Comment faut-il arroser ?
— Pour arroser normalement et sans à-coups, les plantes
légumières ont besoin d’une certaine fraîcheur afin que les principes
fertilisants, en solution dans le sol, puissent être puisés par les poils
absorbants des racines et véhiculés à l’état de sève brute jusqu’aux organes
foliacés, pour s’élaborer ensuite et servir à l’accroissement des tissus. Par
conséquent, en cas de sécheresse prolongée, et chaque fois que le besoin s’en
fait sentir, il faut effectuer des arrosages. Mais comment ?
L’idéal serait de répandre l’eau sous la forme d’un mince
brouillard, ainsi que le font les maraîchers bien outillés, à l’aide de
tourniquets. Les arrosages ainsi pratiqués humidifient toute la surface du
terrain sans le tasser, et l’imprégnation se fait jusqu’aux racines, de la même
manière que par les pluies douces.
Malheureusement, dans les petits potagers familiaux où on ne
dispose pas souvent d’un appareillage automatique, on en est réduit à l’usage
des arrosoirs, avec lesquels on déverse l’eau dégourdie, recueillie dans des
bassins aériens.
Comment faut-il opérer, à la pomme ou au goulot ?
En principe, il vaut mieux arroser copieusement, à
intervalles éloignés, plutôt que mouiller superficiellement le terrain, sauf
pour les jeunes semis et les plantes fragiles repiquées en pépinière,
lesquelles se trouveraient déplacées ou recouvertes par la chute de l’eau.
Mais, s’il s’agit de plantes bien enracinées : pois,
haricots, tomates, choux, etc., les arrosages au goulot seront toujours
préférables, parce qu’eux seuls peuvent constituer des réserves en profondeur,
susceptibles d’atténuer l’influence de la sécheresse prolongée.
Autant que possible, on évitera de mouiller le feuillage,
afin de ne pas gêner la respiration foliacée, surtout si on opère en plein
soleil. Ainsi on ne provoquera pas le refroidissement dû à l’action de
l’évaporation, ce qui peut occasionner des réactions dangereuses sur l’activité
des organes.
D’autre part, en mouillant fréquemment les feuilles, on
provoque presque toujours l’éclosion des maladies cryptogamiques, telles que la
rouille, l’anthracnose, le blanc, etc., que l’on a tant de peine à combattre en
certaines années.
En résumé, pour soutenir la végétation, les arrosages se
feront à haute dose et au goulot. Enfin, pour obtenir une meilleure pénétration
de l’eau, on passera plusieurs fois de suite l’arrosoir sur les mêmes lignes de
légumes, afin de constituer des réserves pour plusieurs jours.
Attention aux plantes fragiles.
— Les gelées tardives sont toujours à craindre jusqu’à
la fin d’avril, dans le Midi de la France ; elles sévissent parfois
jusqu’au 10 mai dans l’Ouest, jusqu’au 20 mai dans le Centre et la
région parisienne, et même jusqu’au début de juin dans le Nord et l’Est.
Avant ces dates, il est toujours aléatoire d’entreprendre
sur une grande échelle les cultures de plantes délicates, à moins que l’on ne
dispose d’abris ou de côtières bien exposées.
Si on en excepte les pommes de terre, que l’on peut garantir
assez longtemps par des buttages échelonnés, et qui fructifient néanmoins même
si l’extrémité des feuilles a été grillée par la gelée, on retardera le plus
possible les semis de haricots, et surtout la mise en place des tomates, des
melons, des aubergines et autres cucurbitacées.
Toutes les plantes délicates repiquées avant la fin de la
période critique devront être abritées en cas d’alerte par des toiles, des
cloches ou des récipients quelconques. Celles qui ne seront pas protégées
seront considérées comme cultures aléatoires, et l’on devra tenir en réserve le
plant nécessaire pour le remplacement des cultures détruites par la gelée. Même
si la congélation n’était que partielle, les plantes qui auraient souffert du
froid ne donneraient pas grand’chose de bon, et l’on aurait intérêt à les
remplacer.
Adonis LÉGUME.
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