L’an dernier, j’avais publié dans le Chasseur Français
un appel à tous les amateurs de petits Anglo-Français, les engageant à se
grouper et à créer un club spécial, qui aurait l’autorité nécessaire pour
présenter leurs desiderata aux organismes centraux et faire adopter les
solutions logiques qui s’imposaient, j’ai reçu quelques lettres d’enthousiastes
très partisans de la formation de ce groupement. Mais à notre époque, où les
déplacements sont si coûteux et si difficiles, il était assez malaisé de réunir
tous ces adeptes éparpillés à tous les coins de la France. D’autre part, il
fallait faire vite pour que la question soit tranchée avant les expositions de
1949. Dans la commission de la société de Vénerie — qui, la première,
devait l’examiner — figuraient mon vieil et excellent ami de Kermadec, mon
jeune ami Willekens, président de la dite commission, et moi-même. Le moyen le
plus simple et le plus rapide était donc de nous mettre tous les trois d’accord
sur les grandes lignes de la nouvelle classification à adopter. C’est ce que
nous avons fait ; et après échanges de vues et quelques concessions de
détails, avec nos quatre autres collègues, nos propositions ont été acceptées
par la société de Vénerie et rendues officielles par la Société de Contrôle canine.
La classification des chiens courants a donc été révisée,
et, dès cette saison, c’est cette classification qui entre en vigueur.
Le troisième groupe comprend les grands chiens courants
français : grands Bleus de Gascogne, grands Gascons Saintongeois, Lévesque,
haut Poitou, Billy, Chambray, Poitevins Normands, grands Griffons vendéens et
grands Griffons nivernais.
Le sixième groupe d’autrefois devient le nouveau quatrième
groupe. C’est logique, puisqu’il est fait des autres chiens français dits
chiens de lièvres et bassets : petits Bleus de Gascogne, petits Gascons
Saintongeois, Ariégeois, chiens d’Artois, Artésiens normands. Porcelaines,
petits Griffons nivernais, Briquets-Griffons vendéens. Griffons bleus de
Gascogne, Bassets artésiens-normands, Bassets bleus de Gascogne,
Bassets-Griffons vendéens, Bassets fauves de Bretagne.
Le cinquième groupe, sans changements, comprend les chiens
anglais : Fox-Hounds, Harriers, Beagle-Harriers et Beagles.
Le nouveau sixième groupe est réservé aux Anglo-Français.
Première section : grands Anglo-Français de plus de 0m,60,
Anglo-Poitevins, Anglo-Gascons Saintongeois, Anglo-Français issus d’un
croisement Fox-Hound avec race du troisième groupe à poil ras, Anglo-Français
issus d’un croisement Fox-Hound avec race du troisième groupe à poil long.
Avec la deuxième et la troisième section, nous arrivons aux
grandes et heureuses modifications.
Deuxième section : (Anglo-Français de moyenne taille de
0m,51 à 0m,60 (taille idéale :0m,53 à 0m,56),
Harriers Poitevins, Harriers Porcelaines, Anglo-Français issus du croisement
Harrier avec race du quatrième groupe à poil ras, Anglo-Français issus du
croisement Harrier avec race du quatrième groupe à poil long.
Troisième section : Anglo-Français de petite taille, 0m,42
à 0m,50 (avec taille idéale : 0m,45 à 0m,48),
issus d’un croisement de Beagle ou de Beagle-Harrier avec une race du quatrième
groupe à poil ras.
Il est tout à fait judicieux d’avoir indiqué des tailles
idéales : 0m,53 à 0m,56 est une moyenne qui convient
bien à des chiens de lièvre Anglo-Français, de même que, pour les plus petits,
il est bon d’avoir cette taille de 0m,45 à 0m,48.
Les remarques officielles qui figurent à la suite de cette
classification sont très intéressantes à connaître.
Au sujet du croisement avec les poils longs, on note
« que cette alliance n’est pas spécialement à recommander, mais que la
proscrire serait enlever aux possesseurs de Griffons toute possibilité de
retrempe ... que le but à rechercher n’est pas d’obtenir des demi-sang à
poil dur, mais de revenir le plus rapidement possible au type français amélioré
dans sa conformation, son ossature, sa pigmentation et sa rusticité ».
Pour tous les Anglo-Français, ces remarques mentionnent fort
à propos que le rappel de sang français doit être suffisamment apparent. Pour
les Anglo-Français de petite taille, on spécifie également qu’ils devront
avoir, surtout dans le chef, un rappel de sang français et que les chiens ayant
la tête et l’oreille du type Beagle ne pourront jamais obtenir un prix aux
expositions. Cette observation était assez nécessaire, parce que, sans elle, on
aurait pu primer des Beagles géants, expulsés de leur rang pour excès de
taille, et parce qu’aussi des chiens trop Beagles dans leur type, sans être
vraiment purs, auraient pu être signalés à l’attention des éleveurs de Beagles
par leurs récompenses en exposition ... Ces lauriers, obtenus comme petits
Anglo-Français, auraient pu passer aux yeux de certains comme des prix de
Beagles.
Enfin, désormais, il y a tout de même de l’ordre et de la
clarté dans la classification des Anglo-Français. On ne risquera plus de voir
dans un même ring et dans une même classe des chiens de plus de 0m,60
à côté de chiens de 0m,50 ou même de 0m,43 ... Juges
et exposants seront bien plus à l’aise.
On ne verra même plus en compétition des petits Anglo-Poitevins
avec des Harriers porcelaines ou des Harriers-Griffons vendéens. Tous ces
chiens divers sont si différents comme type qu’il est impossible de les juger
dans un même concours. Au surplus, ces types étant bien définis, cela pourra
avoir une influence des plus heureuses sur l’unification et la fixité de ces
types différents. Chacun pourra sélectionner selon ses préférences, ce qui
mettra fin à cette fameuse salade des petits Anglo-Français, car on saura mieux
ce que doit être tel ou tel petit Anglo-Français.
Quant à ceux d’une taille idéale, de 0m,45 à 0m,48,
ils ne seront plus écrasés par des chiens infiniment plus grands qu’eux, et ils
avaient bien droit à la reconnaissance officielle qui vient de leur être
accordée. Il semble, en effet, qu’ils soient les plus recherchés de tous par
les petits chasseurs qui veulent des chiens grouillants, allants et vites, d’un
volume peu encombrant et d’un entretien économique.
Paul DAUBIGNÉ.
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