Très souvent questionné par des correspondants sur
cette question, j’ai estimé intéressant de traiter le sujet d’un peu plus près.
Comme je l’ai signalé à plusieurs reprises, on peut admettre qu’il y a deux
genres de piégeage généraux : le piégeage au passage et le piégeage avec
emploi d’un appât. Le premier mode étant le plus pratiqué ; le second,
demandant plus de connaissances des animaux à piéger et un peu plus de
patience, l’étant beaucoup moins.
Tout débutant qui veut se lancer dans le piégeage avec appât
se heurte à de nombreuses difficultés, d’où insuccès fréquents et répétés qui
le découragent. Or ces difficultés sont loin d’être insurmontables. Nous allons
les examiner ensemble.
La première condition favorable est le choix de la saison.
Un appât étant destiné à être mangé, il est de toute évidence qu’il le sera
d’autant mieux que les animaux auront faim. La « faim est le meilleur
appât », c’est donc par hiver rude ou période de gel prolongé qu’on aura
le plus de succès. Ceci ne saurait rebuter les piégeurs qui cherchent la
fourrure, puisque cette période correspond à l’hiver.
La deuxième condition est le choix du lieu où l’on
effectuera le piégeage. Nombreux sont les débutants qui croient que l’on peut
se contenter d’appâter n’importe où pour que les nuisibles accourent. Il y a là
une grosse erreur. Si une traînée courte peut amener certains carnassiers à un
appât, il n’en reste pas moins vrai que l’on a le plus grand intérêt à appâter
et à traîner dans une zone régulièrement fréquentée des nuisibles ; c’est
là que le succès vous attend, et pas ailleurs. Même dans le cas où un piégeur
effectue un appâtage sérieux et de longue haleine (cas du piégeage en jardinet
permanent ou en charnier), et par conséquent où les animaux ont pris l’habitude
de trouver table mise, cette fréquentation des carnassiers se fera d’autant
plus facilement que ces procédés seront employés dans les zones fréquentées
régulièrement.
La troisième condition est le choix de l’appât. Tel
appât, excellent pour un carnassier donné, n’offre que peu d’attraits pour un
autre. Le renard aime le faisandé, l’hermine préfère le sang chaud ou frais. Je
ne reviendrai pas sur la distinction des appâts, déjà traitée dans Le
Chasseur Français, mais qu’il suffise de se rappeler que les moyens d’attraction
des carnassiers pour les attirer aux pièges sont les « appâts proprement
dits », les « leurres », les « odeurs » et les
« traînées ».
En quatrième condition, nous ferons intervenir la présentation
de l’appât, qui influe sur l’animal avec d’autant plus de force qu’il est
méfiant. Le renard, par exemple, donnera toujours plus vite à un appât enterré
légèrement qu’à un appât laissé à même le sol, il donnera également plus
facilement à un appât en plaine qu’à un appât au bois. Il y a donc nécessité absolue
de connaître parfaitement les habitudes des animaux à piéger.
Dans cette présentation de l’appât, nous ferons également
intervenir l’importante question du vent. Quand on parle du vent en piégeage,
il est utile de préciser qu’il s’agit du vent qui souffle le plus souvent sur
les lieux de piégeage en hiver. Le vent, en effet, est le transporteur de
l’odeur de l’appât, il faut donc, et ceci pour les carnassiers qui chassent à contre-vent,
tout spécialement que l’appât soit placé du côté du vent par rapport au piège
et que le passage de l’animal soit du côté opposé du piège. Il faut, de plus,
que la distance centre de la palette-appât soit calculée selon l’animal à
capturer pour que l’animal se prenne quand il veut s’emparer de l’appât.
Enfin, en dernière condition, nous ferons intervenir des
généralités à ne pas négliger, telles que la préparation des placeaux un
mois d’avance ou dès que l’on a fixé son choix sur le lieu d’opération,
l’emploi de pièges adaptés aux animaux à capturer et en excellent état
de fonctionnement, la pose des pièges deux ou trois jours avant celle de
l’appât (si on n’effectue pas un appâtage régulier et préalable) ou la pose
rapide des pièges en évitant de piétiner ou de couper les passages des
carnassiers (surtout si on opère en région peu fréquentée de l’homme).
Quant au nombre de pièges à employer à chaque dispositif, le
moins possible est le meilleur : un au minimum bien entendu, deux ...
trois au maximum : plus on remue la terre, plus on risque d’être
éventé !
A. CHAIGNEAU.
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