la Wyandotte, la Leghorn et la Hy-Line.

Les meilleurs résultats ont été atteints.par la Rhode, la Hy-Line et la Leghorn, avec, pour cette dernière, une économie de près de 23 p. 100 de nourriture à production égale. Il est certain que nos races françaises grandes pondeuses : Bresse, Gâtinaise, Bourbonnaise, etc., donneraient des résultats sensiblement identiques. Je ne possède pas, pour l’instant, le résultat des expériences en cours en ce qui les concerne, mais je reviendrai sur cette question ultérieurement.

Bien entendu, il y a lieu d’être très circonspect à l’égard de ce nouveau mode de production de l’œuf de consommation. Les observations recueillies actuellement permettent cependant déjà de dégager quelques enseignements. Il apparaît que :

    1° Les sujets destinés à la batterie de ponte doivent être très vigoureux et d’excellente souche au point de vue rusticité ;

    2° La nourriture doit être impeccable ;

    3° Le séjour maximum en cage doit être réduit à six mois au maximum et les poules retirées sacrifiées aussitôt pour la consommation ;

    4° Enfin, l’éclairage des bâtiments doit être de douze heures ininterrompues et assuré, si possible, avec les lampes à filaments spéciaux assurant l’irradiation des animaux.

R. GARETTA.

Le Chasseur Français N°623 Décembre 1948 Page 272