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Causerie médicale

Arythmies cardiaques

C’est là un sujet de pathologie un peu spécial et, avouons-le, encore un peu nuageux, qu’un lecteur nous demande de traiter. Essayons d’en voir tout au moins les grandes lignes.

Normalement, les contractions du cœur se font selon un rythme régulier, se traduisant : à l’auscultation, par une série de bruits rythmiques ; à la palpation du pouls, par des pulsations régulièrement espacées. Laissons de côté les grandes arythmies complètes, où bruits cardiaques et pulsations sont complètement désordonnés, qui n’appartiennent qu’aux affections graves du cœur, pour n’envisager que les formes les plus fréquentes, les arythmies extrasystoliques.

Elles sont le fait d’une contraction cardiaque prématurée venant, à intervalles plus ou moins éloignés, troubler le rythme cardiaque régulier, se traduisant ou non par l’absence d’une pulsation radiale ; c’est ce qu’on appelle une extrasystole ; ces extrasystoles peuvent être régulières, survenant toutes les deux, trois ou quatre révolutions cardiaques, ou irrégulières. Les cardiologues, grâce aux procédés modernes d’exploration, notamment à l’électrocardiogramme, ont pu en décrire un certain nombre de variétés, dont le diagnostic est souvent fort délicat. Ce qui intéresse le plus le patient, c’est le diagnostic étiologique, celui de la cause de cette altération du rythme, de ces « ratés » du cœur.

On recherche, en premier lieu, s’il ne s’agit pas d’une affection cardio-vasculaire ; l’arythmie extra-systolique peut être le premier signe d’une artériosclérose ou d’une hypertension ; elle peut survenir au cours d’une péricardite, d’une myocardite chronique, d’une affection des valvules du cœur. Ces causes étant éliminées, il faudra songer à une intoxication, due à l’abus du café, du thé, voir de l’alcool ou du tabac, et ne pas oublier que certains médicaments cardiaques, la digitaline en particulier, sont susceptibles de produire des arythmies. On trouve parfois des arythmies au cours d’un ictère, dans le rhumatisme traité par le salicylate de soude, dans le diabète ou l’obésité avec hypertension et dans certains troubles endocriniens, comme le goitre exophtalmique ou l’insuffisance ovarienne. Une troisième cause peut provenir d’une affection digestive : dyspepsie, entérite et surtout aérophagie, d’une colique hépatique, d’une métrite, etc. Enfin les affections nerveuses interviennent aussi, assez fréquemment, chez des déprimés qualifiés de neurasthéniques ou à la suite d’émotions violentes.

Ce diagnostic causal est de la plus grande importance, car il commande le pronostic et le traitement. Par elle-même, l’arythmie extrasystolique n’a pas grande signification pronostique ; celles qui sont d’origine réflexe, dues à des causes nerveuses ou à des affections de voisinage, comportent un pronostic bénin ; il n’en est plus de même si elles sont liées à une affection cardiaque.

Les symptômes sont également très variables ; les sujets accusent presque toujours des palpitations et parfois la sensation d’un choc isolé plus ou moins violent, se produisant à intervalles plus ou moins éloignés, suivi d’une sensation de malaise général, de vertige pouvant aller jusqu’à une tendance syncopale, parfois d’une sorte de pincement douloureux dans la région du cœur, accompagné d’angoisse.

Le traitement s’adressera naturellement tout d’abord à l’affection causale quand elle aura pu être déterminée ; s’il existe une maladie du cœur, on devra être très prudent dans l’emploi de certains médicaments, comme la digitaline, et surveiller attentivement le pouls au cours de leur administration ; selon les cas, on usera de diverses préparations opothérapiques ; pas davantage on n’oubliera de rechercher la syphilis, le traitement spécifique ayant souvent fait disparaître certaines arythmies.

Quant au traitement particulier de l’arythmie, il comporte tout d’abord des mesures hygiéniques : repos physique et intellectuel, séjour à la campagne et, autant que possible, éloignement des affaires et des soucis. On emploiera la médication calmante : bromures, valériane, atropine ; dans les cas plus sérieux, quelquefois la quinidine.

Dr A. GOTTSCHALK.

Le Chasseur Français N°626 Avril 1949 Page 424