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Les maladies cryptogamiques
des plantes potagères

De tous temps, les plantes cultivées ont eu à souffrir des maladies cryptogamiques, mais diverses causes ont contribué à rendre les plantes agricoles, et surtout horticoles, plus sensibles que la flore indigène aux attaques de ces parasites.

D’abord, le fait qu’on a transplanté beaucoup de plantes hors de leur pays d’origine, dans un climat plus froid, plus humide, en modifiant en outre fréquemment, de façon très artificielle, le mode de croissance habituel de la plante.

Puis on a sélectionné ces végétaux pour leur faire produire toujours davantage, en développant l’ampleur des feuilles, des racines, des tubercules, la grosseur des fruits, ce qui rompt l’équilibre dans le mode de végétation de la plante et la rend plus sensible aux attaques extérieures de quelque nature qu’elles soient.

Pour défendre les plantes sorties de leurs conditions naturelles, le jardinier, comme l’agriculteur, ont dû recourir à des procédés artificiels de défense qui, pour être appliqués de façon judicieuse, nécessitent de leur part certaines connaissances susceptibles de leur permettre de déterminer la nature du mal et le traitement à appliquer.

Aussi est-ce en tenant compte de cette dernière et très importante considération que nous examinerons aujourd’hui les maladies les plus fréquentes dont nos différents légumes ont le plus souvent à souffrir.

Chou.

— Dans les terres acides, il n’est pas rare de constater sur les racines de grosses tubérosités qui ont comme effet d’entraver les fonctions normales de ces organes et d’amener la décrépitude, puis la mort des sujets atteints. Cette maladie, qui est causée par un champignon, le Plasmodiophora brassicæ, est également commune aux raves, navets et radis.

On combat la hernie du chou en pratiquant l’alternance des cultures, en évitant naturellement de planter des crucifères qui pourraient être attaquées. II est également recommandé d’arracher et de brûler après la récolte les tiges et racines restant sur le sol. D’autre part, au moment du repiquage, chauler fortement le terrain où doivent être plantés les choux.

Le blanc ou plâtre apparaît aussi parfois sur les choux. Les feuilles atteintes prennent une couleur blanche, la végétation des sujets attaqués se ralentit et leur développement reste médiocre. Les choux-fleurs et les brocolis souffrent surtout de cette affection. Le seul remède consiste à arracher et brûler les pieds malades.

Oignons et poireaux.

— Les feuilles des oignons et poireaux peuvent se recouvrir de taches noirâtres ; c’est la maladie du charbon, causée par un champignon.

La désinfection des graines et du sol avec la solution de 1 p. 100 pour le terrain, ou de 0,25 p. 100 en trempage des graines produit de bons résultats. L’alternance des cultures est également à conseiller.

Fèves et haricots.

— Ces deux plantes sont sensibles aux attaques de l’anthracnose, qui se manifeste sur les gousses par des sortes de chancres arrondis de 3 à 5 millimètres, avec de minuscules pustules brun rougeâtre. Le champignon pénètre jusqu’aux graines (taches brun noir) ; sur les feuilles, il provoque la formation de lignes brunes le long des nervures.

Cette maladie est très grave, car elle peut compromettre partiellement, sinon en totalité, la production.

Comme mesures préventives, disposer les plantes assez espacées, pour favoriser le passage de l’air, ne pas semer les graines tachées, ne pas cultiver les variétés sensibles (haricot beurre) dans les endroits humides, sulfater à l’aide d’une bouillie cuprique à 1 p. 100 de sulfate de cuivre dès l’apparition de la maladie.

Pois.

— Certains champignons se développent sur le pois, ainsi l’oïdium ou blanc, qui recouvre la face supérieure des feuilles, parfois aussi les rameaux d’une poussière blanchâtre. Cette maladie est fréquente en période chaude. On combat l’oïdium par des soufrages.

L’anthracnose, qui produit des taches rougeâtres sur les feuilles et les gousses, est aussi à redouter. Le traitement à appliquer en sa circonstance consiste à pratiquer des pulvérisations à la bouillie cuprique.

Le pied-noir cause le noircissement du collet des plantes et de leurs racines. Les organes atteints se dessèchent, entraînant la mort des sujets. Autant que possible, on doit disposer les plantes pour qu’elles aient en abondance l’air et la lumière. Des sulfatages aux bouillies cupriques produisent d’assez bons effets. Cesser la culture sur le terrain contaminé pendant quatre ou cinq ans est chose recommandable.

Carottes.

— Un champignon, le Rhizoctonia violacea, recouvre parfois les racines des carottes d’un feutrage violet foncé, qui peut provoquer la mort du végétal. Pour entraver l’évolution du mal, il est nécessaire d’arracher les plantes malades et de les brûler.

Ne pas faire, en outre, sur ce même emplacement une culture susceptible d’être attaquée par le Rhizoctonia, comme la pomme de terre, les betteraves, les haricots.

Tomates.

— Sur les feuilles et les tiges, plus rarement les fruits, apparaissent des taches d’un brun foncé, déterminées par un champignon également parasite de la pomme de terre, le Phytophtora infestans. Par temps humide, les fructifications du champignon se développent à l’entour des taches, à la face inférieure des feuilles atteintes.

Un autre champignon du genre Fusarium cause souvent de grosses pertes dans les cultures. La maladie est caractérisée par de grosses taches noires sur l’épiderme des fruits, provoquant ensuite une pourriture sèche.

Pour lutter contre ces deux champignons, des pulvérisations de bouillie cuprique à 2 p. 100 de sulfate de cuivre permettent d’enrayer les dégâts.

La gangrène de la tige, due à Vascochyta Lycopersiaï, se manifeste le plus fréquemment par des taches noires gangreneuses, qui apparaissent sur les tiges généralement près du sol. Graduellement le mal entraîne le dessèchement de l’organe attaqué.

Les pulvérisations à l’aide de bouillie cuprique produisent de bons effets. Il y a lieu également d’éviter l’humidité près de la tige. Le sulfatage des tuteurs après chaque récolte est une sage précaution.

L’aubergine, le piment

… sont également sensibles aux atteintes de ces diverses maladies et sont, par cela même, soumis à des traitements identiques.

H. GOUMY,

Ingénieur horticole.

Le Chasseur Français N°629 Juillet 1949 Page 553