On sait que les raisins naissent sur les pousses de vigne en
cours d’accroissement, développées sur des rameaux de l’année précédente, sous
certaines conditions qui varient quelque peu selon les cépages, et qui motivent
une taille plus ou moins longue de ceux-ci.
L’ébourgeonnement s’effectue lorsque les jeunes
pousses ont 5 ou 6 centimètres de long. Il consiste à supprimer, en les
décollant, les pousses inutiles, c’est-à-dire :
— sur la branche de charpente, celles nées sur le vieux
bois, sauf cependant lorsqu’elles se trouvent à un endroit où l’on peut s’en
servir pour rajeunir ou remplacer un courson ;
— sur les coursons, les pousses qui ne portent pas de
raisins et ne sont pas destinées à servir de remplaçants. En général, après
l’ébourgeonnement, deux pousses subsistent sur chaque courson : celle née
de l’œil devenu terminal par la taille, qui porte les grappes, et la plus
rapprochée de la base du courson, qui doit remplacer celui-ci.
Le pincement s’effectue, plus tard, sur les
pousses conservées qui sont donc, soit des bourgeons à fruits, soit des
remplaçants, soit encore des prolongements de branches de charpente.
Le bourgeon à fruit est pincé, avant floraison, à une ou
deux feuilles au-dessus de la deuxième grappe (fig. 1).
Le bourgeon de remplacement, ordinairement plus lent à se
développer parce que moins favorisé par la sève, est pincé un peu plus tard, à
40 ou 50 centimètres de longueur. Quant au bourgeon de prolongement, qui
termine la branche de charpente, on ne le pince que lorsqu’il a atteint, selon
la vigueur du cep, 80 centimètres à 1 mètre de longueur.
À la suite du pincement se développent, à l’aisselle des
feuilles conservées, des bourgeons anticipés, vulgairement appelés entre-cœurs.
Ceux-ci seront, au fur et à mesure de leur apparition, radicalement supprimés.
Aussitôt le pincement on attache, à l’aide de jonc ou de
raphia, les bourgeons dans la position où ils doivent rester. C’est l’accolage.
Cette opération doit être précédée de l’enlèvement des
vrilles qui, s’accrochant aux lattes ou autres supports se trouvant à leur
portée, maintiennent les bourgeons dans de mauvaises positions et les exposent
à être brisés au cours de l’accolage.
Quelques arboriculteurs spécialistes pratiquent sur
la vigne l’incision annulaire, qui consiste à enlever, au-dessous de la
grappe la plus inférieure, sur le bourgeon à fruit, un anneau d’écorce de 3 millimètres
environ de largeur (fig. 2). Cette opération a pour but de retenir la sève
élaborée dans la portion terminale du bourgeon, de façon à en faire profiter
exclusivement les grappes. Elle se fait à l’aide d’instruments spéciaux,
appelés inciseurs, le plus souvent après la floraison et alors que le
bourgeon qui porte les grappes est à demi lignifié. Son résultat étant de
fortifier le bourgeon incisé aux dépens du végétal tout entier, on doit
s’abstenir de l’effectuer lorsque le bourgeon à fruit est destiné à servir
également de bourgeon de remplacement.
L’effeuillage est aussi pratiqué de façon assez
courante pour les vignes de treille, notamment dans le Nord, où le soleil fait
parfois défaut à l’arrière-saison et ne permettrait d’obtenir qu’une maturation
incomplète. On le fait en deux ou trois fois ; le premier effeuillage est
fait au début d’août, par temps couvert, et ne décache que partiellement les
grappes ; le second est fait quand le raisin commence à s’éclaircir :
on enlève alors les feuilles avoisinant les grappes ; enfin, le troisième,
plus sévère, se fait à l’approche de la complète maturité, pour les raisins qui
doivent être consommés immédiatement, et permet d’obtenir des grappes bien
dorées sur toutes les faces si l’on prend soin de les retourner en faisant
subir une légère torsion à la rafle.
Le ciselage est aussi quelquefois effectué dans le
but d’obtenir des grappes plus régulières. On le fait lorsque les grains
atteignent la grosseur d’un grain de chènevis, en enlevant, de préférence, ceux
qui se trouvent vers l’intérieur, ainsi que les grains déformés.
Bien entendu, il ne faut pas négliger les traitements
insecticides et anticryptogamiques, dont le nombre et la nature peuvent varier
beaucoup selon les conditions climatériques et la variété.
E. DELPLACE.
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