Son mode de végétation.
— Sous-arbrisseau à tige souterraine donnant tous les
ans des rameaux abondants, aériens, bisannuels. La première année, ils sortent
de terre, portent des feuilles et donnent quelquefois une petite quantité de
fruits dans les variétés fructifères. Ces rameaux s’aoûtent et, dans le courant
de la deuxième année, leurs bourgeons donnent des pousses feuillées, portant
des grappes de fleurs à leur extrémité. À la fin de la deuxième année, ces
tiges meurent. Les fleurs ont de nombreuses étamines, ainsi que des pistils
agrégés, composés chacun d’un simple ovaire, qui se transformera, à la
maturité, en une petite hampe. L’ensemble de ces fruits simples agrégés, portés
sur un réceptacle, porte le nom de framboise. Ces fruits rouges ou jaune pâle
sont sucrés et parfumés.
Son Origine.
— Le framboisier croît à l’état spontané dans toute
l’Europe et l’Asie tempérée, surtout dans les régions montagneuses. Ses fruits
sont recherchés pour leur parfum très prononcé. Dans les Alpes, on le trouve
peuplant les éboulis rocheux, jusqu’à 1.700 mètres, tantôt croissant un
peu à l’ombre des bois, tantôt, et c’est le cas le plus fréquent, à l’abri des
rochers, dans les interstices où, à la faveur du temps, un peu d’humus s’est
constitué. C’est de cette ronce poussant à l’état sauvage, qui donne des fruits
si recherchés, que sont issues les variétés que nous cultivons.
Le climat convenant à cet arbuste est plutôt
celui des régions tempérées que celui des pays chauds. Il est peu exigeant
quant à l’exposition ; c’est pourquoi on en abuse un peu, en lui donnant
en culture des situations ombragées ou les expositions nord dont beaucoup de
plantes ne se contenteraient pas. Le soleil ne lui est pas nuisible, ainsi
qu’en témoignent les situations ensoleillées où il croît naturellement dans les
montagnes. Il redoute les expositions qui le placent à l’ardeur du soleil, sans
recevoir par la brise un milieu tempéré recherché par ce végétal. Il ne craint
pas les plateaux aérés, ensoleillés, ou la lumière colore vivement ses fruits,
où la chaleur les sucre et les parfume. Ce qu’il redoute, ce sont les
expositions brûlantes.
La nature de la terre lui importe peu ; il se développe
aussi bien dans les silices que dans les calcaires. Le framboisier préfère
par-dessus tout les terres riches en humus conservant leur humidité.
Multiplication.
— Le framboisier se reproduit de graines ; ce
procédé est long, il est utilisé pour obtenir les variétés nouvelles.
1° Éclatage. — Procédé à recommander lorsque
l’on renouvelle une plantation. Les souches, arrachées, sont divisées en éclats
possédant chacun une portion de la racine et un ou deux bourgeons.
2° Drageonnage. — Ce procédé est le plus
employé ; il consiste à séparer les drageons des pieds mères sélectionnes,
possédant le plus grand nombre de racines. Les tiges de ces drageons sont
taillées à 30 centimètres ; les plaies faites aux racines sont
rafraîchies.
3° Boutures des racines. — Les grosses racines
sont coupées par tronçons de 5 à 8 centimètres et plantées au printemps en
terres légères, dans un endroit abrité, chaud et frais.
Culture : distance de plantation.
— Cultivé en touffes ou cépées, le framboisier
est planté à 1 mètre dans tous les sens.
Palissé sur fils de fer, il est disposé à 0m,70
sur des lignes espacées entre elles de lm,50. En grande culture, la
distance est portée à 1m,70 entre les lignes, les pieds étant
plantés à 1 mètre.
Ce dispositif permet d’effectuer les façons culturales avec
les animaux.
Plantation.
— Le sol fumé et défoncé à 0m,50 de profondeur,
on trace des lignes distantes entre elles de la dimension adoptée. Le long de
chacune d’elles, on creuse un sillon de 7 à 8 centimètres de profondeur,
au fond duquel on procédera à la plantation. Ce sillon sera nivelé la deuxième
année par les façons culturales.
Le framboisier émet chaque année des rameaux qui fructifient
l’année suivante et se dessèchent après la maturité des fruits.
Formation de la touffe.
— 1re année : le drageon
est taillé à 30 centimètres, pour le faire ramifier et donner naissance à
deux ou trois rameaux.
2e année : le rameau desséché
est taillé au niveau du sol ; ceux d’un an sont coupés à 0m,50
de hauteur. Continuer cette taille toutes les années jusqu’à ce que l’on ait
obtenu cinq ou six rameaux vigoureux.
Variétés.
— Les variétés de framboisiers, selon leur
fructification, sont divisées en deux groupes : celles qui ne donnent
qu’une récolte, celles dites remontantes ou bifères, produisant deux
récoltes.
Les variétés non remontantes sont recherchées pour la
culture commerciale et à cause de leur production plus abondante.
1° À fruits rouges non remontantes : Hornet, Malborough,
Coliath, Superlative.
2° Fruits jaunes ou blancs remontantes : Merveille
des Quatre-Saisons, Sucré de Metz.
3° À fruits rouges remontantes : Belle de Fontenay,
Merveille des Quatre-Saisons, Perpétuelle de Billart.
Taille fruitière.
— Elle consiste à :
1° Couper ras de terre les rameaux secs de deux ans qui
ont fructifié ;
2° Couper à leur naissance les rameaux faibles et ceux
qui s’éloignent de la ligne de plantation ;
3° Couper les rameaux conservés à 1 mètre de
longueur.
Palissage.
— La fructification abondante du framboisier ne
s’établira que si ses rameaux reçoivent de l’air et de la lumière. Il est donc
nécessaire de les palisser. Pour cela, on cherche à dégarnir le centre des
touffes de façon à favoriser en même temps le développement des bourgeons de
l’année, à écarter les branches les unes des autres. Ces résultats seront
obtenus par diverses méthodes :
1° En éventail : sur les rangs de framboisiers,
on tend un premier fil de fer à 40 centimètres du sol ; un second à
30 centimètres au-dessus. La moitié des branches sont palissées inclinées
à droite, et l’autre moitié à gauche. Chacune d’elles est taillée au niveau du
deuxième fil de fer.
2° Méthode hollandaise : tendre dans la
direction des lignes deux fils de fer placés à 50 centimètres de chaque
côté des pieds et à 50 centimètres de hauteur ; palisser la moitié
des branches conservées à droite et l’autre moitié à gauche ; après les
avoir attachées, tailler chaque branche à un œil au-dessus du fil de fer.
3° Méthode lyonnaise : diviser les branches de
la touffe en deux parties, attacher chacune d’elle avec le pied voisin en lui
faisant décrire un arceau dirigé dans le sens de la ligne. Les branches trop
courtes sont coupées au niveau du sol.
M. DÉAUX.
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