Le compte rendu, d’un enthousiasme communicatif, adressé par
M. Fernand Tessier, industriel à Croix-de-Vie (Vendée), au Chasseur
Français, qui l’a publié dans son numéro de février, nous incite à donner
quelques renseignements complémentaires sur l’utilisation de ce nouveau
médicament, qui, d’après M. Tessier, lui a permis d’obtenir la guérison
« presque miraculeuse » de son chien.
En nous réjouissant avec lui de cet heureux résultat ;
nous devons à la vérité de dire que la « pénicilline » ne doit pas
être utilisée à tout propos et souvent mal à propos, car elle ne saurait
prétendre à être considérée comme une panacée universelle !
Elle n’est pas sans inconvénients d’ordre médical, que
connaissent bien seulement les professionnels, et d’autres d’ordre pratique,
qui compliquent singulièrement son administration, telles les injections
répétées toutes les trois heures, de jour et de nuit, réclamant de la part des
« soigneurs » (pour les chiens) autant d’application que de
persévérance et un dévouement exemplaire pour la sauvegarde de la santé
d’animaux vraiment privilégiés.
À l’intention des propriétaires disposés à suivre le bon
exemple de M. Tessier, nous signalons qu’il existe une récente variété de
pénicilline, la flocilline, obtenue par l’adjonction à la pénicilline
ordinaire d’un analgésique bien connu, la procaïne, permettant une forte
réduction des injections assujettissantes, utilisées dans le cas de guérison
signalé ci-dessus. Ce nouveau médicament ne réclame, en général, pas plus d’une
seule injection par jour, voire une tous les deux ou trois jours, car il a la
propriété de maintenir la teneur du sang en pénicilline, pendant ce laps de
temps, tout en donnant des résultats favorables dans la grande majorité des
cas.
Il existe encore un nouveau produit, du type de la
pénicilline, le supronatum, dont les essais, qui se continuent dans les
hôpitaux de Hambourg, ont permis d’enregistrer d’excellents résultats chez des
malades dont l’état semblait désespéré (pneumonie, péritonite, empoisonnement
du sang, autant de manifestations fréquentes au cours de la maladie des
chiens).
De fabrication plus facile que celle de la pénicilline, son
prix commercial est deux fois moins élevé ; de plus, présenté sous forme
de tablettes ou de comprimés, il doit être administré par la voie buccale, à la
manière de l’aspirine, à laquelle il ressemble beaucoup, à doses fortes ou
répétées, sans qu’aucun risque d’intoxication en résulte pour le malade.
Maintenant que la pénicilline est de plus en plus répandue
dans les pharmacies, sinon pour toutes les bourses, elle peut être employée
avantageusement, en beaucoup de circonstances, par la médecine canine. C’est
ainsi que pour les plaies et maladies des yeux, utilisée sous forme de collyre
ou de pommade, plusieurs fois par jour, à la dose de 500 à 1.000 unités,
elle calme rapidement la douleur, le plus souvent très vive, et avance d’autant
la cicatrisation et la guérison des lésions (plaies, ulcérations,
conjonctivites, etc.).
Et, pour en revenir à la pénicilline normale, nous
signalerons qu’un des derniers Bulletins de l’Académie vétérinaire de France
a publié une communication d’un véritable aréopage de personnalités
vétérinaires — il y en avait une demi-douzaine — exposant les
résultats de leurs recherches et de leurs observations sur le traitement des
mammites des vaches laitières par ce médicament.
Dans ces diverses expériences, la pénicilline a été utilisée
exclusivement par la voie mammaire, en solution huileuse glucosée, ou chloro-sodique.
Après l’identification du germe pathogène (staphylocoque,
streptocoque, colibacille), toujours nécessaire, l’intervention peut se faire
des deux manières suivantes :
1° Traire à fond, matin et soir. Immédiatement après la
traite, « infuser », dans le quartier infecté, par l’intermédiaire du
canal du trayon et au moyen d’une sonde trayeuse, préalablement bouillie, la
quantité nécessaire de pénicilline dans l’excipient choisi : sérum
physiologique, solution glucosée, etc. Masser doucement la glande et laisser le
médicament en place jusqu’à la traite suivante.
Ce traitement doit être répète matin et soir, pendant trois
jours consécutifs, soit six infusions répétées.
2° Le second procédé, plus souple dans sa réalisation
pratique, consiste à infuser la mamelle, seulement une fois par jour, soit le
matin, soit le soir, quatre jours de suite. Par ailleurs, le protocole est le
reflet exact de la méthode indiquée ci-dessus.
Les réactions consécutives à ce traitement (40.000 unités
Oxford chez la plupart des femelles laitières) sont locales ou générales.
Locales, elles se traduisent par un léger œdème mammaire, qui disparaît très
rapidement ; générales, elles expriment une fièvre légère et une
diminution généralement peu marquée de la sécrétion lactée.
En conclusion, les rapporteurs, MM. le professeur Verge, Saurat,
Groulade, Gaumont, Renard et Cauchy, déclarent avoir obtenu, grâce à l’emploi
de la pénicilline, la guérison clinique de 33 quartiers sur 43 traités,
et estiment que ce traitement apparaît comme un moyen rationnel de lutte contre
les mammites des vaches laitières toujours si préjudiciables au développement
de notre cheptel et, dans bien des cas, dangereuses pour l’alimentation des
personnes, surtout les enfants.
J.-H. BERNARD.
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