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Élevage des chiots

Malgré les nombreux écrits qui ont été publiés à ce sujet, il existe toujours, chez le plus grand nombre d’amateurs, ce que l’on pourrait traiter de superstitions : le crottin de cheval mélangé dans la soupe, l’extirpation du soi-disant ver de la langue, l’énucléation de la glande de l’anus et bien d’autres comme pratiques certaines empêchant la maladie du jeune âge. Mais j’ai reçu d’un abonné, cependant instituteur, une lettre qui m’en a appris une nouvelle.

Voici ce qu’il m’écrit :

« J’ai effectué les premiers rudiments du dressage sur mon jeune pointer, mais les renseignements que j’ai obtenus d’un côté ou de l’autre sont tellement contradictoires que je suis dérouté : la mère de mon pointer chasse très bien, seulement mon chien provient de sa première portée. On m’a dit que j’élevais inutilement ce chien. Est-ce exact ? »

Cela dépasse ce que j’ai entendu jusqu’à ce jour.

Ayant eu autrefois, il y a quarante ans, une des meilleures chiennes pointers de l’époque : Étoile de Gascogne, elle fut saillie à seize mois par Rap des Rouches et ne donna qu’une jeune : Fly du Cambrésis, qui, présentée aux fields de Normandie, y fit le premier prix. Une seconde portée avec le même étalon donna six jeunes qui firent de bons chiens de chasse, mais aucun ne sortit de l’ordinaire.

Pour en revenir à l’élevage, il faudra toujours laisser la mère allaiter ses jeunes le plus longtemps possible ; il faudra donc la suralimenter en conséquence et en même temps donner aux jeunes au moins deux repas, un de lait et un de viande crue hachée. Une cuillerée d’huile de foie de morue chaque jour également. Avec cette nourriture et un exercice quotidien, on aura chance de les voir passer le cap de la maladie.

J’ai beaucoup plus confiance en ce procédé qu’en la vaccination. Jusqu’à ce jour, le vaccin écartant sûrement la maladie est encore à trouver. Le Dr Morel l’a écrit ici.

Dans les pays du littoral, le poisson cru ou cuit pourra remplacer la viande, et cela avantageusement.

La transmission de la maladie est multiple et malheureusement, ne peut pas toujours être évitée ; elle peut être transmise non seulement par un sujet malade, mais encore par les personnes qui le soignent.

Un grand amateur du Sud-Est, M. J. C ..., qui possédait un chenil peuplé de trialers, quand il désirait montrer ses chiens à un ami, demandait à celui-ci de se rendre dans une pièce située au deuxième étage et faisait alors lâcher ses chiens dans la cour.

Les expositions sont souvent des centres de propagation de maladie. Plusieurs dresseurs de ma connaissance n’acceptent de prendre chez eux que deux mois après qu’ils y ont participé les sujets qu’ils doivent dresser. Et ils ont raison.

Après le sevrage, et en attendant le moment du dressage, des sorties quotidiennes sont indispensables.

Il faudra surveiller les selles et traiter contre les vers ou la diarrhée, mais ceci est du ressort du vétérinaire.

Si l’on habite à proximité d’un abattoir, on pourra y conduire les puppies le jour de l’abatage et leur faire boire à chacun la valeur d’un grand verre de sang chaud.

Autrefois, les maîtres d’équipage donnaient aux bouchers des jeunes à élever. Ces chiens, élevés en liberté et nourris surtout de tripes et de sang, devenaient presque tous de forts et résistants sujets.

D’autres en mettaient en élevage dans les fermes, mais ceux-ci, généralement maigres et vadrouillant à leur fantaisie, donnaient des sujets indisciplinés, mais débrouillards.

Actuellement, en Bretagne, le moyen est fréquemment utilisé pour les chiens d’arrêt. Ce ne sont pas les plus faciles à dresser, mais ceci est une autre affaire.

A. ROHARD.

Le Chasseur Français N°628 Juin 1949 Page 495