Le froid obtenu par un procédé électrique ou
mécanique est un agent de conservation extrêmement souple pour tous les
produits alimentaires ; il permet de les maintenir dans l’état où ils ont
été introduits dans le réfrigérateur. Ceci suppose évidemment que ces denrées
sont dans un état initial satisfaisant ; la machine ne peut rendre que
ce qu’on lui a confié, et dans l’état où on le lui a confié.
Il est rare, désormais, de trouver un laitier, un boucher,
un charcutier, ou un épicier vendant des produits frais, qui ne possède pas un
réfrigérateur, mais les soins apportés par le commerçant pour procurer à son
client des produits frais et intacts sont rendus vains si ce dernier, à son
tour, n’utilise pas chez lui une armoire frigorifique.
Le réfrigérateur électrique peut libérer la ménagère de
l’obligation des déplacements fréquents, aussi bien à la campagne qu’à la
ville ; il diminue la fatigue, réduit le temps perdu à des courses
inutiles.
La santé de la famille est améliorée, grâce à la certitude
d’utiliser toujours des denrées maintenues fraîches dans l’armoire
domestique ; il devient également possible d’utiliser les restes, puisque
l’on peut conserver sans risque les aliments non consommés immédiatement.
Enfin, l’armoire frigorifique augmente l’agrément de la vie courante ;
elle permet d’obtenir en abondance, et à peu de frais, des boissons fraîches,
des fruits rafraîchis et des crèmes glacées.
Le frigorifique domestique est un meuble dans lequel sont
réunis les appareils de production du froid et une enceinte froide contenant
les produits à conserver ; sa capacité est limitée par l’encombrement et
varie suivant l’utilisation recherchée ; les meubles les plus petits pour
usage domestique ont un volume utile de 60 litres.
Comment fonctionnent ces armoires ? Si nous voulons refroidir
de l’eau qui a été chauffée, nous ferons, par exemple, couler de l’eau froide
sur les parois extérieures du récipient. Cette eau froide s’échauffera à son
tour, elle empruntera de la chaleur, et, par cette opération, refroidira l’eau
de la bouilloire.
De même, pour refroidir l’air d’une chambre froide et
abaisser la température des denrées qu’elle contient, il faudra éliminer la
chaleur de l’air et des denrées.
Tous les réfrigérateurs fonctionnent, en réalité, suivant un
principe commun, qui consiste à utiliser l’absorption de chaleur produite
par la vaporisation d’un gaz liquéfié. Dans les réfrigérateurs électriques,
l’énergie électrique est employée pour obtenir ce changement d’état physique du
gaz, et aussi, en général, pour déterminer une réfrigération dans des limites
fixées à l’avance.
Lorsqu’on comprime un gaz, sa température s’élève, et,
lorsqu’on réduit, en même temps, sa température, on l’amène à l’état liquide.
Inversement, quand la pression s’abaisse, le gaz revient de l’état liquide à
l’état gazeux, par le phénomène d’ébullition. Pendant la durée de cette
ébullition, il se produit une absorption de chaleur empruntée aux objets
entourant le gaz, ou à la partie encore liquide du gaz lui-même, donc un refroidissement.
Le gaz le plus fréquemment utilisé dans les petits
réfrigérateurs est l’anhydride sulfureux, qui bout à -10°, à la pression
normale moyenne. Dans les modèles courants, on emploie souvent le chlorure de
méthyle ou le gaz ammoniac, et, dans les modèles américains très récents, de
nouveaux composants évitant les inconvénients de ces corps plus ou moins
toxiques en cas d’accident.
On peut distinguer deux types généraux d’appareils :
les modèles à absorption et les appareils à compression.
Dans les premiers, la réduction de pression permettant
l’ébullition du réfrigérant est déterminée par l’absorption de celui-ci ;
il en est ainsi dans les modèles à ammoniac, qui sont des appareils statiques,
fonctionnant, ce qui semble curieux, à l’aide d’une source calorifique, qui peut
être électrique. Dans les modèles à compression les plus employés, un moteur
électrique actionnant une pompe produit une compression, avec une détente à
l’arrivée du gaz dans le compresseur, une élévation de pression et de
température à la sortie.
La partie dans laquelle règne la basse pression est reliée à
un récipient où se produit une évaporation réfrigérante. La chaleur nécessaire
est transmise à l’air ambiant par le gaz lui-même, au cours de sa
décompression.
Pour choisir un réfrigérateur, il faut surtout
examiner les qualités propres de cet appareil, en tenant compte simplement des
possibilités financières.
La dépense d’électricité est toujours minime pour les
appareils à compression ; elle dépend évidemment de la température
extérieure, plus élevée en été qu’en hiver, de la fréquence et de la durée des
ouvertures des portes de l’armoire. Pour une durée moyenne de marche d’environ
dix heures, et un appareil de capacité moyenne de l’ordre de 120 litres,
la consommation est inférieure à 2 kilowatts-heure, c’est-à-dire
inférieure à 20 francs, au prix moyen de l’électricité actuel.
L’entretien de l’armoire frigorifique est très facile, mais
à chaque besoin doit pouvoir répondre une température favorable, obtenue par le
réglage de la vitesse de réfrigération. Pour tirer le meilleur parti possible
d’une armoire et maintenir la température constante, il faut surtout avoir soin
de répartir judicieusement les denrées qu’elle contient et de ménager la
circulation naturelle de l’air.
Au contact de l’évaporateur placé à la partie supérieure,
l’air refroidi descend vers le bas de l’armoire ; une fois réchauffé par
les aliments, il a tendance à remonter, pour se refroidir à nouveau.
Il faut donc, d’une part, mettre chacun des aliments en un
endroit où il sera soumis à une température de conservation optimum, et,
d’autre part, il faut éviter le transport des odeurs d’une denrée à l’autre.
Dans une petite armoire, la variation de température d’un
point à un autre est assez faible, et, pour éviter le deuxième inconvénient, il
faut recouvrir les aliments pouvant s’imprégner d’odeurs, et, plus
spécialement, les matières grasses.
On ferme donc soigneusement tous les récipients dans
lesquels sont conservés tous les liquides gras, en particulier le lait, et on
enveloppe les aliments solides. On enferme, de même, les denrées possédant une
odeur très prononcée, telles que le fromage ; on les place dans le
compartiment près de l’évaporateur, de sorte qu’ils sont rencontrés en dernier
lieu par l’air de réfrigération.
On met à côté de l’évaporateur les aliments nécessitant un
froid intense, tels que les huîtres, et, pour la conservation des légumes
épluchés et nettoyés, il est bon d’utiliser un profond tiroir fermé par un
couvercle.
Deux précautions essentielles sont, d’ailleurs, à noter, et
elles sont presque évidentes. Toute ouverture des portes détermine une
introduction d’air chaud, par conséquent la nécessité d’une réfrigération
supplémentaire, d’une consommation d’énergie électrique additionnelle ; il
faut soigneusement fermer les portes, les ouvrir le moins possible, et
uniquement pendant la durée nécessaire. Il faut également éviter de déposer
directement à l’intérieur de l’armoire des plats chauds, et n’importe quel
objet chaud, puisque leur réfrigération exigerait une dépense inutile.
P. HÉMARDINQUER.
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