— Dans la rubrique « Le Chien » du Chasseur
Français d’octobre-novembre, j’ai eu le bonheur — oui le bonheur, le
mot n’exagère rien — de lire dans l’article « La croissance des chiens »
une documentation concernant l’utilisation de la pénicilline, pour parer à
certaines difficultés dans l’élevage de nos toutous.
Or juste le temps de me procurer le matériel nécessaire et
je commençais le traitement sur mon épagneul français, dont la santé me causait
les pires inquiétudes. Le résultat fut si immédiat, si concluant, que je me
fais un devoir de signaler le fait. Puisse-t-il procurer à mes nombreux amis
lecteurs du Chasseur Français la joie que j’ai éprouvée moi-même, en
sauvant leurs chers élèves.
C’est la première fois, je crois bien, que la pénicilline
fait son apparition dans les causeries intéressant les maladies des jeunes
chiens. Souhaitons l’y retrouver assez fréquemment pour faciliter nos élevages,
éviter de nombreuses déceptions et protéger des sujets dignes de représenter
nos belles races nationales. C’est dans ce but que je m’empresse de signaler
une belle réussite de la pénicilline, presque un miracle du fait de son
intervention in extremis ; qu’on en juge.
Jusqu’à ses huit mois, mon épagneul français n’a donné aucun
souci ; très belle et forte bête pleine de vie et de santé, ayant pour se
faire aimer toutes les qualités d’un aimable compagnon, des dispositions quasi
exceptionnelles de travail par rapport à son âge, très souple et docile, son
dressage s’en annonçait plutôt agréable ; bref, je n’ajouterai rien de
plus par crainte de tomber dans l’éternel péché de tout possesseur d’un toutou
aimable, prétendre qu’il vaut mieux que tous les autres.
Je savais que mon chien n’avait pas été vacciné, mais son
apparence robuste semblait garantir sa croissance dans les conditions les plus
favorables. Hélas ! j’ai déchanté depuis. Tantôt bien, tantôt mal, son
état nécessita bien souvent les soins les plus attentifs. Mon Vipp a maintenant
seize mois, ces dernières semaines l’ont terrassé ; diminué, devenu
presque répugnant tellement l’infection s’extériorisait par ses yeux, son nez,
ses oreilles, il se tenait à peine debout, la tête basse, le nez touchant
presque le sol. Il était aveugle depuis deux jours, j’avais perdu tout espoir
de le sauver et j’envisageais de mettre un terme à ses souffrances.
Le Chasseur Français me parvenait ; quelque peu
désabusé, je consultai la rubrique « Le Chien » et c’est dans
« La croissance des chiens » que mon attention se fixa. La
pénicilline, son utilisation, 95 chances pour 100 de succès ... Ma
décision fut vite prise, une heure après je faisais à mon Vipp la première
injection, juste derrière la boîte crânienne, et, de trois en trois heures,
jour et nuit, je renouvelais l’opération. En trois jours, je lui ai injecté
600.000 unités de pénicilline à raison de 25.000 unités par 2cc,5.
Après les premières vingt-quatre heures, l’infection était
bloquée, aucune nouvelle suppuration n’apparaissait après le lavage des plaies
à l’eau bouillie. À la fin de la deuxième journée, les plaies qui entouraient
ses yeux, sur une largeur de plus de 2 centimètres, étaient sèches et bien
propres, le mal était nettement dominé. Vipp n’était plus aveugle et
recommençait à manger. Néanmoins, je consolidai la guérison par une troisième
journée de pénicilline, injectée dans la même région, à la même dose. Le
résultat est merveilleux, surprenant. Mon toutou a maintenant un appétit
presque insatiable et ses forces reviennent très rapidement.
Il m’est difficile d’exprimer l’exacte étendue de ma
satisfaction, je suis cependant convaincu que de nombreux chasseurs me
comprendront, et qu’ils sauront mettre à profit ce traitement merveilleux qui
est, réjouissons-nous-en, devenu à la portée de tous.
Fernand TEXIER, Industriel à Croix-de-Vie (Vendée).
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