Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°627 Mai 1949  > Page 463 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Élevage

La pénicilline

Le compte rendu, d’un enthousiasme communicatif, adressé par M. Fernand Tessier, industriel à Croix-de-Vie (Vendée), au Chasseur Français, qui l’a publié dans son numéro de février, nous incite à donner quelques renseignements complémentaires sur l’utilisation de ce nouveau médicament, qui, d’après M. Tessier, lui a permis d’obtenir la guérison « presque miraculeuse » de son chien.

En nous réjouissant avec lui de cet heureux résultat ; nous devons à la vérité de dire que la « pénicilline » ne doit pas être utilisée à tout propos et souvent mal à propos, car elle ne saurait prétendre à être considérée comme une panacée universelle !

Elle n’est pas sans inconvénients d’ordre médical, que connaissent bien seulement les professionnels, et d’autres d’ordre pratique, qui compliquent singulièrement son administration, telles les injections répétées toutes les trois heures, de jour et de nuit, réclamant de la part des « soigneurs » (pour les chiens) autant d’application que de persévérance et un dévouement exemplaire pour la sauvegarde de la santé d’animaux vraiment privilégiés.

À l’intention des propriétaires disposés à suivre le bon exemple de M. Tessier, nous signalons qu’il existe une récente variété de pénicilline, la flocilline, obtenue par l’adjonction à la pénicilline ordinaire d’un analgésique bien connu, la procaïne, permettant une forte réduction des injections assujettissantes, utilisées dans le cas de guérison signalé ci-dessus. Ce nouveau médicament ne réclame, en général, pas plus d’une seule injection par jour, voire une tous les deux ou trois jours, car il a la propriété de maintenir la teneur du sang en pénicilline, pendant ce laps de temps, tout en donnant des résultats favorables dans la grande majorité des cas.

Il existe encore un nouveau produit, du type de la pénicilline, le supronatum, dont les essais, qui se continuent dans les hôpitaux de Hambourg, ont permis d’enregistrer d’excellents résultats chez des malades dont l’état semblait désespéré (pneumonie, péritonite, empoisonnement du sang, autant de manifestations fréquentes au cours de la maladie des chiens).

De fabrication plus facile que celle de la pénicilline, son prix commercial est deux fois moins élevé ; de plus, présenté sous forme de tablettes ou de comprimés, il doit être administré par la voie buccale, à la manière de l’aspirine, à laquelle il ressemble beaucoup, à doses fortes ou répétées, sans qu’aucun risque d’intoxication en résulte pour le malade.

Maintenant que la pénicilline est de plus en plus répandue dans les pharmacies, sinon pour toutes les bourses, elle peut être employée avantageusement, en beaucoup de circonstances, par la médecine canine. C’est ainsi que pour les plaies et maladies des yeux, utilisée sous forme de collyre ou de pommade, plusieurs fois par jour, à la dose de 500 à 1.000 unités, elle calme rapidement la douleur, le plus souvent très vive, et avance d’autant la cicatrisation et la guérison des lésions (plaies, ulcérations, conjonctivites, etc.).

Et, pour en revenir à la pénicilline normale, nous signalerons qu’un des derniers Bulletins de l’Académie vétérinaire de France a publié une communication d’un véritable aréopage de personnalités vétérinaires — il y en avait une demi-douzaine — exposant les résultats de leurs recherches et de leurs observations sur le traitement des mammites des vaches laitières par ce médicament.

Dans ces diverses expériences, la pénicilline a été utilisée exclusivement par la voie mammaire, en solution huileuse glucosée, ou chloro-sodique.

Après l’identification du germe pathogène (staphylocoque, streptocoque, colibacille), toujours nécessaire, l’intervention peut se faire des deux manières suivantes :

1° Traire à fond, matin et soir. Immédiatement après la traite, « infuser », dans le quartier infecté, par l’intermédiaire du canal du trayon et au moyen d’une sonde trayeuse, préalablement bouillie, la quantité nécessaire de pénicilline dans l’excipient choisi : sérum physiologique, solution glucosée, etc. Masser doucement la glande et laisser le médicament en place jusqu’à la traite suivante.

Ce traitement doit être répète matin et soir, pendant trois jours consécutifs, soit six infusions répétées.

2° Le second procédé, plus souple dans sa réalisation pratique, consiste à infuser la mamelle, seulement une fois par jour, soit le matin, soit le soir, quatre jours de suite. Par ailleurs, le protocole est le reflet exact de la méthode indiquée ci-dessus.

Les réactions consécutives à ce traitement (40.000 unités Oxford chez la plupart des femelles laitières) sont locales ou générales. Locales, elles se traduisent par un léger œdème mammaire, qui disparaît très rapidement ; générales, elles expriment une fièvre légère et une diminution généralement peu marquée de la sécrétion lactée.

En conclusion, les rapporteurs, MM. le professeur Verge, Saurat, Groulade, Gaumont, Renard et Cauchy, déclarent avoir obtenu, grâce à l’emploi de la pénicilline, la guérison clinique de 33 quartiers sur 43 traités, et estiment que ce traitement apparaît comme un moyen rationnel de lutte contre les mammites des vaches laitières toujours si préjudiciables au développement de notre cheptel et, dans bien des cas, dangereuses pour l’alimentation des personnes, surtout les enfants.

J.-H. BERNARD.

Le Chasseur Français N°627 Mai 1949 Page 463