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Causerie vétérinaire

Les poux

des oiseaux de basse-cour.

L’élevage des oiseaux de basse-cour est une branche assez importante de l’économie rurale, car les produits de cette industrie récompensent amplement les soins qu’elle exige. Bien dirigée, la basse-cour peut fournir à la consommation de la famille et subvenir en partie au frais du ménage ; mais, pour obtenir de tels résultats, une surveillance active, un bon mode d’élevage, une propreté continuelle des locaux sont indispensables. La lutte contre les parasites, qui fera plus spécialement l’objet de cette causerie, doit surtout retenir l’attention des éleveurs, car souvent c’est d’elle que dépend le succès ou l’échec de l’exploitation.

On donne le nom de phtiriase, maladie des poux ou de pouillotement, aux affections cutanées provoquées par la présence de parasites externes qui vivent de façon continue ou seulement par intermittence sur les volailles, et qui, par leur présence, leurs piqûres, les démangeaisons continuelles qu’ils provoquent, se montrent parfois capables d’amener le dépérissement progressif, la cachexie et la mort. Les jeunes volailles y sont plus sensibles que les adultes, mais, chez toutes, la perte de tranquillité et de repos porte un préjudice considérable au développement, à l’engraissement ou à la ponte. Ainsi que nous le verrons, certains de ces parasites passent toute leur existence sur les volailles elles-mêmes ; d’autres, au contraire, conservent comme habitat les poulaillers et n’en attaquent les habitants que durant leur séjour dans ces locaux, la nuit surtout. Parmi ces derniers, il faut citer en première ligne les argas, les punaises des poules et des pigeons, et les dermanysses.

Les dermanysses, qui sont des parasites intermittents ressemblant à une minuscule araignée, vivent dans les poulaillers et les colombiers. Pendant le jour, ils restent cachés à l’obscurité, dans les anfractuosités et la litière ; mais, la nuit venue, ils se jettent, souvent par dizaines, sur les poules et les pigeons, pour les piquer et sucer leur sang ; puis, le lendemain, quand réapparaît la lumière, ils les abandonnent pour réintégrer leur cachette jusqu’à la nuit suivante.

Par leurs piqûres envenimées, douloureuses et prurigineuses, ces acariens tourmentent les volailles au point de leur enlever tout sommeil, tout repos nocturne ; ils importunent les couveuses qui souvent abandonnent leur nid, d’où une nouvelle cause de dégâts, puisque la couvée est perdue.

Les argas, qui ressemblent à un petit bouclier ovale, sont aussi des parasites intermittents dont le comportement est identique à celui des dermanysses. En plus des souffrances qu’ils infligent aux volailles, ils sont encore capables d’inoculer à divers hôtes plusieurs affections microbiennes parfois très meurtrières : spirochétose aviaire, spirochétose humaine, piroplasmose canine, etc.

L’homme n’est pas à l’abri des piqûres des argas. Ainsi Chatelin, de Charleville, a constaté sur un enfant et sur un homme des piqûres douloureuses et un œdème persistant, causés par des argas d’un pigeonnier situé au-dessus de l’habitation et inoccupé depuis six mois. Des cas semblables ont été signalés dans de nombreuses localités. Ces faits démontrent les dangers que la proximité des pigeonniers fait courir aux habitants.

Les punaises des colombiers diffèrent peu de celles qui fréquentent certains appartements mal tenus. Parasites intermittents et nocturnes des oiseaux, ces punaises sont un peu plus petites que celles des lits (4 millimètres au plus). Elles se tiennent dans les interstices des cloisons, derrière les amas de guano, et même au milieu de la paille des niches, d’où elles se jettent sur les poules, qu’elles tourmentent souvent au point d’arrêter leur développement. Les poules couveuses, en raison de leur état d’immobilité, sont particulièrement exposées aux attaques de ces insectes : elles se montrent alors agitées, quittent à chaque instant leur nid, où elles ne rentrent qu’avec hésitation, et souvent finissent par abandonner leurs œufs d’une façon complète. En général, on peut reconnaître à première vue que cet abandon résulte des attaques des punaises, en constatant à la surface des œufs de petites taches noirâtres, formées par les excréments de ces insectes.

On débarrasse les poulaillers de ces hôtes incommodes par des insufflations de poudre de pyrèthre, des pulvérisations de pétrole ou de sublimé corrosif au millième. On peut aussi brûler du soufre (30 à 50 grammes par mètre cube) dans le local évacué, dont toutes les issues ont été bouchées hermétiquement. On laisse le gaz agir pendant vingt-quatre heures, puis on blanchit à la chaux. On répète l’opération deux semaines après, si cela paraît nécessaire.

Puces. — Les puces causent aux poules un tourment semblable à celui que l’homme éprouve de la part de la puce irritante qui lui est propre. Les poulets, agités par le prurit, se développent mal ; les poules couveuses sont troublées dans leur rôle.

On peut les combattre par les mêmes procédés que les punaises. On recommande le blanchiment fréquent à la chaux, l’épandage de chaux en poudre sur le sol, les niches, les pondoirs, et la substitution de la fibre de bois ou des copeaux, surtout de pin ou de sapin, à la paille de litière ; l’odeur de bois éloigne les puces et ne se transmet pas aux œufs des poules.

Les parasites que nous venons de citer sont tous des suceurs de sang ; ceux qui vont suivre sont pourvus d’un appareil masticateur. Ce sont les mallophages (mangeurs de toison) ou poux proprement dits ; ils vivent en permanence sur les volailles. Ce ne sont point des insectes hématophages ou parasites véritables, mais des commensaux qui se nourrissent de produits épidermiques et enlèvent aux plumes les débris de cette nature qui les encombrent.

Les mallophages sont très fréquents chez les volailles et se logent sur toutes les parties du sujet, principalement au niveau du corps, sous les ailes, plus rarement aux cuisses. Leur présence incommode les oiseaux, trouble leur repos, les fait maigrir et compromet les élevages. Ils appartiennent à plusieurs genres dont voici les principaux : Lipeure, Goniode, Goniocote, Ménopon, etc. Nous regrettons de ne pouvoir en donner, dans cette causerie, une description même succincte.

En résumé, les poux des oiseaux sont généralement associés, dans les poulaillers et pigeonniers malpropres, à une foule d’ectoparasites variés. Ils rendent le local inhabitable par leurs piqûres continuelles ; la ponte diminue, ou les volailles, fuyant les pondoirs, vont déposer leurs œufs dans les haies, où ils sont perdus. Pour arrêter ces pertes, désinfecter les locaux morbides, stériliser les nids en introduisant une éponge imbibée d’essence de térébenthine dans un œuf vide qu’on bouche ensuite à la cire : les vapeurs s’échappent par les pores et chassent les parasites.

MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°624 Février 1949 Page 322