Votre petit jardin

Répartition des cultures.

— Votre potager est de faible étendue. Sa superficie cultivable ne dépassant pas une dizaine d’ares, vous êtes un peu à l’étroit pour approvisionner votre table en légumes variés, que vous voudriez aussi abondants que possible, tout en donnant la priorité à ceux que vous préférez.

Cependant, si vous savez ordonner vos semis et plantations, en divisant votre terrain en parcelles inégales, pour les soumettre à un assolement rationnel, de façon que vos récoltes se succèdent sans interruption, en faisant un large emploi des cultures dérobées, devant augmenter considérablement vos rendements légumiers, vous devrez suffire aux besoins d’une famille dont l’effectif ne dépasse pas quatre personnes.

Dans le tableau ci-après se trouvent mentionnées, en mètres carrés, les surfaces à consacrer aux cultures principales et secondaires, l’espacement des plants sur les lignes, les semences ou les plants nécessaires à l’emblavement des parcelles et enfin la récolte probable que l’on peut espérer en obtenir.

Cultures complémentaires.

— En plantant moitié pommes de terre précoces (Victor, Early, Belle de Fontenay, etc.) pouvant être récoltées en juin, on disposera, à cette époque, de 200 mètres carrés de terrain disponible, permettant de semer ou de repiquer des haricots à récolter en aiguilles, des choux pommés, des carottes tardives, des raves d’Auvergne, des laitues, des chicorées, des radis, des oignons blancs, des épinards, des brocolis et tous autres légumes destinés à la consommation hivernale et à celle d’arrière-saison.

Les mêmes cultures dérobées peuvent être entreprises sur d’autres parcelles libérées de leur récolte, notamment celle des pois, des carottes et des navets précoces, ainsi que sur les carrés ayant porté des choux de printemps, des brocolis, des épinards, des poireaux, ce qui permettra d’augmenter d’un tiers au moins les rendements légumiers fournis par les récoltes principales énumérées sur le tableau.

Il va sans dire que, pour soutenir la production dans des assolements aussi intensifs, on devra fumer copieusement le jardin avec une forte dose de fumier de ferme ou, à défaut, avec des gadoues, des terreaux et d’autres engrais organiques, riches en humus, que l’on complétera, sur les cultures dérobées, avec un engrais complet assimilable, composé en parties à peu près égales de cyanamide, de sulfate de potasse et de superphosphate, avec 1 kilogramme à l’are de chaque sorte, que l’on enfouira par un crochetage, après le labour préparatoire, mais avant d’effectuer les semis ou les repiquages.

Remarques.

— Les directives à suivre pour la conduite d’un potager ayant une superficie de 1.000 mètres carrés resteront à peu près les mêmes pour des jardins plus petits ou plus grands. Toutefois, il n’est pas absolument nécessaire d’augmenter ou de diminuer proportionnellement les surfaces consacrées aux différentes cultures, notamment celles qui ne jouent qu’un rôle secondaire dans l’alimentation, comme les plantes condimentaires, les légumes fruits (tomates, fraises, melons, concombres, etc.), mais on donnera plus d’étendue aux parcelles devant produire des pommes de terre, des pois, des haricots et autres produits de forte consommation.

Conduite des pépinières.

— Dans la parcelle de 10 mètres carrés, réservée à la culture des plantes médicinales et aromatiques, on repiquera trois ou quatre pieds de menthe, de badiane, d’absinthe, de fenouil et d’angélique, qui permettront de préparer des liqueurs digestives et apéritives, ainsi que quelques pieds de lavande pour parfumer le linge et les habitations.

La deuxième pépinière, réservée à la production des semences, ne recevra, dans la même année, qu’une seule variété d’une même famille, pour éviter les croisements, principalement des racines bien conformées de carottes, de navets, de radis, de salades, d’oignons, etc., en évitant de produire en même temps de la graine de poireau.

Les autres semences, telles que pommes de terre, pois, haricots, etc., sont récoltées sur les parcelles de bonne venue, dans un but de sélection.

Adonis LÉGUME.

Le Chasseur Français N°624 Février 1949 Page 314