À l’usage des amateurs intéressés par la construction d’un
cadran solaire, et pour compléter notre précédent article (1), nous
publions ci-dessous une étude du tracé.
Parlons tout d’abord de l’épure du cadran équatorial ou
équinoxial, qui est à la base de presque tous les cadrans portatifs, et cela
nous permettra de faire connaissance avec le style, la méridienne, les lignes
horaires.
Il nous faut la latitude du lieu (carte d’état-major,
annuaires, atlas de géographie) et établir un calibre triangulaire, rectangle
en A (90°) et d’angle égal à la latitude en C — en France 41° à
51° — (fig. 1), puis chercher sur une aire bien plane (vérifier au
niveau), un piédestal (même remarque), la position de la méridienne.
La méridienne partage le ciel du lieu en deux parties
égales et va du sud au nord ; le soleil passe exactement chaque jour au
méridien, au moment où il est le plus haut, où il culmine, à midi vrai.
Recherche de la méridienne (fig. 2).
— Sur l’aire ou plan nivelé, ficher un piquet
bien vertical (fil à plomb) de 25 à 40 centimètres, agrémenté d’un carton
troué. Opérer plutôt de mai à juillet, lorsque le point central lumineux est le
plus rapproché du pied du piquet : vous avez un des points de la
méridienne, l’autre étant la base même du piquet. Ce procédé demande
vérification : pointer alors l’image solaire deux ou trois heures avant
midi et deux ou trois heures après et prendre la moitié de la distance séparant
ces points. Matérialiser cette méridienne par des repères aux murs, constructions
fixes, fils à plomb sur chevalets, afin de la retrouver le cas échéant.
Cadran équatorial.
— Si l’on divise 360° (cercle entier) par le nombre
d’heures : vingt-quatre (un jour), on obtient 15°. Divisons un cercle
quelconque en vingt-quatre espaces de 15°, nous aurons les lignes horaires ;
gardons celles de 4 heures à 20 heures ou 3 heures à 21 heures,
et plaçons ce cercle sur une cale, d’angles semblables à notre calibre ABC, et
prolongeons CB par une tige, par le style ; orientons cercle (ligne
0-12) et triangle exactement sur la méridienne, et le cadran, élémentaire sans
doute, est terminé ; la plupart des cadrans de poche ou portatifs sont
basés sur ce modèle, bien souvent l’angle C est variable (secteur gradué), ce
qui permet l’usage de l’instrument en diverses latitudes.
Cadran horizontal pour tables, colonnes, piédestaux.
— C’est la projection sur un plan horizontal du
cadran équatorial que nous venons de construire. Pour nos débuts, traçons sur
un papier plus grand.que l’aire cimentée, pierre ou tablette choisie et nivelée,
afin de trouver une bonne position du style. Refaire ensuite l’épure définitive
sur la tablette — en chambre — et placer sur pied, au dehors, en
faisant coïncider la méridienne du cadran avec celle qui découle de la position
du support (fig. 5).
Par A quelconque, à gauche (fig. 4), on porte
l’angle latitude (exemple 49°), et sur cette droite, de B quelconque, on élève
une perpendiculaire, qui coupe la méridienne en C ; élevons-y XY,
perpendiculaire sur AC prolongé et pointons CO = CB.
Le demi-cercle de rayon OC
est divisé en douze parties égales ; prolongeons ces divisions qui
viennent couper XY en divers points. Joindre ces points à A et prolonger au
delà de A, la ligne 6h.-18 h. étant perpendiculaire en A ; prendre les
symétriques, si les intersections se font trop loin. Numéroter en partant de
12, qui est toujours sur la méridienne, les chiffres croissant à partir de
l’ouest, si l’on regarde le dos au sud (fig. 5).Placer notre calibre-style à
partir de A, l’hypoténuse pointant vers le nord.
Cadran vertical, dit méridional (murs, façades).
— La face verticale devra être exactement
orientée est-ouest : bien souvent, il faudra orienter une pierre, ou recimenter
l’endroit prévu pour tracer le cadran.
Même tracé que pour le cadran horizontal, mais l’angle de
base en A devient le complément de la latitude, soit dans l’exemple
choisi 90° — 49° = 41°, et la méridienne est verticale (fil à plomb), le
nord du cadran en bas avec midi, le style est dirigé vers le sud du lieu et son
angle est aussi de 41°. En somme, il faut transporter l’épure du cadran
horizontal sur une face verticale, en la renversant et en prenant pour angles
41°, au lieu de 49° (fig. 6).
Cadran vertical déclinant.
— La face sur laquelle on veut tracer les lignes
horaires n’est pas exactement orientée est-ouest, face au sud, et la différence
est trop forte pour être corrigée.
Il faut, naturellement, connaître l’angle exact que
fait le mur ou façade avec la méridienne : coller horizontalement à cette
face verticale (fil à plomb) une planche ou carton fort, sur lequel on trace la
méridienne ; mesurer l’angle ainsi formé. Supposons-le de 50°.
Menons BC à 50° de XY (fig. 7) perpendiculaire à AB. A
étant le centre du cadran, élevons la perpendiculaire BD et pointons BD = AB.
De D, portons un angle de 41° (complément latitude 49°). Le
côté DE coupe BC en un point qui sert de centre à notre demi-cercle, divisé en
douze parties, et de rayon quelconque ; prolongeons les divisions sur XY
et traçons à partir de A, etc., comme pour les cadrans déjà décrits.
Le style part encore de A, mais pointé vers le sud, il
s’incline par rapport à la face verticale vers Y.
Établissons un calibre pour le diriger convenablement :
abaissons (fig. 7) EF à 90° sur XY et mesurons AF, qui sera le côté droit
d’un triangle rectangle dont l’autre côté sera EF et l’hypoténuse DE. Ce
calibre sera appliqué à 90° sur AF, de façon que le plus grand côté, ou
hypoténuse, parte de A ; le style sera représenté par ce grand côté ou
sera posé exactement dessus, par le moyen du calibre.
R. MIETTE.
(1) Voir Le Chasseur Français, no 636.
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