Accueil  > Années 1948 et 1949  > N°629 Juillet 1949  > Page 555 Tous droits réservés


Le « CHASSEUR FRANÇAIS » sollicite la collaboration de ses abonnés
et se fait un plaisir de publier les articles intéressants qui lui sont adressés.

Soins d’été aux treilles

On sait que les raisins naissent sur les pousses de vigne en cours d’accroissement, développées sur des rameaux de l’année précédente, sous certaines conditions qui varient quelque peu selon les cépages, et qui motivent une taille plus ou moins longue de ceux-ci.

L’ébourgeonnement s’effectue lorsque les jeunes pousses ont 5 ou 6 centimètres de long. Il consiste à supprimer, en les décollant, les pousses inutiles, c’est-à-dire :

— sur la branche de charpente, celles nées sur le vieux bois, sauf cependant lorsqu’elles se trouvent à un endroit où l’on peut s’en servir pour rajeunir ou remplacer un courson ;

— sur les coursons, les pousses qui ne portent pas de raisins et ne sont pas destinées à servir de remplaçants. En général, après l’ébourgeonnement, deux pousses subsistent sur chaque courson : celle née de l’œil devenu terminal par la taille, qui porte les grappes, et la plus rapprochée de la base du courson, qui doit remplacer celui-ci.

Le pincement s’effectue, plus tard, sur les pousses conservées qui sont donc, soit des bourgeons à fruits, soit des remplaçants, soit encore des prolongements de branches de charpente.

Le bourgeon à fruit est pincé, avant floraison, à une ou deux feuilles au-dessus de la deuxième grappe (fig. 1).

Le bourgeon de remplacement, ordinairement plus lent à se développer parce que moins favorisé par la sève, est pincé un peu plus tard, à 40 ou 50 centimètres de longueur. Quant au bourgeon de prolongement, qui termine la branche de charpente, on ne le pince que lorsqu’il a atteint, selon la vigueur du cep, 80 centimètres à 1 mètre de longueur.

À la suite du pincement se développent, à l’aisselle des feuilles conservées, des bourgeons anticipés, vulgairement appelés entre-cœurs. Ceux-ci seront, au fur et à mesure de leur apparition, radicalement supprimés.

Aussitôt le pincement on attache, à l’aide de jonc ou de raphia, les bourgeons dans la position où ils doivent rester. C’est l’accolage.

Cette opération doit être précédée de l’enlèvement des vrilles qui, s’accrochant aux lattes ou autres supports se trouvant à leur portée, maintiennent les bourgeons dans de mauvaises positions et les exposent à être brisés au cours de l’accolage.

Quelques arboriculteurs spécialistes pratiquent sur la vigne l’incision annulaire, qui consiste à enlever, au-dessous de la grappe la plus inférieure, sur le bourgeon à fruit, un anneau d’écorce de 3 millimètres environ de largeur (fig. 2). Cette opération a pour but de retenir la sève élaborée dans la portion terminale du bourgeon, de façon à en faire profiter exclusivement les grappes. Elle se fait à l’aide d’instruments spéciaux, appelés inciseurs, le plus souvent après la floraison et alors que le bourgeon qui porte les grappes est à demi lignifié. Son résultat étant de fortifier le bourgeon incisé aux dépens du végétal tout entier, on doit s’abstenir de l’effectuer lorsque le bourgeon à fruit est destiné à servir également de bourgeon de remplacement.

L’effeuillage est aussi pratiqué de façon assez courante pour les vignes de treille, notamment dans le Nord, où le soleil fait parfois défaut à l’arrière-saison et ne permettrait d’obtenir qu’une maturation incomplète. On le fait en deux ou trois fois ; le premier effeuillage est fait au début d’août, par temps couvert, et ne décache que partiellement les grappes ; le second est fait quand le raisin commence à s’éclaircir : on enlève alors les feuilles avoisinant les grappes ; enfin, le troisième, plus sévère, se fait à l’approche de la complète maturité, pour les raisins qui doivent être consommés immédiatement, et permet d’obtenir des grappes bien dorées sur toutes les faces si l’on prend soin de les retourner en faisant subir une légère torsion à la rafle.

Le ciselage est aussi quelquefois effectué dans le but d’obtenir des grappes plus régulières. On le fait lorsque les grains atteignent la grosseur d’un grain de chènevis, en enlevant, de préférence, ceux qui se trouvent vers l’intérieur, ainsi que les grains déformés.

Bien entendu, il ne faut pas négliger les traitements insecticides et anticryptogamiques, dont le nombre et la nature peuvent varier beaucoup selon les conditions climatériques et la variété.

E. DELPLACE.

Le Chasseur Français N°629 Juillet 1949 Page 555