Mars et avril sont deux mois où un travail effectif est le
plus facile à faire pour le dressage des jeunes chiens.
S’ils ne sont pas déclarés, c’est le bon moment pour les
mettre en présence de gibier peu fuyard, de façon qu’ils se déclarent.
À cette époque, les couverts ne sont pas encore assez hauts
pour gêner les jeunes chiens dans leur action et, malgré cela, le gibier ne
peut se dérober longtemps. Le travail sur couple ou même sur isolé est bien
préférable à celui sur compagnie de jeunes.
Et le jeune chien qui a été travaillé au printemps n’aura
besoin que de peu de leçons en août pour être fin prêt pour l’ouverture. Le
plus difficile est de trouver un terrain sur lequel les propriétaires veuillent
bien autoriser le dressage à cette époque et une autorité qui veuille bien
oublier la Loi.
Cependant, le dressage est loin de faire tort au
repeuplement du gibier. Si l’on a soin de faire battre le plus souvent possible
les champs de luzerne et de trèfle en évitant les champs de blé voisins, il y a
de grandes chances pour que les couples qui se préparaient à y nicher
abandonnent ces champs pour se tenir dans le blé.
De plus, les perdreaux qui se trouvent dans les terrains
explorés pour le dressage sont toujours en éveil et, de ce fait, se laissent
rarement surprendre par le faucon ou l’épervier rasant le sol. On trouvera
rarement des cadavres de perdrix mangés par ces rapaces dans les chasses où se
pratique un dressage journalier.
Pour les premières sorties, on tiendra l’élève en laisse
jusqu’à ce que l’on ait levé un couple. Ayant bien repéré la remise, on
l’amènera à l’endroit ; s’il paraît s’intéresser, on le fera mettre au
down pendant deux ou trois minutes, puis, le maintenant toujours en laisse, on
tâchera de lui faire suivre la direction prise par les perdrix. S’il s’y
intéresse trop brutalement, on le calmera par quelques saccades opérées sur la
laisse en lui disant : « Tout beau ».
À l’envol, une saccade énergique et un « Tout
beau » prononcé à haute voix devront immobiliser l’élève au sol.
Il est bien entendu que le dressage au down a été fait
pendant la période d’élevage et qu’il n’y a plus qu’à le compléter au départ du
gibier et au coup de feu.
Vers le 10 avril, on pourra avoir la chance de
rencontrer des cailles. Avec ce gibier, qui tient bien à l’arrêt et ne prend
pas de grands partis, le dressage devient plus facile.
Cependant, il arrivera quelquefois qu’une caille déjà levée
une fois ou deux devienne introuvable, quoique la pose ait été bien repérée.
Certains prétendent que le dressage sur cailles gâte le port
de tête des jeunes chiens et les habitue à pister.
Pour ceux qui n’ont pas l’occasion de travailler sur d’autre
gibier, cela est possible.
On peut en dire autant du travail sur faisandeaux.
Quand notre élève sera à peu près sage à l’émanation, on
supprimera la laisse et on tâchera de le mettre à bon vent d’un couple.
Si l’arrêt ferme est obtenu ainsi que le down au départ, en
tirera un coup de pistolet à blanc.
Si, après le départ d’un couple, le chien maintient son
arrêt, ne le rappelez ni ne le relancez, mais faites-le couler ; il
arrivera souvent, à cette époque, qu’une troisième perdrix partira du même
endroit que celui d’où est parti le couple. C’est un coq qui n’a pas encore
trouvé à s’accoupler. Il serait désastreux, pour l’éducation du jeune chien, de
l’envoyer buter sur cet oiseau.
Tous ceux qui ont présenté en field-trials se méfient de cet
incident.
On devra cesser de faire travailler les chiens dans les blés
à partir du 20 avril, date à laquelle les perdrix commencent à pondre. Le
gibier poil sera plutôt rare à cette époque, on devra cependant se montrer très
rigoureux pour le down au départ, car la prise d’un levraut, quoique rare, est
toujours à redouter.
A. ROHARD.
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