La Société de Vénerie vient de réviser cette classification
établie en 1925. Certaines races et variétés ayant disparu depuis et, celles du
Sud-Ouest mises à part, les autres races nationales ayant dans les veines plus
ou moins de sang anglais, cette révision s’imposait. Sous l’influence des
événements, ces croisements étaient inévitables. Il était impossible d’ignorer
cet état de fait et la logique commandait donc à l’organisme dirigeant de
mettre de l’ordre dans les travaux entrepris individuellement par les éleveurs.
L’admission au nombre des races reconnues des divers Anglo-Français
de petite vénerie posait à elle seule un problème assez compliqué à résoudre.
Nous le verrons au cours de cette causerie.
Le troisième groupe comprend les mêmes chiens français de
grande vénerie, qu’il est inutile d’énumérer, qu’ils soient de la première
section à poil ras ou de la seconde à poil long. Des premiers, demeurent en
nombre réduit : les grands Bleus de Gascogne et leurs cousins plus que
germains les grands Gascons saintongeois. Quid des Levesque, Billy
Chambray et Poitevin normand ? Dans les poils longs, reste le grand
Griffon nivernais. L’alter ego vendéen n’est plus.
Le quatrième groupe est composé des chiens de petite vénerie
et de chasse à tir de race française, Bassets compris. La première section en
contient le plus grand nombre. Le petit Bleu de Gascogne, l’Ariégeois et le
Porcelaine sont les plus nombreux. Celui qu’on nomme petit Gascon saintongeois
est parfois de taille bien élevée et assez rare. Le chien d’Artois l’est plus
encore et aussi l’Artésien normand. La deuxième section est représentée par le
Briquet Griffon vendéen et le petit Nivernais. Le Griffon Bleu de Gascogne est
une rareté. La troisième section, qui englobe tous les Bassets à poil ras ou à
poil dur, semble bien pourvue. Il n’y manque que celui d’Artois, dont
l’obstination à survivre à sa condamnation est à remarquer.
Le cinquième groupe est celui des chiens anglais, allant du Fox-Hound
au Beagle. Il s’enrichit du Beagle-Harrier inconnu en Grande-Bretagne, mais
dont l’heureuse évolution vers le type du Modern Harrier, de taille un peu
réduite, le fait rentrer peu à peu dans le rang de l’orthodoxie britannique. Le
seul Harrier spécial à une contrée connu chez nous est celui du Devon et Somerset.
Il y en a, en effet, beaucoup d’autres que nous ignorons.
Venons-en au vaste et compliqué sixième groupe, consacré aux
Anglo-Français, grands, moyens et petits. Dans la première section, en tête le
bien connu Anglo-Poitevin, parfois très Poitevin d’aspect. Presque sur le même
plan, l’Anglo-Gascon saintongeois, ce beau chien très couvert et à tête très
charbonnée avec quelques traces de feu, dont les bataillons faisaient, avant
les événements, le substrat d’un grand nombre d’équipages. Les épreuves des
deux guerres nous ont valu l’admission sur les bancs de cette entité mal
définie qu’est l’Anglo-Français, issu de l’alliance du Fox-Hound avec d’autres
races à poil ras ou, pour mieux dire, d’alliances entre métis de cette origine.
Sa sélection peut aisément d’ailleurs en dégager les deux ou trois prototypes
constituant la trame de toute cette production. Quant aux issus de Fox-Hounds
et de grands Griffons, s’ils sont bien officiellement admis, leur rareté est à
noter.
La deuxième section est celle de ces Anglo-Français de
petite vénerie dont la taille va de 0m,51 à 0m,60 (idéale
entre 0m,53 et 0m,56), produits du Harrier du Stud-Book
ou de celui du Devon et Somerset avec nos lices Poitevines et Porcelaine, et,
éventuellement, toutes celles des races de petite vénerie à poil ras. Pour le
moment, seuls les métis issus de l’alliance du Harrier et des femelles
Poitevines et Porcelaine ont été classés. Les autres sont englobés dans les
rangs des Anglo-Français de taille moyenne sans spécification. Or rien ne serait
plus aisé que d’obtenir des Anglo-Gascons et Anglo-Ariégeois, dont le mérite
serait, au moins, d’être nettement définis comme les deux précédents. Il y
aurait avantage à voir disparaître le vague personnage qu’est l’Anglo-Français,
sans autre qualificatif précis, qui risque de ne représenter qu’une salade de
races.
Quant aux chiens de la quatrième division, produits du
Harrier et des Griffonnes, il n’y a pas à s’en inquiéter. Ce croisement n’est
jamais tenté que comme retrempe passagère, sous la pression de la nécessité,
dans l’intention de revenir aussitôt à la race française, jamais pour réaliser
une variété d’Anglo-Français.
Le tout nouveau venu dans la classification est le petit Anglo-Français
de 0m,42 à 0m,50 (taille idéale 0m,45 à 0m,48
issu du croisement Beagle et Beagle-Harrier avec une des races du quatrième
groupe à poil ras. Comme les produits de Harriers, celui-ci devra marquer un
rappel apparent de sang français. En outre, celui qui aura la tête et l’oreille
du Beagle ne pourra jamais obtenir de prix aux expositions. Sage mesure, sans
laquelle le Beagle, déjà infecté de croisements prétendus améliorateurs, eût
été complètement perdu en France. À noter que seul le Beagle, dit de grande
taille, est atteint, alors que l’homogénéité du Rabbit Beagle est parfaite,
preuve qu’il faut incriminer les croisements, que rien ne justifie en outre.
En somme, cette nouvelle classification, très libérale, ne
mérite que des éloges. Les esprits sévères seuls trouveront à y redire. Il est
bien certain, par exemple, que certaines races de grande vénerie, virtuellement
disparues, y trouvent encore droit de cité et de même telle ou telle de petite
vénerie. Mais cette largeur d’idées ne vaut-elle pas mieux qu’une règle stricte
et étroite qui risquerait de rejeter dans les ténèbres extérieures les rares
survivants de races réputées qu’on désirerait voir renaître à la
prospérité ?
R. DE KERMADEC.
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