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Intensifiez la ponte

Propos d’actualité.

— Pendant plus d’un lustre, le petit éleveur qui entretenait quelques pondeuses, pour être certain de la fraîcheur de ses œufs, a été dans l’obligation de faire du marché noir pour trouver le grain nécessaire à la nourriture de ses volailles.

Aujourd’hui, pour les bêtes comme pour les gens, le ravitaillement est plus facile, puisque l’on trouve dans le commerce du grain et des provendes. Il faut espérer que nous ne reverrons plus une carence vivrière aussi aiguë que celle de ces dernières années.

Toutefois, il ne faut pas perdre de vue qu’il est plus coûteux et moins rationnel de nourrir les poules exclusivement au grain que de les soumettre à un régime mixte (grain et pâtée), ou même rien qu’à la pâtée, si elle est bien équilibrée.

Les poules pondent par le bec.

— Lorsqu’une poule pond un œuf moyen, du poids de 60 grammes, contenant 30 grammes de blanc, 16gr,80 de jaune et 7gr,20 de coquille, vous admettrez que ces substances organiques et minérales ne peuvent provenir que de la nourriture consommée.

Par conséquent, si vous ne donnez qu’une pitance de misère ne contenant qu’une faible partie des principes exportés, vous aurez une ponte de plus en plus réduite et, finalement, elle s’arrêtera, puis vos volailles maigriront. Dans ces conditions, il vaut mieux réduire l’effectif de votre basse-cour de moitié et même des trois quarts, si vous ne pouvez pas nourrir rationnellement vos poules. Rappelez-vous que « les poules pondent par le bec » et ne comptez pas sur leurs œufs si vous ne les nourrissez pas copieusement.

La poule est omnivore.

— Même si vous ne disposez pas d’un seul grain de mil, cela ne veut pas dire que vous n’aurez pas d’œufs. Car la poule, de même que les autres gallinacés, est un oiseau omnivore, faisant ventre de tout. Elle digère parfaitement les tubercules, les racines, les fourrages verts et secs, lorsqu’ils sont en poudre fine, les substances animales (sang, viande, lait, proies vivantes, etc.), les déchets industriels (marcs, pulpes, drêches, tourteaux, etc.), ainsi que les matières minérales riches en principes phospho-calciques.

Si déshérité soyez-vous des biens de la terre, il est inadmissible que vous en soyez réduit à tuer vos poules, sous prétexte que vous n’avez rien à leur donner à manger, puisque les denrées de substitution existent partout. Dans ce cas, vous adopterez une formule d’alimentation exclusivement à base de pâtée, laquelle donnera des résultats aussi bons, sinon meilleurs, que les rationnements au maïs, à l’orge, à l’avoine ou à n’importe quelle céréale, qui, toujours trop pauvre en protéine, ne doit pas être employée exclusivement.

Aliments de remplacement.

— Vous obtiendrez une pâtée essentiellement économique en mettant à la base du rationnement les verdures produites par votre potager : feuilles de chou, de salades, de légumes divers, orties hachées, chicorées sauvages, pissenlits, etc. Toutes ces plantes vertes, finement divisées dans un hachoir, apporteront leurs principes nutritifs et, en outre, les vitamines qui manquent aux plantes desséchées, ou ayant subi la cuisson. Aux verdures, vous ajouterez des racines et de petites pommes de terre cuites qui constitueront le gros de la ration et que vous rectifierez avec des résidus d’industrie.

Parmi ces derniers, il convient de citer : les déchets d’abattoir, y compris le sang, pouvant être distribués crus ou cuits, la viande sèche, la farine de poisson, la poudre de lait écrémé et celle du babeurre, d’un emploi commode. Il en est de même du lait écrémé frais, qui fournit une pâtée humide, bien appétée et très profitable. Si vous ne trouvez pas de substances surazotées d’origine animale, vous aurez recours aux tourteaux exotiques ou indigènes, à défaut aux farines de légumineuses, telles que fèves, lentilles, féveroles, pois, voire même aux poudres de luzerne, de trèfle, etc., également riches en protéine.

Pâtée passe-partout.

— Possesseur d’une dizaine de poules, vous ne pouvez pas ou vous ne voulez pas acheter des grains ni des provendes toutes préparées pour les nourrir, du fait que vous disposez de denrées plus économiques, dans le genre de celles énumérées ci-après. Dans ce cas, l’association pourra se faire dans les proportions suivantes :

  Par tête.
———
Par 10 têtes.
———
Petites pommes de terre 70 gr. 700 gr.
Verdures hachées 30 gr. 300 gr.
Son de froment 30 gr. 300 gr.
Tourteau, soja ou colza 25 gr. 250 gr.
Farine de luzerne fine 20 gr. 200 gr.
Stimulants minéraux 5 gr. 50 gr.
Lait écrémé frais 100 gr. 1.000 gr.
 
Totaux
———
280 gr.
———
2.800 gr.

Pétrir intimement tous les constituants et distribuer la pâtée chaude, surtout en hiver, afin de stimuler l’appétit et par suite la ponte.

Rationnement de circonstances.

— Si vous manquez de pommes de terre, de son, de lait écrémé, de tourteau, de farine de luzerne, vous rechercherez d’autres résidus. La formule ci-après pourra donner des résultats passables :

  Par tête.
———
Par 10 têtes.
———
Épluchures cuites de légumes 80 gr. 800 gr.
Verdures hachées diverses 30 gr. 300 gr.
Drêches pressées de brasserie 42 gr. 420 gr.
Farine de féverole 30 gr. 300 gr.
Farine de poisson 10 gr. 100 gr.
Penasses infusées (thé de foin) 25 gr. 250 gr.
Stimulants minéraux 8 gr. 80 gr.
 
Totaux
———
225 gr.
———
2.250 gr.

L’infusion de foin préparée le soir, vous pétrissez le tout le matin en ajoutant les eaux grasses chaudes, de manière à réchauffer la pâtée. La poudre à faire pondre (stimulants minéraux) pourra être constituée comme suit :

Coquilles d’huîtres pilées 3 parties en poids.
Os calcinés moulus 3 — —
Sel marin ou de cuisine 1 — —
Poudre de charbon de bois 1 — —
Farine de moutarde 1 — —
Sulfate de chaux (plâtre) 1 — —
 
Total
——
10
 
parties.

Mondiage d’ARCHES.

Le Chasseur Français N°628 Juin 1949 Page 514