Ce n’est, en général, pas au berceau que l’enfant souffre de
grosses erreurs de régime : la jeune maman est attentive, surtout si c’est
son premier enfant, au dosage des biberons, à l’hygiène du nouveau-né, à son
sommeil. Elle sait le nombre de ses repas, toujours le même, et dont la
composition ne varie pas beaucoup. S’occuper d’un tout petit enfant est une
chose presque mécanique, qui se résume en un certain nombre d’habitudes à
prendre ou à respecter.
Mais là où les difficultés commencent, c’est avec la deuxième
enfance. Bébé marche, il a ses dix-huit dents, il remplit la maison de son joli
gazouillis et de sa gracieuse turbulence. Mais il veut manger et boire de tout
ce qui se trouve sur la table, il touche à tout et hurle pour aller au lit
l’après-midi et le soir. Les joues rondes s’amaigrissent, les couleurs fraîches
pâlissent ... C’est que le passage du stade de la première à la deuxième
enfance est une opération délicate à effectuer, dont le succès repose presque
entièrement sur l’intelligence, la compréhension, la fermeté et le doigté de la
jeune maman. Bébé n’est plus le petit être amorphe, docile à guider et facile à
nourrir. Et il n’est pas encore assez raisonnable pour se soumettre aux
décisions contraires à sa propre volonté. C’est aux parents qu’il incombe de
vouloir, doucement mais fermement, le bien des petits et de décider une fois
pour toutes de les aimer non pour eux-mêmes, mais en vue de leur personnalité
future d’hommes et de femmes utiles à la société. C’est à cet âge-là que les
bonnes habitudes se fixent ou se perdent. Il est nécessaire d’en déterminer un
certain choix, d’en connaître la valeur et d’enseigner l’enfant à s’y
soumettre. Ces bonnes habitudes concernent les trois domaines les plus
importants de la vie de l’enfant : l’alimentation, le repos et le jeu.
La partie « hygiène alimentaire », qui est une
sorte de médecine préventive, retiendra surtout notre attention, car de la
valeur qu’on lui accorde dépendront la santé et l’équilibre du petit être
confié à notre amour et à nos soins. Le Dr Carton nous dit à ce
sujet : « Les débilités viscérales chez l’enfant n’ont pas d’autres
causes que les erreurs alimentaires. Elles préparent des adolescents nerveux,
turbulents, indociles, parfois simplement précoces du fait d’un développement
physique et mental suractivé par le surchauffage alimentaire ... On ne
doit jamais oublier que tous les malaises infantiles (caractère, dentition,
etc.), de même que toutes les maladies, infectieuses ou non, sont des
conséquences presque exclusives de fautes alimentaires et résultent des
viciations digestives et humorales ainsi engendrées. »
En somme, il est facile de déduire de ces faits que
l’alimentation pondérée (ni insuffisante ni excessive), et surtout
physiologique et naturelle, est une médecine préventive et un traitement
curatif, s’il y a lieu, de l’aptitude morbide.
L’organisme d’un enfant de deux à six ans — et même
plus âgé — n’a besoin ni de viande, ni surtout de charcuterie, ni de vin,
ni de bière, ni de café. Les bouillons gras, les conserves, les sucreries
concentrées lui sont non seulement inutiles, mais nuisibles.
On posera en principe qu’un enfant ne doit absolument
rien prendre entre les repas. Trois repas par jour — auquel peut
s’ajouter le goûter de 4 heures — suffisent. Les deux plus importants
sont le petit déjeuner et le repas de midi.
Voici quelques recettes types de repas pour enfants de trois
à six ans :
Petit déjeuner.
— Bouillie au lait avec crème de blé. Tartine de
beurre. Un fruit juteux (pomme, pêche, poire, raisin, orange, etc.). Ou
bien : bouillie crème d’avoine, tartine de miel, fruit juteux. Ou
bien : bouillie semoule de blé, tartine de confiture, banane. Ou
bien : muesli (recette plus loin).
Repas de midi.
— Une entrée : un fruit frais, ou une
salade verte, ou une salade de crudités (carotte, betterave rouge, radis, navet
ou céleri finement râpé ; quantité : la valeur de deux
cuillerées à soupe).
Un potage au bouillon de légumes avec petites pâtes,
vermicelle, tapioca, semoule, ou flocons de céréale (flocons d’avoine, de blé
vert, de riz, etc.).
Un légume vert (haricots verts, petits pois,
épinards, salades cuites, carottes, navets, etc.), accompagné de pommes de terre
ou d’un plat de céréales bouillies (riz, flocons d’avoine, orge perlé, semoule,
pâtes).
Ce repas peut s’accompagner d’une légère tranche de pain
rassis que l’on fait manger à l’enfant, peu à peu, très lentement.
Repas du soir.
— Il s’apparente à celui de midi. Ne pas oublier pâtes
alimentaires ou pommes de terre.
Goûter de 4 heures.
— Une tasse de lait, ou une tasse de jus de fruits, ou
fruits : banane, ou dattes, ou figues.
La pâtisserie permise est celle de ménage : flans,
crèmes, puddings, préparations à base de fruits, laitages faits à la maison. Le
chocolat, les friandises et les sucreries achetées chez un confiseur ne
devraient être accordées qu’à titre exceptionnel. Leur abus, selon le Dr Carton,
est une des principales causes de déminéralisation, d’arthritisme et de
tuberculose.
La régularité des repas est une excellente habitude à
prendre. Elle est très importante pour la bonne assimilation de la nourriture
et le bon équilibre des fonctions digestives.
La boisson de l’enfant consistera surtout en eau fraîche ou
en jus de fruits coupés d’eau. Rappelons que le lait n’est pas une boisson,
mais un aliment. Il sera pris de préférence le matin et à 4 heures. Trois
quarts de litre par jour suffisent à un enfant de cet âge.
Veiller également à la régularité dans les heures de repos.
Air pur, jeux et mouvements, ajoutés à une bonne hygiène alimentaire,
développeront un enfant au corps sain et vigoureux, à l’esprit clair, en un mot
un enfant vraiment beau.
Chez les enfants plus âgés, on peut remplacer de temps en
temps la farine de céréales par des farines de légumineuses (pois, haricots, lentilles,
fèves, etc.).
Quelques recettes.
— Muesli : Faire tremper, la veille au
soir, 1 cuillerée à soupe de flocons d’avoine dans 3 cuillerées
d’eau. Au moment de manger, ajouter une cuillerée de lait condensé sucré (ou 3 cuillerées
de lait sucré d’un morceau de sucre), une cuillerée à café de jus de citron,
une pomme râpée crue. Saupoudrer de quelques noisettes ou amandes râpées.
Tartine au miel et à la banane : Écraser une
banane avec une cuillerée à café de miel et quelques gouttes de jus de citron.
Étaler sur une tranche de pain grillé (ou manger tel quel, à la cuillère).
Bouillie au lait et à la farine : Délayer une
cuillerée à soupe de farine (crème de blé, crème d’avoine, crème d’orge, etc.)
avec très peu d’eau froide, de façon à former une pâte bien lisse, sans
grumeaux. Ajouter un peu de lait tiède pour ramollir la pâte et la rendre bien
coulante. La verser dans le reste du lait bouillant et sucré (1/4 de lait, 2 morceaux
de sucre) et la porter sur le feu pendant sept à huit minutes. Au moment de
servir on peut ajouter un petit morceau de beurre frais.
A. PEYREFITTE.
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