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Causerie vétérinaire

La toilette des chiens

La toilette exerce une grande influence sur la conservation de la santé du chien, et le pansage doit être placé au nombre des pratiques les plus importantes de l’hygiène.

Son premier effet consiste à débarrasser la peau des détritus épidermiques et des résidus salins et gras de la respiration cutanée. Il embellit les animaux, dont le poil acquiert un brillant particulier, en même temps qu’il est un moyen simple et efficace de prévenir les maladies cutanées parasitaires, ou les démangeaisons qu’occasionnent les poussières et les crasses.

L’animal qui est incommodé par le prurit ne dort pas et ne repose pas ; il ne profite pas de sa nourriture et il dissipe inutilement ses forces ; c’est un sujet très apte à contracter des maladies infectieuses.

Si le chien ordinaire peut se contenter d’un simple coup de peigne ou de brosse quotidien, auquel viennent s’ajouter quelques bains pendant la belle saison, il n’en est pas de même des chiens de compagnie ou d’appartement, qu’ils soient de grande ou de petite taille, à poils longs ou à poils ras, qui nécessitent des soins beaucoup plus minutieux et beaucoup plus fréquents que ceux ordinairement donnés aux autres pensionnaires du chenil.

Obligé, par sa destination, à vivre presque continuellement à la maison, soumis à une alimentation beaucoup moins régulière et dans laquelle les friandises entrent pour une bonne part, le chien de luxe, privé de grand air et trop abondamment nourri, a besoin d’être très hygiéniquement entretenu, et c’est tous les jours qu’il faut le soumettre à une toilette complète.

Bains.

— Bien que le chien ne transpire pas, les bains généraux lui sont des plus salutaires. Ils servent non seulement à débarrasser la peau de toutes les impuretés, mais encore ils tonifient les muscles, excitent l’action des organes digestifs, rendent la peau plus souple et évitent, chez ceux à longs poils, ces démangeaisons si douloureuses et si tenaces, dont l’eczéma est la conséquence.

Les bains ne doivent pas être donnés d’une façon régulière à un chien bien entretenu, car, à la longue, ils finissent par irriter la peau ; ils doivent être réservés aux chiens atteints de grattements continuels ou qui dégagent une odeur incommodante et chez lesquels les brossages, peignages et nettoyages à sec se sont montrés insuffisants.

Le savonnage du chien demande des précautions, car, mal exécuté, les affections pulmonaires sont toujours à craindre. Le premier soin, presque toujours négligé, consiste à brosser et peigner l’animal avant le lavage ; à défaut de cette pratique, le poil déjà embrouillé, chargé de bourres mortes, se noue et se met en paquet au contact de l’eau. Il est très difficile, par la suite, de démêler ces matelassures.

Pour savonner le chien, préparez d’abord une dissolution à chaud de savon dans un litre d’eau environ. Le savon de Marseille est moins irritant que le savon noir ou mou, à cause de sa teneur plus élevée en matières grasses. Ajoutez ensuite à ce shampooing tiède la valeur d’un verre à liqueur d’ammoniaque ; avec la brosse que vous trempez dans cette préparation, savonnez le chien. Après l’avoir bien savonné, rincez-le avec la brosse, que vous trempez chaque fois dans une bassine d’eau tiède ; si vous avez un chien blanc, mettez dans cette eau une pointe de bleu qu’emploient les lingères.

Ayant ainsi enlevé toute la mousse de savon, laissez le chien s’ébrouer et séchez-le. À cet effet, recouvrez-le d’une serviette-éponge et frictionnez-le en remplaçant successivement la serviette mouillée par une autre. Évitez ensuite toute immobilité pour le chien : faites-le courir, faites-lui exécuter les exercices qu’il sait faire, le rapport ou la promenade à bonne allure ; il opère ainsi une réaction salutaire, et, tout en favorisant l’évaporation par ses mouvements, il contre-balance, par son activité musculaire, l’effet du refroidissement.

Pour le séchage du chien, on pratique également les stationnements au coin du feu, les enveloppements dans les couvertures chaudes, l’immobilité au soleil (moyen le moins recommandable) et le séchage électrique, excellent procédé, mais qui n’est pas à la portée de tout le monde.

En dehors du lavage général, qui doit être exceptionnel, l’entretien d’un chien en état de propreté comporte le nettoyage à sec au moyen du peigne et de la brosse en crin ou en chiendent, selon la délicatesse de la peau de l’animal, sans oublier le saupoudroir pour l’entretien des chiens à poil long.

Les peignes sont en corne ou en métal, le peigne en forme de demi-lune, dit « peigne pour cheval », à dents longues et rondes ne présentant aucun angle capable de sectionner le poil, et bien en main, est le meilleur. Le saupoudroir peut être un saupoudroir à sucre dont se servent les pâtissiers, à défaut une boîte métallique au couvercle de laquelle on fait quelques trous à l’aide d’une pointe et d’un marteau.

Pour nettoyer un chien, on procède d’abord à un brossage énergique, dans le sens du poil, de la tête, du dos, du ventre, des flancs, de la culotte et de la queue. L’opération est plus facile si l’on couche le chien sur une table. On remplace la brosse par le peigne, en commençant par les mêmes régions et toujours dans le sens du poil. Si des bourres feutrées résistent, on les divisera avec les doigts jusqu’au point où le peigne peut les enlever. Un nouveau brossage sur tout le corps débarrasse le chien de toutes les impuretés soulevées par le peigne. Le chien étant ainsi peigné et brossé, on procède au nettoyage à sec. Il existe de nombreuses spécialités de poudre pour le nettoyage à sec. La plus simple se compose de deux tiers d’acide borique en poudre et d’un tiers de talc. Ce mélange étant introduit dans le saupoudroir, on soulève les poils de la main gauche et saupoudre de la main droite, de telle façon que la poudre pénètre jusqu’à l’épiderme. Le chien étant ainsi saupoudré, on le frictionne vigoureusement avec les deux mains, en opérant un massage général. Cette opération, qu’on termine par un dernier coup de brosse, est extrêmement salutaire à la santé du chien.

En donnant tous les jours ou tous les deux jours un coup de brosse rapide, il sera suffisant d’effectuer brossage, peignage et nettoyage à sec, tel que nous venons de l’exposer, tous les huit jours pour maintenir un chien propre et en bon état de présentation.

Blanchard recommande de passer les chiens ordinaires, une ou deux fois par mois, à la poudre antiparasitaire composée d’un mélange à parties égales de naphtaline pulvérisée et de soufre. On frotte simplement la peau à rebrousse-poil avec la main contenant une certaine quantité de ce mélange. C’est un excellent moyen pour détruire les parasites habituels de la peau et pour prévenir leur pullulation. D’autre part, l’odeur de naphtaline persistant quelque temps au fond des poils et les parasites fuyant cette odeur, le chien est ainsi préservé de leurs atteintes. Enfin, répandue sur la litière, cette poudre en éloigne également les parasites.

M. MOREL,

Médecin vétérinaire.

Le Chasseur Français N°627 Mai 1949 Page 448