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Suralimentons les plantes

Il est très facile d’observer que, durant la période d’été, les végétaux reçoivent en abondance chaleur et lumière solaires. Si donc nous voulons mettre à profit au maximum ces animateurs gratuits et naturels de la végétation, il nous faut entretenir par des arrosages l’humidité nécessaire, indispensable. Pourquoi ne pas enrichir l’eau ainsi utilisée au plus grand bienfait de nos végétaux, en y ajoutant, selon une sage mesure, tous les dix ou quinze jours, certaines matières fertilisantes ?

Cherchons-nous le développement foliacé (salades et choux) ? Donnons des engrais azotés : des nitrates, des sels ammoniacaux.

Visons-nous plutôt la rigidité de la tige ou la précocité ? Employons, alors des engrais phosphatés, tels les superphosphates.

Enfin, si nous désirons une augmentation de la richesse saccharinée (sucre) ou féculente des fruits, des rhizomes (pommes de terre) ou des racines (carottes, betteraves rouges), nous donnerons des sels potassiques (par exemple du sulfate de potasse) ; mais nous éviterons, pour cet usage, l’emploi des sylvinites.

Parmi les sels solubles utilisables, certains contiennent à la fois deux éléments nutritifs : tels sont le nitrate de potasse, avec azote et potasse ; le nitrate de chaux, avec azote et chaux ; le phosphate de potasse, avec acide phosphorique et potasse, etc., et les engrais organiques (purin, engrais humain), qui contiennent les trois éléments, mais sont surtout riches en azote.

Pratique de l’opération au jardin.

— 1° Elle est subordonnée à ce qui suit :

Pour éviter des mécomptes (dus surtout aux phénomènes dits d’osmose), il ne faut employer que des solutions très légères : faire en sorte que la densité du liquide d’arrosage ne dépasse pas la densité moyenne de la sève : 1.003.

D’autre part, l’arrosage à l’engrais liquide sera toujours précédé d’un arrosage à l’eau claire exécuté au pied de chaque plante.

Pour la bonne réussite de l’opération, on ne dépassera pas 2 à 3 grammes de matières solubles par litre d’eau. Vouloir utiliser une solution plus riche, en la doublant ou en la triplant, c’est s’exposer à de graves mécomptes : vous ne réussiriez qu’à brûler les légumes ou à les asphyxier. C’est qu’en effet toute plante ne peut assimiler sans accident que des doses de solutions d’engrais très faibles, qu’elle ne peut digérer les solutions quelque peu concentrées et qu’elle meurt — pour ainsi dire — de faim devant une alimentation par trop intense.

Indications pratiques de doses à utiliser.

Nitrates : de soude, de potasse, de chaux et d’ammoniaque 3 grammes par litre.
Sels ammoniacaux 4 — —
Phosphates solubles : de potasse surtout 4 à 5 — —
Superphosphates : ici on peut aller jusqu’à 10 — —
Sulfate de potasse 4 — —

REMARQUE IMPORTANTE.

— Nous nous en tenons bien à la règle pratique énoncée ci-dessus, à savoir la légèreté de la solution : les chiffres sont évidemment différents parce que tout le poids de l’engrais n’est pas immédiatement assimilable.

Sang desséché : une bonne poignée pour un arrosoir de 10 litres.
Purin et engrais humain : étendre de 10 volumes d’eau.

En général, il vaut mieux arroser plus souvent et mettre des doses moindres ; nous insistons bien sur ce fait que les doses indiquées ne doivent pas être dépassées.

Époque à laquelle il faut procéder.

— Les arrosages à l’engrais liquide, préparé comme il a été dit plus haut, seront pratiqués tous les dix ou quinze jours pendant la période d’activité de la végétation, pendant la formation du fruit (tomates, melons), sur les cultures de fraisiers, ou, s’il y a eu transplantation, à partir de la reprise complète (poireaux, salades, choux, etc.). Cette pratique donne d’excellents résultats sur des semis qui se développent mal, qui végètent.

Mais les légumes qui sont appelés à être conservés pendant l’hiver ne recevront plus d’arrosages aux engrais azotés, et principalement ammoniacaux, après le 15 août environ : c’est qu’en effet ces engrais provoquent dans les tissus un emmagasinement d’eau qui pourrait être contraire à une parfaite conservation.

Il y a une dizaine d’années, nous avions tenté notre petite expérience sur un carré de poireaux : le résultat fut merveilleux ; nous l’avons, par la suite, étendu à d’autres carrés, et jamais nous n’avons été déçu : cela coûte un peu de peine, mais la récompense est bien vite venue.

G. BOILEAU.

Le Chasseur Français N°627 Mai 1949 Page 457