Dans un article paru dans Le Chasseur Français de
février 1947, nous avons indiqué à nos lecteurs les précautions à prendre pour
mettre en route une culture de chrysanthèmes.
Nous avons, en particulier, précisé l’époque convenable pour
bouturer les plantes, la nature du compost leur convenant le mieux, la
périodicité des rempotages, etc. ...
Des précisions plus complètes nous ayant été demandées,
notamment au point de vue des pincements et du choix des boutons, des
arrosages, de la lutte contre les insectes et contre les maladies, nous pensons
être utile à nos lecteurs en leur fournissant quelques renseignements
complémentaires.
Pincement.
— Il a pour but de faire ramifier autant qu’on le
désire la jeune plante. On l’opère en supprimant, à une ou deux reprises,
l’extrémité des jeunes pousses. Il faut éviter de pincer aussitôt après un
rempotage, mais le faire, au contraire, après reprise complète, lorsque la
plante est en pleine activité végétative.
Choix et réserve du bouton.
— Le chrysanthème émet deux sortes de boutons
floraux :
1° Le bouton-couronne, qui se présente toujours seul,
entouré de jeunes pousses aux extrémités desquelles se formeront plus tard
d’autres boutons (deuxième bouton-couronne) si le premier bouton-couronne a été
supprimé de bonne heure ou a avorté ;
2° Le bouton terminal, toujours accompagné d’autres
boutons latéraux qui terminent le cycle végétatif de la plante. Le bouton
terminal apparaît tard, en septembre. Il est rarement utilisé.
Selon les variétés de chrysanthèmes, la date d’apparition de
ces différents boutons est très variable. Dans quelques variétés, le premier
bouton-couronne apparaît en juillet, mais, pour la plupart, c’est dans le
courant d’août que se développe le deuxième bouton-couronne. Les catalogues des
horticulteurs spécialistes indiquent, pour les différentes variétés, s’il est
préférable de réserver le premier bouton-couronne ou le deuxième. En effet, les
fleurs provenant du premier bouton-couronne sont, en général, volumineuses,
mais elles sont lentes à s’ouvrir et parfois s’ouvrent mal, ou même ne
s’ouvrent pas. Tandis que les fleurs issues du deuxième bouton-couronne sont
plus belles et mieux colorées, ce qui justifie le choix que l’on en fait plus
fréquemment.
On peut ainsi résumer les opérations à effectuer :
a. À la suite du ou des pincements effectués en avril
paraît le premier bouton-couronne. Celui-ci est, à part de rares exceptions,
supprimé.
b. Sur chacune des pousses qui se développent après
cette suppression, paraît, en août en général, le deuxième bouton-couronne,
qui, pour la plupart des variétés, est réservé.
Pour réserver le deuxième bouton-couronne, il faut d’abord
supprimer les trois pousses qui l’entourent. Puis, lorsqu’il a grossi quelque
peu et semble vigoureux, supprimer les jeunes pousses restant sur la tige pour
éviter qu’elles ne prennent une partie de la sève.
c. Si, pour une cause quelconque (avortement,
suppression), le deuxième bouton-couronne disparaissait, il faudrait avoir
recours au bouton terminal, lequel paraît en septembre.
Arrosages.
— L’arrosage est primordial pour les plantes
cultivées en pots. Il ne faut jamais laisser faner les plantes, surtout à
l’époque de la formation des boutons. Chaque arrosage doit être copieux ;
par temps sec, on en fait en général un par jour, le soir de préférence. Si
l’été est très chaud, enterrer les pots jusqu’au rebord pour diminuer
l’évaporation, bassiner plantes et sentiers dès l’apparition des boutons. Si le
feuillage devient jaunâtre et mou, s’assurer que le drainage du pot fonctionne
bien et restreindre l’arrosage pour les plantes malades.
Insectes nuisibles.
— Les pucerons sont aisément détruits par des
pulvérisations de solutions de nicotine ou d’insecticide à base de nicotine ou
de roténone. Traiter dès l’apparition des premiers pucerons, le soir de
préférence.
Les chenilles, notamment celles du Grapholita minutana
(chenilles tordeuses), creusent à l’intérieur des pousses une galerie. La
pousse atteinte se flétrit et meurt, ou bien ne donne plus qu’une végétation
languissante. Il faut, le plus vite possible, supprimer les tiges atteintes et
les détruire par le feu. Les nouveaux insecticides à base de H. C. H.
semblent efficaces en éloignant le papillon et l’empêchant de pondre.
Maladies.
— Diverses maladies : le blanc ou oïdium,
la rouille, la brunissure, toutes dues à des champignons,
attaquent le chrysanthème. Elles peuvent être combattues, mais il est
préférable de les prévenir. Comme elles se développent toujours en milieu
humide, privé d’aération suffisante, il faut choisir, pour élever les
chrysanthèmes, un emplacement sain, bien aéré, et observer un écartement
suffisant entre les sujets ; il faut supprimer dès leur apparition les
mauvaises herbes, ne pas laisser traîner à terre de tiges ou pousses
supprimées, maintenir une bonne vigueur des plantes.
Certaines variétés sont très sensibles aux maladies. Le
mieux est de ne pas les cultiver.
Enfin, des traitements préventifs doivent être effectués.
C’est ainsi que, le soufre étant préventif de l’oïdium, on fera, chaque semaine,
un léger soufrage, par temps calme, le matin de préférence. Ces soufrages, bien
suivis, éloigneront aussi presque toujours la rouille. Cependant, si la moindre
tache apparaît, on aura recours à un produit plus énergique, le pentasulfure
de potassium ou Barèges, en solution à 4 à 6 grammes par litre
d’eau.
Enfin, contre la brunissure ou noir, une
bouillie bordelaise faible : 1 kilogramme de sulfate de cuivre et 800 grammes
de chaux pour 100 litres d’eau, constitue le traitement préventif. On fait
un premier traitement sur les boutures déjà fortes, en avril, un second à
demi-végétation et un troisième aussitôt la réserve du bouton. Ces traitements
sont faits sous forme de brouillard. En année humide, il est utile d’en faire
un ou deux supplémentaires.
E. DELPLACE.
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