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Le noyer

Arbre dépassant rarement 20 mètres de hauteur, pouvant atteindre 5 à 6 mètres et plus de grosseur. Sa tige lisse gris argenté ne se gerce que tardivement et peu profondément ; elle se ramifie de bonne heure et forme une cime ample arrondie dont le couvert est très intense. Les pousses sont brun clair, glabres. Feuilles grandes, imparipennées. Toutes les parties herbacées exhalent une odeur spéciale. La floraison a lieu en avril-mai, et la fructification en septembre-octobre. Les fleurs mâles sont en chatons naissant par 2 ou 3 de bourgeons latéraux sur les pousses de l’année précédente. Les fleurs femelles sont portées sur des jeunes pousses de l’année. Les fruits globuleux, portés sur de jeunes rameaux par 1 à 4 sur un même pédoncule, sont des drupes entourées d’une enveloppe charnue (brou), le noyau (noix), à 2 valves ligneuses (coquille).

Sous les téguments minces de cette graine se trouve un gros embryon charnu, féculent, huileux, à cotylédons plissés emplissant la coque, formant la partie comestible du fruit.

Usages.

— Son fruit est consommé jeune, laiteux (cerneau). À l’état sec, pendant l’hiver, on expédie des quantités de noix à l’étranger. La noix donne une huile douce.

Le bois du noyer, spécialement le bois du cœur, est un des meilleurs et des plus beaux que produisent nos arbres indigènes ; par contre, son aubier, ou bois blanc, n’a aucune valeur industrielle, il pourrit rapidement, il est très sujet aux attaques des insectes ; sa teinte est blanchâtre, tandis que le cœur est brun, compact, veiné, d’un grain fin, prenant bien le vernis, peu sujet à se fendre ni à se tourmenter.

Il est très recherché en ébénisterie pour la fabrication des gros meubles, des crosses de fusils. Il est peu estimé comme bois de chauffage. Les loupes parfois énormes qui se développent fréquemment sur les troncs et sur les grosses branches sont très recherchées pour le placage, à cause des magnifiques panachures de leur bois.

En tant qu’arbre d’ornement, le noyer est souvent planté dans les grands parcs paysagers, à la faveur de son port majestueux, de sa longévité et de son produit.

Les qualités du bois varient selon les terrains dans lesquels il s’est développé. Venu en sols secs, coteau pierreux, le noyer donne des bois plus estimés que ceux venus en terres humides de plaine.

Nature du terrain.

— Il croît aussi bien dans les terres siliceuses du plateau Central, dans les boues glaciaires, les grès molassiques de la Savoie et du Dauphiné que dans les calcaires tendres fissurés de l’Yonne. Il recherche les sols conservant de la fraîcheur en été où il peut étendre facilement ses racines. Ceci explique pourquoi il prospère en bordure des routes, situation lui permettant de s’alimenter facilement dans les champs cultivés avoisinants.

Greffage.

— Lorsque les fruits sont employés à la fabrication de l’huile, le noyer se propage par semis. Mais, partout où les noix sont vendues comme fruit de table, l’arbre est greffé sur noyer franc, venu de semis.

Pour les jeunes plants de semis de un ou deux ans, on emploie la greffe anglaise effectuée sur table.

Pour assurer la reprise de greffes, on utilise le procédé employé pour les vignes.

En février-mars, les sujets à greffer sont arrachés de la pépinière des jeunes noyers de semis et préparés en taillant la tige au niveau du collet, et le pivot de la racine est coupé légèrement pour rafraîchir son extrémité. Les greffons sont retirés du sable, lavés afin d’enlever toutes les particules de terre, qui émousseraient le tranchant du greffoir. Le greffon est choisi du diamètre du sujet et l’on exécute la greffe anglaise.

Après avoir ligaturé ces greffes, elles sont placées par lits dans une caisse et séparées par une couche de mousse humide sur 6 à 8 centimètres d’épaisseur. Les parois et le fond de la caisse recevront une couche plus épaisse. On continue jusqu’à ce que la caisse soit garnie.

La mousse utilisée ne doit pas contenir de brindilles de bois mort, des aiguilles de conifères, qui engendrent le blanc et les moisissures. Il sera facile d’éviter cette végétation en épandant sur chaque lit de la poussière de charbon de bois. Les caisses sont arrosées d’eau tiède pour maintenir la mousse humide. Elles seront ensuite placées dans un local où la température ne descendra pas au-dessous de 15° C.

Élagage du noyer.

— Il consistera à lui donner une forme régulière et arrêtera les branches se développant avec trop de vigueur. L’intérieur de la tête est éclaircie quand elle est trop touffue. Les pousses dites gourmandes sont arrêtées ou supprimées. Les amputations ne conviennent guère au noyer. L’époque la plus favorable pour effectuer ces opérations, c’est le moment de la maturité des noix.

Variétés.

— Noix -Franquette, gros fruit allongé, pointu au sommet, bien plein, qui vient assez bien en terre sèche, fructification tardive, variété très fertile.

Mayette, gros fruit aplati à la base, qui lui permet de se tenir debout. Arbre vigoureux, quinze jours plus tardif, demandant une exposition abritée. Très appréciée pour dessert.

Chaberte, fruit moyen arrondi, très plein. Arbre de grande vigueur, tardif à végéter, très fertile. Recherchée pour l’huile et les cerneaux.

Parisienne, gros fruit allongé, bien plein, coque demi-dure, arbre vigoureux.

Vourey ou noix romaine, fruit assez gros, régulier, à floraison prolongée et à production soutenue.

Rendement en huile.

— On compte que le rendement annuel moyen d’un arbre en pleine production peut varier de 60 à 120 litres. Le poids de l’hectolitre de noix sèches est de 35 à 36 kilogrammes. Le nombre de noix sèches à l’hectolitre varie de 110 à 140.

Récolte.

— Il convient de ramasser rapidement les noix. Ne pas les laisser séjourner sur le sol. Après un lavage léger, les étendre immédiatement en les plaçant sur des claies ou des grillages en plein courant d’air. C’est du séchage rapide que dépendent la qualité de la noix et la blancheur des cerneaux.

Les noix à coque pour dessert doivent être soufrées pour obtenir une coquille blanche ; après les avoir lavées, il est nécessaire de les sécher immédiatement.

E. DÉAUX.

Le Chasseur Français N°626 Avril 1949 Page 414