Mémento du chasseur.
— Chasse de saison. — Chasse des oiseaux de
mer et de marais. Chasse de tous gibiers dans le Midi, où l’ouverture se fait
en août. Chasse des cailles aux appelants. Capture des ortolans de passage à
partir de la mi-août. On peut surprendre quelques canepetières par les chaleurs
de la fin août.
Influences à connaître. — Fortes chaleurs :
le lièvre cherche partout l’ombre et les terrains frais. La perdrix se tient
dans les couverts de 10 à 4 heures et s’y laisse facilement aborder. La
caille, qui s’abrite dans les sarrasins, les friches, les éteules herbues, les
petits buissons et jusque dans les vignes, est paresseuse à sortir et ne va pas
remiser loin. Le faisan se cache dans les taillis épais, dans les grandes
herbes des lieux marécageux. Pendant les grandes chaleurs du mois d’août, les
oiseleurs prenaient autrefois beaucoup d’oiseaux dans leurs tendues aux
abreuvoirs. Aujourd’hui, le chasseur peut encore y faire quelques beaux coups
de fusil sur les ramiers et tourterelles, lorsque la chasse est ouverte. Les
fortes chaleurs, en desséchant la terre, la rendent impropre à conserver le
sentiment du gibier ; elles sont très défavorables pour la chasse au chien
courant. Lorsque les fortes chaleurs ont asséché les marais de l’intérieur, les
parties mouillantes, les oiseaux de marais gagnent la mer et apportent beaucoup
de variétés dans la chasse des grèves.
Pluies : en août, les pluies n’ont généralement pas
assez de durée pour modifier les habitudes que le gibier a prises pendant
l’été. Si, par exception, elles persistaient pendant plusieurs jours, le gibier
sortirait du couvert, mais sans s’écarter beaucoup de ses cantonnements
habituels. Les pluies en toutes saisons noient le fumet et empêchent les chiens
d’en assentir. Pendant les grandes chaleurs, elles ont, en plus, l’inconvénient
de faire sortir du sol des exhalaisons qui neutralisent l’odeur laissée par les
animaux de chasse.
Vents : d’Ouest-Sud-Ouest ou Sud, défavorables pour la
chasse au chien courant ; d’Est et du Nord, favorables. Passage des
chevaliers par le vent du Sud.
Rut, parade, etc. : les chevreuils commencent à
s’apparier. La plupart des oiseaux migrateurs se réunissent en bandes et
viennent aux appelants, notamment les cailles qui donnent lieu, dans le Midi, à
une chasse fructueuse. Les canepetières vivent encore en famille, et c’est le
seul moment où elles se tiennent dans les couverts.
Gîtes du lièvre en temps de chasse. Particularités.
— Ces particularités sont nécessairement plus ou moins temporaires et
locales. Classées par régions : Nord de la France, Centre et pays
accidentés, Midi, et par grandes périodes : ouverture et mois de
septembre, octobre et arrière-saison ; elles peuvent cependant fournir
quelques bonnes indications.
Nord de la France : temps sec et chaud :
betteraves, luzernes, pommes de terre, buissons et autres couverts conservant
la fraîcheur.
Temps pluvieux : terrains incultes, chaumes défrichés
et raies de chaumes non encore défrichés, bords des couverts.
Centre et pays accidenté : temps sec et chaud :
plaine regains, trèfles et luzernes à graine, sarrasins, betteraves, champs de
choux, de rutabagas, pommes de terre touffues, étroubles, buissons, prairies
basses et leurs rigoles. Montagne : pois de loup, orge et avoine encore
sur pied, ronces traînantes, haies vives, couverts des vallons profonds, pommes
de terre touffues, taillis et sapinières humides.
Temps pluvieux : plaine : prairies et terrains
incultes à touffes de mauvaises herbes, betteraves et pommes de terre claires,
buissons en terrains secs et tas de pierres, raies de chaumes de bois ou de
seigle. Montagne : revers des côtes, vieilles carrières et vieilles vignes
abandonnées, grandes herbes, pommes de terre, buissons, bois de pins ou de
sapins clairs.
Midi de la France : temps sec et chaud : sarrasins,
avoines encore sur pied, luzernes, betteraves, pommes de terre, couverts
quelconques des vallons ombreux et frais, des marécages asséchés, landes
touffues, coupes de deux ou trois ans dans les dunes. Temps pluvieux :
endroits secs rocailleux, peu couverts, les moins exposés aux vents de pluie.
Migration. — Oiseaux en mouvement de départ,
pendant la première quinzaine : becfigue, chevalier cul-blanc, chevalier
guignette, rossignol.
Pendant la seconde quinzaine : bécassine ordinaire,
becfigue, caille, chevalier cul-blanc, chevalier guignette, coucou, linot,
loriot, ortolan, pie-grièche, pluvier, pluvier guignard, tourterelle.
En août, le mouvement de départ des oiseaux migrateurs
s’établit d’une façon régulière.
Conseils du mois. — Faites l’ouverture avec le
fusil rayé d’un côté pour le tir à plombs. Vos chances de réussir seront
doubles, surtout si vous n’êtes qu’un tireur de force moyenne.
Le faucon, animal utile !
— À l’appui de la thèse soutenue par le Dr J. S ...
dans Le Chasseur Français de décembre, voici le résultat de quelques
observations personnelles :
« Depuis 1944, il m’a été donné de voir chaque année, à
l’époque de la reproduction, un couple de faucons pèlerins dans une falaise du
littoral nord de la péninsule bretonne et, cette année-là, ce sont les cris de
colère et d’effroi poussés par les choucas qui m’avaient mis sur la piste des
rapaces. Ayant réussi, après de patientes recherches, à localiser l’endroit où
les pèlerins avaient établi leur aire, je constatai qu’il y avait en cet endroit
de la falaise de nombreux cadavres de corvidés déchiquetés. J’ai pu constater,
après de nombreuses observations, que ces accipitres se nourrissaient
principalement de freux et de choucas, quelquefois de mouettes, mais rarement.
Et, dans les nombreuses plumées de victimes découvertes sur la falaise, je n’ai
jamais trouvé une seule fois en quatre ans trace de plumes d’oiseau gibier, ni
de volailles, quoique à moins de 1 kilomètre de cette falaise se trouve
une petite ferme dont les poules courent en liberté dans la lande.
» Assez surpris par ces constatations, j’en ai fait
part à un ami, ornithologue des plus distingués, qui me déclara avoir depuis
longtemps fait les mêmes observations, et qu’il estimait quant à lui que la
mauvaise réputation faite au pèlerin était injustifiée.
» Je ne prétends pas que le faucon ne commet jamais de
dégâts, mais, d’après ce que j’ai pu voir, je pense qu’en s’attaquant aux becs
droits nuisibles, ennemis des levrauts et des perdreaux, le faucon sauve
davantage de gibier qu’il n’en détruit pour se nourrir. Du reste, dans de
nombreux pays d’Europe — Danemark, Hollande, Allemagne, Autriche et
Norvège, — la destruction de cet oiseau est interdite.
Henri D ..., abonné (Nantes).
Les cailles empoisonneuses.
— Le Chasseur Français a rendu compte, il y a
quelque temps, des recherches faites à l’Institut Pasteur d’Algérie, dirigé par
M. le Dr Edmond Sergent, au sujet des cailles qui ingèrent
impunément de fortes quantités de graines de ciguë fraîches alors que les
chiens, à qui l’on fait manger la chair des oiseaux ainsi nourris, peuvent
présenter des signes d’intoxication.
Dans la Creuse, toutes les caractéristiques d’un
empoisonnement par la ciguë, après absorption des cailles, se manifestèrent
chez un lecteur du Chasseur Français et furent confirmées par le
médecin.
L’immense diffusion du Chasseur Français a permis à
l’Institut Pasteur d’Algérie de recevoir sur le même sujet un volumineux
courrier, dont une communication du Dr Chassaing, de Brive (Corrèze),
faisant connaître qu’après l’ingestion de cailles deux personnes présentèrent
des accès de suffocation intenses qui les forcèrent à s’aliter. En même temps,
apparurent sur tout le corps des plaques rougeâtres accompagnées de très fortes
démangeaisons. Ces accidents s’arrêtèrent assez vite. Ces symptômes rappellent
ceux qu’on a décrits dans l’empoisonnement par l’Œnanthe, autre ombellifère que
la ciguë, très vénéneuse et dont le principe toxique se trouve dans toutes les
parties de la plante. Plusieurs espèces d’Œnanthes sont assez communes dans le
Massif Central.
J. BONNET, abonné de Constantine,
Le fou de Bassan.
— Surnommé ici « le guillou », le fou de
Bassan est l’indicateur précieux des bancs de sardines pour les pêcheurs,
lorsque ces poissons se tiennent très aux large de nos côtes, et par conséquent
difficiles à repérer. Son utile concours dans ces circonstances compense,
d’après la majorité des opinions, la destruction qu’il accomplit par nécessité
vitale. Les gens de mer disent qu’il ingurgite une quantité considérable de
sardines et, lorsqu’il en a englouti plus que de raison, il ne peut reprendre
son vol qu’après digestion, au moins partielle ; mais, même dans cet état,
sa capture est difficile, car il plonge à de grandes profondeurs pour échapper
à ceux qui le pourchassent. Les pêcheurs estiment que chacun de ces oiseaux
s’octroie plus de 20.000 sardines, sans compter les maquereaux et autres
poissons, pendant la période de pêche, qui dure l’été seulement dans notre
région côtière vendéenne ; on dit qu’il plonge « en piqué »
d’une hauteur de 30 à 40 mètres pour saisir un poisson.
F. TEXIER, abonné, à Croix-de- Vie (Vendée).
La Chasse dans le Pas de Calais.
— Notre département n’a pas la réputation d’une région
particulièrement giboyeuse. Depuis la libération du territoire, la chasse en
plaine a perdu une partie de son intérêt, par suite de la diminution croissante
des compagnies de perdreaux gris. Le lièvre n’est pas abondant, et, dans
l’ensemble, les tableaux de chasse n’ont guère été brillants au cours de la
saison 1948-1949.
La chasse au bois a cependant permis d’enregistrer des
résultats encourageants. Grâce au piégeage et à la répression du braconnage, la
forêt de Boulogne, qui s’étend jusqu’à Desvres, la forêt d’Hesdin et celle de Guines
se sont repeuplées assez rapidement.
Les garennes du Pas-de-Calais, et plus spécialement celles
qui s’étendent entre Etaples et le cap Gris-Nez, sont demeurées une région
privilégiée pour les disciples de saint Hubert. Les dunes sauvages, couvertes
d’oyats, d’arbres verts et de buissons épineux, constituent un terrain de
chasse idéal. L’air vivifiant et iodé que vous respirez à pleins poumons, le
vent frais qui fouette le visage et le panorama qui s’étend à vos pieds, du
haut des dunes, font du littoral un véritable paradis des amis de la nature.
Certes les garennes sont surtout riches en lapins, dont la
chair est d’ailleurs peu comestible ; mais il est une chasse captivante,
qui, lorsqu’elle est fructueuse, vous fait oublier les fatigues de la journée,
celle de la bécasse. Au mois d’octobre, en effet, les bécasses, descendant
d’Angleterre, commencent à arriver dans les garennes, et nombreuses sont celles
qui, épuisées par un long voyage, se réfugient dans les massifs d’arbres verts
ou les buissons, et y séjournent quelque temps avant de reprendre un nouvel
essor vers le Sud.
Les passages ont été peu abondants au cours de l’automne
1948. Quelques coups heureux ont été réussis à la fin d’octobre, mais le
passage a été de courte durée, il a fallu attendre plusieurs semaines pour voir
réapparaître encore quelques bécasses.
M. CLERET, abonné. Le Touquet-Paris-Plage.
Records de migrateurs.
— Le journal France-Soir relatait sous ce titre
« Suisse-Maroc » les exploits d’un rouge-gorge qui aurait, selon ce
journal, battu le record de la distance. En effet cet oiseau, bagué par la
station ornithologique de Pully, près de Lausanne, a été capturé par un enfant
à proximité du poste de Béni-Ouli (Maroc), franchissant ainsi 1.600 kilomètres.
Or je tiens à vous signaler que, dans les derniers mois de
l’année 1938, si ma mémoire est fidèle, un habitant du village de Tivarello
(Corse), situé à 18 kilomètres de Bonifacio, m’a remis un rouge-gorge
bagué qu’il avait trouvé battant d’une aile au pied d’un poteau télégraphique.
Grâce au Chasseur Français, qui publiait à cette
époque la liste des stations ornithologiques, il me fut facile d’identifier la
station de l’île d’Heligoland, laquelle fut informée aussitôt de cette
intéressante trouvaille.
Si donc l’on compare les distances parcourues respectivement
par ces deux volatiles, on constate que c’est le rouge-gorge d’Heligoland qui
détient le record avec 2.000 kilomètres, et non pas celui de Pully.
Musso, abonné, Notaire à Bonifacio.
Les grues et le vol à voile.
— « Il arrive fréquemment, lors du passage des
grues, de voir ces oiseaux cesser tout à coup leur vol rectiligne et tournoyer
longtemps au même endroit, comme s’ils avaient perdu le sens de leur
direction. » Le 25 mars dernier, une trentaine de grues passaient
au-dessus de moi à faible hauteur, 50 mètres à peine, et je pouvais
distinguer parfaitement leurs longues pattes allongées et dépassant la queue.
Elles se dirigeaient vers le nord-est, en formation habituelle, c’est-à-dire en
file formant par moment le V. Brusquement, elles cessèrent de battre des ailes
pour planer en décrivant des orbes. J’allai chercher mes jumelles et pus les
observer durant environ un quart d’heure, pendant lequel elles ne donnèrent
aucun coup d’aile ; leurs ailes restaient étendues comme font les buses.
Le rayon des orbes semblait assez faible, 50 à 100 mètres.
» Et voici ce que je pus constater au bout de ce quart
d’heure : l’altitude des oiseaux était passée à environ dix fois ce
qu’elle était au début, soit 500 mètres. Les oiseaux avaient dérivé à
l’est avec le vent qui soufflait de l’ouest, et ceci, à une distance d’environ
2 kilomètres. Ils reprirent ensuite la direction du nord-est en vol ramé
et en formation.
» Les connaissances que nous avons acquises par la
pratique du vol à voile nous permettent de faire des rapprochements avec le vol
de certains oiseaux. Dans le cas présent, il n’y a pas de doute que les grues
fatiguées, rencontrant un courant ascendant, incliné, en raison du vent,
d’ouest en est, en avaient profité pour reprendre de l’altitude sans fatigue.
Ce fait doit se produire assez souvent au cours de leur long voyage. »
P. CHAVENON, Villeneuve (Aude).
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