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Le choix d’un canoé

Instruits par l’expérience des canoéistes français, les constructeurs sont maintenant à même de livrer des canoés parfaitement adaptés au régime de nos rivières, souvent supérieurs aux modèles canadiens d’origine en ce qui concerne la maniabilité.

Même si vous n’envisagez pas la descente des rivières les plus torrentueuses, c’est ce type de bateau que vous devez choisir, étant le plus stable et d’une manœuvre aisée.

Pour deux équipiers, la longueur varie entre 4m,58 et 5 mètres, pour une largeur intérieure de 0m,88 à 0m,94, la profondeur étant de 0m,32 à 0m,34. Nous utilisons de préférence des canoés de 16 pieds (4m,88), mais un canoé de 15 pieds (4m,58) conviendra à une équipe légère à condition de ne pas affronter de rapides à trop gros volume d’eau.

Le soliste emploie un canoé très léger de 4 mètres à 4m,10, de 0m,85 de largeur environ et 0m,32 de profondeur. Les canoés entre 4m,10 et 4m,58 sont trop longs pour un seul pagayeur et ne peuvent être utilisés à deux que pour la promenade en eau calme.

Pour qu’un bateau manœuvre bien, l’axe longitudinal ne doit pas être rectiligne, mais présenter une courbure régulière appelée giron (fig. 1). La ligne des plats-bords lui est sensiblement parallèle, légèrement relevée vers les pointes.

Le plan transversal doit présenter les caractéristiques suivantes : le fond est plat sur 0m,50 à 0m,60 et les bords accusent un léger frégatage, c’est-à-dire qu’ils rentrent, au plus, de 2 centimètres par rapport à la verticale. On obtient ainsi un bouchain (courbure située à la jonction fond-côté) assez doux, favorable à la stabilité. La partie gauche de la figure 2 représente des lignes correctes, tandis que la partie droite nous montre la coupe d’un canoé trop frégate, à bouchain aigu. Un tel canoé serait stable, mais, une fois incliné, vous auriez beaucoup de mal à le redresser. Défiez-vous surtout des canoés présentant en coupe un fond arrondi, ils roulent et n’ont aucune stabilité.

Dans le plan horizontal, la courbe des plats-bords doit être régulière Si les plats-bords se resserrent vers les extrémités, le canoé perd de la stabilité dans les pointes.

Le canoé est construit de deux façons différentes. Dans le tout bois, le bordé, constitué par d’étroites lamelles assemblées à mi-bois, est rivé sur des membrures demi-rondes espacées d’environ 5 centimètres. Dans l’entoilé, les lames du bordé sont plus minces et plus larges, rivées sur des membrures plates de 6 à 8 centimètres de largeur. Une forte toile est tendue (non collée) sur le bordé, soigneusement enduite et peinte. Depuis peu, certains constructeurs ont également adopté la membrure plate au lieu de la membrure demi-ronde pour le canoé tout bois. C’est une heureuse solution, qui permet de supprimer la fausse quille intérieure et d’obtenir une forme meilleure tout en offrant plus de solidité.

Les descendeurs de rivières sportives préfèrent souvent l’entoilé, plus souple, moins fragile, ne prenant jamais l’eau. Par contre, un canoé tout bois, bien verni, est très beau et, s’il est bordé en cèdre plutôt qu’en acajou, il sera moins sensible à la sécheresse.

Pour deux pagayeurs, un canoé doit comporter trois barrots d’écartement. L’équipier avant prenant appui sur le premier, placé à 1m,50 environ de l’étrave, son poids se trouvera équilibré par celui de l’autre pagayeur à condition que le barrot de celui-ci se trouve à 1 mètre environ de la pointe arrière. Le barrot intermédiaire, placé à 0m,35 en arrière du milieu, vous permettra de pagayer en solo.

L’équipement normal d’un canoé comporte des bandes de feuillard ou de demi-rond de cuivre clouées sur les étraves pour les garantir. Les anneaux d’amarrage doivent être très résistants et fixés solidement. Des quilles d’échouage, longues lattes minces de bois dur, garnissent le dessous du canoé et le protègent ; il est bon d’en faire poser au moins dix paires.

Le choix de la pagaie retiendra toute votre attention, sa hauteur devant être proportionnée à votre taille. Debout, elle devra vous arriver à la hauteur des yeux. Pour un équipier avant ou une femme, une pagaie plus courte est préférable, la base du nez étant prise comme juste mesure. Les pagaies type Canoé-Club à pale ovale, larges de 17 à 18 centimètres, sont les plus efficaces. Vous veillerez à ce que le bois ne comporte aucun nœud et d’un coup d’œil vous jugerez si l’olive — la poignée — est bien dans le même plan que la pale.

Pour l’instant, une plaque de caoutchouc mousse pour poser vos genoux complétera votre équipement et, dans un prochain article, nous passerons en revue les accessoires nécessaires en croisière.

Le kayac, à l’exclusion des modèles rigides réservés à la course, comprend deux parties distinctes : l’armature et l’enveloppe. Nous parlerons en premier lieu du kayac monoplace, excellent en rivière sportive, le biplace ne pouvant être utilisé qu’en eau relativement calme et en mer.

L’armature est constituée par des baguettes de bois assemblées par des douilles de laiton ; des couples maintiennent l’écartement et les baguettes viennent s’assembler sûr les pièces qui tiennent l’avant et l’arrière en forme. Le siège est fixé à l’armature.

Il existe aussi des armatures de kayac en duralumin ou autres alliages d’aluminium dont la différence de poids avec le bois est peu sensible. Ces armatures métalliques doivent avoir reçu un traitement protecteur qui les préservera de la corrosion de l’eau de mer.

Si vous devez plier souvent votre kayac, il est préférable de choisir un modèle à carcasse démontable en deux parties seulement ; vous aurez un colis un peu plus encombrant, mais les opérations de montage et démontage seront plus rapides.

L’enveloppe se compose de plusieurs épaisseurs de tissu et de caoutchouc, généralement cinq pour le mono et sept pour le bi. Les pointes avant et arrière sont renforcées. Le pont en forte toile est limité autour de l’ouverture par une hiloire en bois, qui empêche les vagues de pénétrer à l’intérieur du bateau ; pour la même raison le pont, surtout à l’avant, est incliné vers les côtés.

Les spécialistes autrichiens sont parvenus à franchir de violents rapides avec des kayacs de 5 mètres de long et 0m,50 de large. Chez nous, ce type d’embarcation est réservé à la course et nous préférons pour la croisière les modèles de 4m, 10 à 4m,40 de long, larges de 0m,65 à 0m,70. Ils doivent avoir du giron pour bien manœuvrer et des pointes arrondies (fig. 3). Un fond plat (fig. 4) offrira une plus grande stabilité et permettra des manœuvres plus aisées, tandis qu’un canoé légèrement quillé (fig. 5) tiendra mieux sa ligne dans les grosses vagues.

Les kayacs de course, longs et étroits, sont dépourvus de giron et l’angle de quille est plus aigu ; un arrière droit permet d’utiliser le gouvernail.

La longueur du kayac biplace varie entre 5 mètres et 5m,50, sa largeur n’étant pas inférieure à 0m,85. Les modèles les plus stables se comportent très bien en mer. Il est bon que l’étrave soit légèrement courbe, mais un arrière droit avec support de gouvernail est nécessaire.

Les pagaies doubles utilisées en kayac sont démontables en deux parties, assemblées par une virole de cuivre. Les pales sont courbes et un embout de métal ou de bois dur protège les extrémités. Il est bon de garnir les pagaies d’anneaux paragouttes pour éviter d’avoir les mains toujours mouillées.

Enfin, la prudence conseille de disposer à l’intérieur des pointes des ballonnets d’air qui rendront le kayac insubmersible.

G. NOËL.

Le Chasseur Français N°628 Juin 1949 Page 504